Retombées du discours présidentiel : Divorce FCC-CACH consommé

Le divorce. C’est le moins que l’on puisse retenir du message du chef de l’État à la nation, dimanche 6 décembre. À l’issue de deux années d’une coalition tumultueuse au sommet de l’État, Félix Tshisekedi a résolu de tourner la page, prendre une nouvelle direction et gouverner autrement le pays. Sans pressions ni injonctions. Mais cette rupture avec son prédécesseur, Joseph Kabila, intervient dans un contexte tendu entre le FCC et le CACH, deux plateformes d’une coalition au pouvoir dont les membres ne regardent plus dans la même direction. Pour s’affranchir de cette pesanteur politique, Tshisekedi a sollicité et obtenu le soutien massif d’une large frange de la population à travers les consultations qu’il a lui-même initiées. « Je vous ai consulté et vous m’avez parlé », a dit le chef de l’État au peuple. De tout ce qui lui été rapporté, individuellement ou collectivement, il se dégage une large convergence de vues au niveau national sur les questions essentielles. Tshisekedi en a retenu 7 points, à savoir la paix et de la sécurité ; le renforcement de la démocratie et de l’Etat de droit ; l’organisation des élections crédibles dans le délai constitutionnel ; l’indépendance et la bonne administration de la justice ; la promotion de l’émergence d’un Congolais nouveau en investissant davantage dans le capital humain ; l’emploi et une vraie perspective de vie à la jeunesse ; et la promotion des droits de la femme. 

C’est une annonce « choc » de la fin d’un week-end politiquement agité. D’un ton grave, ferme et avec des gestuels à la mesure de la délicatesse de la situation socio-politique et sécuritaire du pays, le président de la République Félix-Antoine Tshisekedi a annoncé, dimanche 6 décembre 2020, avoir décidé de nommer un informateur. Ce dernier aura comme mission constitutionnelle d’identifier une nouvelle majorité à l’Assemblée nationale afin de pouvoir mettre en œuvre les nouvelles réformes envisagées par le cinquième président de la RDC.

En un mot comme en mille, il s’agit de la rupture tant attendue par la population lassée par un mariage improductif, deux ans durant, avec en toile de fond des querelles intermittentes.

Le divorce entre Félix Tshisekedi et son prédécesseur, Joseph Kabila, intervient dans un contexte tendu entre le FCC et CACH, deux plateformes formant jusqu’avant cette grave et courageuse décision, la coalition au pouvoir.

Et les mots pour l’exprimer ont été bien choisis par le chef de l’État dans son adresse de près de 30 minutes à la nation. Félix Tshisekedi n’est pas allé par le dos de la cuillère pour fustiger publiquement le plan de blocage dans un partenariat aux contours flous et sans franchise. « Ce gouvernement ne me permettait plus de mettre en œuvre le programme pour lequel vous m’avez élu », a lâché le président de la République.

Sa décision est motivée. Il assure l’avoir prise à la suite des conseils des Congolais de tous bords qu’il a reçus tout au long des dernières semaines dans le cadre des consultations qu’il a lui-même initiées.

Pour bien des observateurs, la décision prise par Félix Tshisekedi va certainement bouleverser les équilibres politiques qui étaient jusque-là en place. Et d’ailleurs, pour la cause de son peuple, le successeur de Joseph Kabila est prêt à tout. Sans tergiverser, il a promis que si le futur informateur échoue dans sa mission de dénicher une majorité, il n’hésitera pas de « prendre ses responsabilités ».

Le scénario vécu hier dimanche à Kinshasa, avec des manifestations spontanées, de liesse populaire dans plusieurs quartiers, atteste combien la courageuse décision prise par le chef de l’État était attendue. La patience a été longue face au bras de fer à lui engagé par le Front commun pour le Congo. Comment Joseph Kabila et ses caciques vont-ils alors réagir ? La question n’intéresse guère les Congolais qui attendent et espèrent finalement vivre les retombées de l’alternance intervenue au sommet de l’État en décembre 2018.

Le Potentiel/Acturdc.com

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