Retour dans le temps: Lundi 11 Juillet 1960

Alors que les congolais étaient encore dans l’effervescence de l’indépendance, Moïse Kapenda Tshombe, appuyé par la Belgique, déclare l’indépendance du Katanga le lundi 11 juillet 1960.

Qui est Moïse Kapenda Tshombe?

Très connu sur le nom de Tshombe, Moïse Kapenda est l’ainé de onze enfants de Joseph Kapenda Tshombe, un homme d’affaires lunda.

Né à Musumba (dans l’actuelle province du Lualaba), après l’école primaire chez les missionnaires américains, il étudie ensuite la comptabilité.

Dans les années 1950, il développa une chaîne de magasins au Katanga, et s’impliqua en politique, fondant le parti CONAKAT aux côtés de Godefroid Munongo, Kibwe, Mwanke, Mawawa… prônant un Katanga indépendant.

L’indépendance du Katanga

Aux élections législatives de 1960, le CONAKAT prit le contrôle de la province du Katanga. A l’indépendance du Congo Belge, Tshombe et le CONAKAT déclarèrent la sécession de la province du reste du Congo le 11 juillet 1960.

De graves troubles ethniques éclatèrent alors. les Katangais se mirent à chasser les immigrés kasaïens, de l’ethnie luba, que l’administration coloniale avait fait venir pour travailler dans les mines.
Il y eut de nombreux morts.

En août 1960 Tshombe est élu président du Katanga.

Certains analystes pensent que Tshombe a fait sécession parce qu’il n’était pas dans le gouvernement de Lumumba. Souhaitant la continuation des liens privilégiés avec la Belgique et notamment avec l’Union minière du Haut Katanga, Tshombe demanda au gouvernement belge une aide pour constituer et former une armée katangaise, et reçut un soutien important de l’ancienne métropole coloniale, conduisant à une détérioration notable des relations entre le nouvel état indépendant du Congo et le gouvernement belge.

La France voulant profiter elle aussi de minerais katangais, envoie à Moïse Tshombe le renfort du mercenaire Bob Denard et de ses hommes.

En réponse, le Premier ministre Patrice Lumumba et son successeur Cyrille Adoula demandèrent de leur côté l’intervention des forces des Nations unies pour préserver l’unité du Congo. Les Nations Unies répondirent favorablement à cette demande.
Les 12 et 13 janvier 1961, une mutinerie militaire éclate dans la ville, pour des raisons financières. C’est la panique à Léopoldville.

L’affaire Lumumba

Au nom du collège des commissaires, Kandolo insiste auprès du président Tshombe pour que Lumumba soit transféré au Katanga après son arrestation.

L’ambassadeur belge au Congo, Dupret, en informe son gouvernement.

À cette période, le gouvernement congolais et le gouvernement katangais sont encore en négociation et se sentent tous les deux menacés par Lumumba et ses partisans.
Le gouvernement katangais est ainsi à cette date en proie à des attaques des troupes lumumbistes dans le Nord-Katanga.
Une action commune contre Lumumba est donc dans leur intérêt commun.
Le gouvernement congolais livre finalement son prisonnier au gouvernement katangais de Moïse Tshombe le 17 janvier 1961.
Il meurt le même soir, entre 21h40′ et 21h43′ d’après le rapport d’enquête belge.

Tshombe refuse d’assumer le décès de Lumumba affirmant, d’une part qu’il ne savait rien du transfert de Lumumba vers le Katanga, et d’autre part que son prisonnier est mort lors d’une tentative d’évasion.
Concernant la première affirmation, la commission d’enquête belge de 2001 est formelle: « Il y a trois déclarations du 18 janvier qui contredisent la version de Tshombe».
Pour la commission, Tshombe a bel et bien donné son accord au transfert de Lumumba sur son territoire. Elle cite en particulier une déclaration officielle katangaise confirmant l’accord du gouvernement sécessionniste.

Concernant la seconde affirmation de Moïse Tshombe sur son absence d’implication dans la mort de Lumumba, la commission d’enquête indique d’abord : « Il apparaît que la reconstitution détaillée et illustrée des faits de ce 17 janvier est aléatoire».
Mais elle considère que plusieurs faits sont assez précis.

Il est possible « que le président katangais ait participé aux sévices, même si aucune source ne le prouve. Il semble hors de question qu’il n’ait pas vu les prisonniers dans la maison Brouwez, au moins lors du départ des prisonniers vers le lieu d’exécution.

La décision de Tshombe de l’exécution de Lumumba est donc certaine pour la commission.

Lumumba et ses campagnons vont être tués par balle, en présence du président Tshombe et de plusieurs de ses ministres. Lumumba meurt en dernier.

La fin du règne de Tshombe

Peu après la mort de Lumumba, les relations sont rompues entre les gouvernements congolais et katangais et la guerre reprend.

Les Nations Unies mirent deux ans à reprendre le contrôle du Katanga pour le compte du gouvernement congolais. En 1963, la prise du Katanga par les forces des Nations Unies contraint Moïse Tshombe à l’exil vers la Rhodésie du Nord (actuelle Zambie), et plus tard vers l’Espagne.

En janvier 1964, il prend contact avec une revue belge. Tshombe remet à Pierre Davister à Madrid le récit signé et paraphé à chaque page pour confirmation sur l’assassinat de Lumumba.
La revue paraît le vendredi 31 janvier mais est immédiatement retirée par l’autorité belge des kiosques et des librairies pour cause d’affront à un président d’un pays ami.

Le Grand retour: la primature du Congo réunifié

En 1964, il retourna au Congo pour prendre part à un nouveau gouvernement de coalition en tant que Premier ministre. Il prit la décision d’expulser de Kinshasa les Congolais de Brazzaville.
Il négocia avec la Belgique la question de la répartition entre les deux pays de la charge des dettes publiques et le sort des participations dans les compagnies minières et autres sociétés coloniales.
Il fut démis un an plus tard par le Président Joseph Kasa-Vubu.
En 1966 Joseph Mobutu, qui avait évincé Kasa-Vubu un an plus tôt, accusa Tshombe de trahison.
Celui-ci prit de nouveau la fuite pour l’Espagne.

Le déclin et décès

En mars 1967, un tribunal congolais le condamne à mort par contumace lors du procès Tshipola pour avoir proclamé la sécession du Katanga, avoir aliéné l’indépendance économique du pays lorsqu’il était Premier ministre en signant les accords réglant le contentieux belgo-zaïrois, avoir constitué une armée de mercenaires, avoir maintenu la subversion dans les unités katangaises de l’Armée nationale congolaise en vue de renverser le nouveau régime.

Le 30 juin 1967, le jet dans lequel il voyageait est détourné vers l’Algérie. Bernardin Mungul Diaka, ambassadeur à Bruxelles, a sans doute reçu pour mission de l’organiser quoique toujours à demi-mot, il l’admettra plus tard de l’organiser.

Considéré comme le meurtrier de Lumumba, Tshombe est placé en résidence surveillée par le pouvoir algérien de Houari Boumédiène. Le régime de Mobutu demande son extradition refusée par Boumédiène qui déclare préférer un procès international.
En juin 1969, toujours privé de liberté, il meurt en Algérie, officiellement d’une crise cardiaque.

ActuRdc.com

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