Ce vendredi 7 juin 2024 a été marqué, à Kinshasa, par le lancement officiel du projet dénommé “Pour Elles : Sport et Culture”. C’est une initiative d’Expertise France, une ONG qui fait partie du groupe Agence Française de Développement (AFD) qui finance le projet. Dans la commune de Bandalungwa, au terrain Allemagne, la fête était presque totale pour les habitants qui ont vu plusieurs autorités et corps diplomatiques venir donner le go de ce si vaste projet qui fait une belle part aux femmes et filles dans le sport et la culture.
En partenariat avec les acteurs congolais qui œuvrent déjà dans ce secteur, l’AFD mettra en place plusieurs espaces, non seulement pour le football mais aussi pour toutes celles qui font d’autres sports et qui sont dans le secteur de la culture. Dans son mot, le ministre de la communication et médias, et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a vanté le mérite de la RDC, « pays de la masculinité positive qui démontre par les actes que les femme peuvent apporter leur pierre à la construction du pays ».
En plus de Patrick Muyaya, le ministre sortant des sports et loisirs, Kabulo Mwana Kabulo, quelques députés provinciaux, des conseillers communaux, l’ambassadeur de France en RDC, des bourgmestres ont pris part à ce lancement officiel de ce projet qui est mis en exécution par la France et la RDC. Plusieurs artistes et sportifs ont assisté, non sans faire des démonstrations sportives pour les uns et des prestations artistiques pour les autres.
Le projet proprement dit
Le projet “Pour Elles : Sport et Culture” vise à favoriser l’accès aux pratiques culturelles et sportives pour les femmes et les jeunes filles en RDC. Kinshasa est le début de ce chemin aussi laborieux qu’ambitieux. Quatre (4) communes sont concernées pour un début : Bandalungwa, Lingwala, Kimbanseke et N’sele. Ce projet prévoit de rénover des espaces, dans son volet infrastructures adaptées et inclusives, pour que les filles puissent y accéder par rapport afin de briser les freins constatés par rapport à l’accessibilité.
Des terrains seront rénovés, réhabilités en terrains multisports dans ces quatre communes. C’est à dire qu’ils ne seront pas seulement réservés au football mais aussi pour des sports collectifs comme le rugby, le volleyball, le handball, le basketball, les arts martiaux. Il y aura également des espaces de jeux pour les enfants pour que ça puisse être intergénérationnel avec les plus petits et les plus âgés.
A chaque fois, des espaces sanitaires et des vestiaires seront également construits. Aussi des espaces culturels pour que ces terrains de proximité soient complets pour la pratique des habitants qui habitent tout autour. Également des bibliothèques pour leur permettre d’accéder à la culture et au sport de là où ils habitent.
La mise en place de ces terrains sera couplée avec une autre activité culturelle. Le projet interviendra dans deux établissements culturels qui sont l’académie des beaux-arts pour les résidences pour les jeunes femmes et impliquer aussi plus de filles dans le cursus artistique. Et la rénovation des œuvres du sculpteur Alfred Liyolo qui sont dans le domaine public, cela avec le Musée National de la RDC.
Le projet travaillera de façon précoce en mobilisant les communautés qui sont autour des terrains de proximité pour avoir des comités de gestion mixtes et paritaires en vue de permettre, dans la durée, de préserver ces espaces. Le projet créera une collection micro folie, un musée numérique pour que les œuvres d’art des artistes femmes congolaises puissent être accessibles au plus grand nombre de congolais sur le territoire et rayonner à l’international.
Les espaces réaménagés permettront également aux acteurs de la société civile déjà actifs dans ces coins de pouvoir faire leurs activités.
L’objectif est d’attirer les filles particulièrement à la pratique des sports, de leur donner des opportunités de trouver des terrains, des lieux où elles peuvent s’épanouir car il leur a manqué ces genres d’infrastructures depuis des années.
« Le troisième axe qu’on ajoute à ce projet, c’est la construction d’un institut national des sports pour accroître la qualité de nos formateurs, c’est pour les sportifs de haut niveau. D’ici le début de l’année prochaine, il faut que ce centre devienne opérationnel. Nous pourvoyons ces terrains pour que chacune qui a la volonté et qui tient à se développer, de venir exposer son talent, l’améliorer pour l’intérêt de la RDC », a indiqué Kabulo Mwana Kabulo.
Ce projet qui a coûté 10 millions USD que la France a donnés comme don, sera en étroite collaboration avec les écoles et le système éducatif en général pour former les futures générations dans la pratique du sport et de la culture. La livraison des terrains est prévue en 2025.
« Dès cet été, nous serons en échange avec des comités techniques autour des terrains qui sont prévus dans le projet, et avec les deux établissements culturels, pour avancer sur les plans et sur les projets finaux de ces rénovations pour que d’ici la fin de l’année, on ait des plans prêts et qu’on début 2025, on entame les travaux. Au courant de 2025, les différents travaux pourront être livrés et au fur à mesure, inaugurer ces terrains ou les établissements culturels », a assuré Florence Douaze-Bonnet, Cheffe du projet « Pour Elles : Sport et Culture ».
Avoir des modèles
Plusieurs stéréotypes ont été étudiés dans le cadre de ce projet pour aboutir à la création, au final, des espaces. Expertise France avec les acteurs congolais dans les deux secteurs concernés ont retenu comme solution, l’inexistence ou l’insuffisance des modèles pour les femmes dans les domaines de la culture et du sport.
D’où, pour ce lancement, une artiste peintre et 4 sportives ont été invitées à la cérémonie pour prendre la parole et partager leurs expériences. Parmi elles, Marcella Sakombi est boxeuse qui a été plusieurs fois médaillée et est qualifiée pour les Jeux Olympiques de Paris en juillet prochain. Aussi Naomie Katota qui est en pleine formation pour devenir coach de Taekwando. Celle-ci est femme mariée, mère de deux enfants. Naomie pense même que « le sport lui a permis de s’imposer là où les hommes ne sont pas imposés ».
Sarah Masamba est Karatéka depuis son plus jeune âge. En plus d’exprimer sa grande satisfaction d’avoir ces nouveaux espaces d’expression, elle veut casser les préjugés sur le sport pour les femmes.
« Les stéréotypes du genre à dire que les sports de combats sont destinés aux garçons sont faux. Moi, j’ai fait plus de 20 ans dans cette discipline qui est le Karaté et ça n’a jamais mon côté femme, je n’ai jamais dévié, je ne suis jamais allée dans la délinquance. Au contraire, avec le sport, il y a des valeurs qu’on cultive comme le respect, la confiance en soi, la maîtrise de soi et tant d’autres », a souligné la Karatéka à
Pour sa part, l’artiste peintre Géraldine Tobe pense qu’il faut régulièrement organiser des activités pour donner de l’élan aux femmes.
« Il faut régulièrement faire des activités avec les femmes pour mettre en valeur leurs créations artistiques. Ce n’a pas été facile pour moi de me retrouver dans le milieu d’hommes dans l’art. Grâce à mon travail de qualité, réfléchi et bien construit, ça m’a permis d’être respecté au milieu des hommes », a-t-elle affirmé.
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