Kinshasa : le Gouvernement écartelé entre deux impératifs

D’un côté, l’inévitabilité d’un confinement total, de l’autre, la nécessité absolue d’apprêter des mesures d’encadrement adéquates pour assurer notamment la survie de la population. La République démocratique du Congo vient de franchir le cap de 100 patients atteints par le coronavirus. Selon les statistiques de l’Institut national de recherche biomédicale (INRB), diffusées hier le 1er avril dernier, le nombre de cas est passé de 109 à 123 personnes, disséminées à travers quatre provinces du pays : Kinshasa, Ituri, Nord-Kivu et Sud-Kivu. Au regard de la gravité de la situation, avec 11 décès enregistrés depuis l’entrée du Covid-19 en RDC le 10 mars, le Gouvernement est écartelé entre deux impératifs : l’inévitabilité d’un confinement total et la nécessité absolue d’apprêter des mesures d’encadrement adéquates pour assurer notamment la survie de la population.

Face aux médias le mardi 24 mars dernier, Dr Jean-Jacques Muyembe Tamfum tirait déjà la sonnette d’alarme. Lors de sa toute première conférence de presse qu’il a tenue dans le nouveau bâtiment de l’INRB, le Coordonnateur du Secrétariat technique du Comité multisectoriel de lutte contre le coronavirus a reconnu que la pandémie tant redoutée est bel et bien déjà à Kinshasa. En témoignent les statistiques de son institution qui faisaient état de 45 cas attestés, dont trois décès et un patient guéri. Cantonnée jusque-là dans la capitale, et particulièrement dans trois communes (Gombe, Kintambo et Kinshasa), la pandémie prend de l’ampleur aujourd’hui. Le nombre de patients a quasiment doublé en une semaine et la maladie continue à se propager dans les provinces, de l’est essentiellement. A ce jour, outre Kinshasa, le Covid-16 a gagné le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, ainsi que la province de l’Ituri.

LES MESURES DRASTIQUES S’IMPOSENT

A l’allure où vont les choses, les mesures drastiques s’imposent. Elles sont impérieuses pour limiter la portée de la propagation du virus, fait remarquer Dr Jean-Jacques Muyembe. Ayant fait ses preuves dans la lutte contre une dizaine d’épidémies de la maladie à virus Ebola, le scientifique congolais recommande, de prime abord, des mesures d’hygiène et, dans un bref délai, le confinement progressif. Un cantonnement qui commencerait par la commune de la Gombe, épicentre de la pandémie en RDC.

Abondant dans le même sens, le Gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila, avait jugé opportun de décréter le plus vite possible un confinement total dans la capitale. Le jeudi 26 mars dernier, l’autorité provinciale est passée aussitôt dans les médias locaux pour annoncer cette mesure qui devrait entrer en application le samedi 28 mars. Mais, la panique que cette annonce a provoquée auprès de Kinois, a occasionné embouteillages, bousculades, surenchère… dans les lieux des négoces de la ville le vendredi 27 mars, poussant le Gouverneur à reporter sine die cette mesure.

DES MESURES D’ACCOMPAGNEMENT IDOINES

Soutenu toutefois par quelques partis politiques et des forces vives de la Nation, le confinement total de Kinshasa s’avère impérieux aujourd’hui. Ce, d’autant qu’il faut restreindre le taux de contamination dans une mégapole populeuse de plus de 12 millions de personnes.

Néanmoins, une telle décision fait appel à des mesures d’accompagnement idoines, adaptées aux réalités locales. Autant le confinement total est inévitable, autant les mesures d’encadrement s’avèrent une nécessité absolue, étant donné qu’il incombe au Gouvernement de donner à la population des garanties de survie, de sécurité… au moment où il lui demande de rester à domicile. Ce, de peur de déclencher des tensions difficilement gérables.

ALIMENTER KINSHASA PAR LE KWILU ET LE KONGO CENTRAL

Au parfum de cette double contrainte, le Gouvernement multiplie ces derniers jours des réunions pour peaufiner ces mesures d’encadrement. Hier mercredi 1er avril, le Premier ministre a présidé la troisième réunion consécutive de la commission chargée de s’assurer de l’approvisionnement des grands centres urbains en denrées alimentaires de première nécessité. L’occasion a été propice pour Sylvestre Ilunga Ilunkamba de faire le point sur cette question essentielle, en vue de parer à toute éventualité.

« Les membres de cette commission ont passé en revue diverses possibilités. Ils se sont accordés sur la solution qui consiste à alimenter Kinshasa à partir des provinces du Kongo Central et du Kwilu », souligne à cet effet le ministre de l’Agriculture, Jean-Joseph Kasongo Mukuta, porte-parole de cette commission.

Forumdesas.org/Acturdc.com

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