Discours de Tshisekedi: les consultés ont-ils demandé la fin de l’accord FCC-CACH dont ils ne savent pas le contenu ?

Le chef de l’Etat congolais a annoncé ce dimanche 6 juillet 2020 la nomination d’un informateur, en vue d’identifier une nouvelle majorité parlementaire, pour la formation d’un nouveau Gouvernement « d’union sacrée ». Selon lui, les acteurs socio-politiques qu’il a écoutés lors de ses consultations du 2 au 25 novembre ont en grande majorité, soutenu la fin de la coalition FCC-CACH.

Plusieurs réactions sont tombées après ce discours, à l’instar du tandem Bemba-Katumbi qui sans surprise soutien la démarche du chef de l’Etat; ou encore celui de Muzito-Fayulu qui estime qu’il est inconstitutionnel de nommer un informateur alors qu’un Gouvernement est déjà en place.

Cependant, il est non sans raison de se demander ce que contient l’accord FCC-CACH qui a donné lieu à cette coalition. Car, avant que les consultés par Tshisekedi ne rejettent la coalition, ils devraient d’abord savoir ce que les parties prenantes se sont convenues, pour savoir celle qui n’a pas respecté ses engagements.

En effet, l’Ordonnance n° 19/056 du 20 mai 2019 portant nomination d’un Premier ministre, fait explicitement référence à l’accord FCC-CACH. « Vu l’accord politique entre les Forces politiques membres du Cap pour le Changement (CACH); et celles du Front Commun pour le Congo (FCC) en vue de la formation d’un Gouvernement de coalition; représentatif de ces deux regroupements politiques… » dit l’Ordonnance signée par Tshisekedi, que nombreux considèrent qu’elle a donné une valeur juridique à cet accord.

Gouvernement incapable ou Décisions unilatérales ?

Pour motiver sa décision, le Chef de l’Etat affirme que le Gouvernement de Sylvestre Ilunga n’a pas permis de de mettre en œuvre le Programme pour lequel il (Tshisekedi) a été porté à la magistrature suprême ; et d’autres part, il n’a pas été capable de répondre aux aspirations du peuple congolais.

Mais ici encore, le Chef de l’Etat a tout faux. Car, c’est ce même Gouvernement qui a mis en œuvre sa décision de gratuité de l’enseignement, même si elle est actuellement butée à des grands obstacles, notamment le non-paiement de certains enseignants NU. Au-delà de plusieurs autres actions entreprises, même si le fossé reste immense, le chef de l’Etat ne peut soulever des actions que son Programme a prévues, avec les moyens conséquents, et qui n’ont pas été mises en œuvre par le Gouvernement.

D’ailleurs, faut-il rappeler, tout semblait bien aller entre le Président et son Gouvernement, depuis la mise en place du Gouvernement jusqu’en juillet dernier, lors qu’il a effectué des nouvelles nominations au sein de l’Armée et la Justice. En effet, même si la prérogative lui est dévolue par la Constitution, son accord signé avec le FCC prévoirait qu’il y ait consultation entre les deux parties avant ce genre de nomination. Conscient de cela, le chef de l’Etat a préféré envoyer le Premier ministre, dont le contreseing est requis, en mission à Lubumbashi.

Beaucoup pensent que le fait que Sylvestre Ilunga ait désapprouvé ouvertement ces nominations, ait été le début de la mésentente entre lui et son chef, et non l’incapacité du Gouvernement qu’il dirige. Car il faut le rappeler, le Gouvernement est composé des membres aussi bien du FFC que ceux du CACH. Dès lors, si les Ministres FCC n’auraient pas voulu accompagner le chef de l’Etat dans son programme, ceux de CACH auraient pu le faire, ce qui n’est pas le cas jusqu’ici.

Le chef de l’Etat chercherait donc à avoir la main sur tout et sur tout le monde, à être accepté et suivi par tous. Ce qui motiverait son attitude à ne pas supporter de contradiction : « il considère le boycott d’une cérémonie de prestation de serment des juges par les Présidents des deux chambres du Parlement, comme une crise persistante entre le Gouvernement et le Parlement. »  

Mais dans un pays qui se veut démocratique, beaucoup considèrent que la contradiction ne peut être évitable. « C’est la coalition qui pose problème ou ce sont certains individus qui veulent avoir plus de pouvoir que les autres ? » pense un acteur politique, qui pense que le chef de l’Etat devrait accepter la réalité lui imposée par les électeurs de 2018; comme il l’a plusieurs fois reconnu, au lieu d’un « retour à la case de départ » qui ne vise encore une fois que le partage des postes.

Laprunelle RDC/Acturdc.com

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