Justice : Vital Kamerhe encourt jusqu’à 20 ans de prison s’il est définitivement reconnu coupable

Le Directeur de cabinet de Félix Tshisekedi est écroué à la prison centrale de Makala depuis le mercredi 08 avril 2020. Sa détention provisoire est une décision du procureur général près la Cour d’Appel de Kinshasa/Matete à l’issue d’une audition de près de 5 heures au cours de laquelle le président de l’UNC a été sommé à 51 questions.

Vital Kamerhe est soupçonné par la justice congolaise de malversations dans la gestion du « programme de 100 jours » du Chef de l’état. Du côté de l’UNC, on dénonce une humiliation du leader et une manipulation politicienne en vue de l’écarter de la présidentielle de 2023. L’UDPS, parti au pouvoir et partenaire avec l’UNC dans la coalition CACH, se dédouane de cette affaire en laissant « la justice faire son travail ».

Que reproche-t-on finalement à l’époux de Hamida Chatur ?

Le procureur général fonde sa conviction sur base des indices sérieux de culpabilité. Le Dircab de Félix Tshisekedi est soupçonné de plusieurs détournements de fonds affectés aux travaux de sauts de mouton et logements sociaux. Avant la mise en œuvre du gouvernement de coalition FCC-CACH, c’est Vital Kamerhe qui coordonnait les dépenses sur le programme des 100 jours du Chef de l’Etat.

Si Vital Kamerhe est incarcéré à Makala, c’est après recoupement des dossiers et éléments auprès des personnalités impliquées dans cette affaire, notamment l’interpellation en début de l’année de David Blattner, DG de Safricas Congo. Aux fautes de gestion, l’on reproche au Dircab des « écarts considérables entre des montants annoncés et payés » dans le cadre de passation des marchés publics.

Logements sociaux, sauts de moutons et autres malversations

Selon RFI, Vital Kamerhe est soupçonné d’avoir surfacturé les montants, notamment dans la livraison des logements sociaux préfabriqués. Sous la Coordination du Directeur de cabinet, l’administration de Félix Tshisekedi avait décidé de commander 600 logements supplémentaires pour un montant d’environ 57 millions de dollars à la Samibo Congo Sarl du libanais Jammal Samih, alors que sous Joseph Kabila, le prix de 900 logements était de quelques 26 millions de dollars à la même société.

Un fossé considérable qui a révélé des systèmes de « rétro-commission ». Jammal Samih, lui-même, n’aurait pas pu justifier l’utilisation de près de la moitié des sommes versées par l’État sur son compte à la Rawbank. Un paiement validé par la direction de la Banque avec la bénédiction de Vital Kamerhe. L’audition a porté également sur la question des sauts de mouton dont l’arrêt avait suscité beaucoup de réactions et d’interpellations en cascade. À cela s’ajoutent des soupçons sur un marché des produits pharmaceutiques, des infrastructures en provinces, notamment au Sud-Kivu et au Kasaï Central. Une source proche du parquet confie à Actu RDC que l’audition de Vital Kamerhe a gravité autour de 370 millions de dollars et que ses enfants n’auraient pas chacun moins de 10 millions USD dans son compte au Liban.

Un signe révélateur d’une relation entretenue entre le dircab et le libanais Jammal Samih. Selon les sources du parquet, Vital Kamerhe est un administratif, donc justiciable comme tout le monde. Il ne jouit donc pas de privilèges de juridictions. Il pourra être jugé soit par un Tribunal de Grande Instance soit par la Cour d’Appel et il encourt 20 ans de prison s’il est définitivement reconnu coupable lors d’un éventuel procès.

Lévi Kilungulungu / Acturdc.com

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