Les vaccins anti-Covid de la RDC redirigés vers d’autres pays

Alors que les autorités congolaises ne font guère d’efforts pour procéder à la vaccination de leurs citoyens contre le Covid-19, 1,3 million de doses de vaccin, sur les 1,7 million reçues par la RDCongo, vont être redirigées vers d’autres pays africains. Demandeurs, ceux-ci.

L’Afrique est un des continents les moins touchés par la pandémie de coronavirus chinois, à l’exception de la Tunisie, du Maroc, de l’Afrique du Sud et de l’Egypte. Peut-elle pour autant se passer de vacciner ses citoyens? Non, répondent les spécialistes, parce que l’on craint que, dans ce cas, elle devienne le berceau de nombreux variants, comme on l’a vu pour les pays qui ont négligé la menace avant de devoir faire face à un grand nombre de malades et de décès (Brésil, Royaume Uni, Inde).

Alors que seuls 2% des vaccinations mondiales ont eu lieu en Afrique, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), fait pression sur les gouvernements des pays riches pour un partage des vaccins disponibles avec les pays les plus pauvres, grâce au programme Covax. La RDCongo a été inscrite sur la liste des bénéficiaires de ce programme (qui bénéficient gratuitement des doses) pour recevoir 5,9 millions de doses de vaccin.

Le « flop » du lancement du programme

Les autorités congolaises ont choisi AstraZeneca parce que ce vaccin est le plus facile à transporter et conserver dans un pays en manque d’infrastructures. Le 2 mars, Kinshasa a reçu 1,7 million de doses et a annoncé le début des vaccinations pour le 15 mars. Entretemps, cependant, ont été révélés des cas de rares thromboses liés à l’utilisation de ce vaccin; dans la plupart des pays, la vaccination s’est poursuivie avec ce produit, moyennant une attention particulière aux cas à risque. Les autorités congolaises, elles, ont tout arrêté – au grand dam de certains pays fournisseurs, qui s’étaient privés de doses pour les offrir au Congo et voyaient celui-ci refuser de les utiliser alors qu’eux-mêmes en avaient toujours besoin.

Finalement, est annoncé le début des vaccinations pour le 19 avril, lors d’une cérémonie en grande pompe, en présence du président Félix Tshisekedi, de plusieurs ministres et autorités. Le 19 avril, toutefois, le Président ne s’est pas déplacé (il se dit qu’il agit ainsi en conformité avec les croyances des évangélistes de son entourage, anti-vaccins pour « ne pas aller contre la volonté de Dieu »), ni les autorités annoncées, à l’exception du ministre de la Santé du gouvernement Ilunga sortant, le Dr Eteni Longondo (UDPS). Le lancement de la vaccination, du coup, fut un « flop ». Dans de nombreux pays, la vaccination publique des chefs d’Etat et/ou de gouvernement a joué un grand rôle pour rassurer la population.

Vente de doses gratuites

Mais ce lancement raté de la vaccination n’est pas le seul problème. En effet, alors que les vaccins, donnés au Congo, doivent être injectés gratuitement aux Congolais, plusieurs centres de vaccination obligent le candidat à la vaccination à se soumettre à un examen médical facturé, selon les endroits, de 45 à 65 dollars. D’autres font payer 25 dollars/pièce la certification de la vaccination, soit 50 dollars pour prouver qu’on est bien vacciné.

Malgré le peu de succès de la vaccination (9693 injections entre le 19 avril et le 13 mai pour les provinces de Kinshasa, Haut-Katanga, Nord- et Sud-Kivu), les autorités congolaises n’ont pas encore ouvert celle-ci aux autres personnes que les plus de 55 ans et celles atteintes de co-morbidité. Malgré leurs efforts soutenus, les autres candidats à la vaccination se voient refuser celle-ci. Le gouvernement Sama Lukonde ne fait rien pour accélérer le mouvement.

Or, le lot de 1,7 million de doses sera périmé le 24 juin. Inquiètes à la perspective de telles pertes, l’OMS et l’Unicef (agence de l’Onu pour l’enfance) ont donc décidé de rediriger 1,3 million de ces doses vers d’autres pays, notamment le Ghana et l’Angola, demandeurs de vaccins.

Afrique.la libre.be/acturdc.com

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