Corruption : Les documents de souveraineté sont toujours monnayés malgré l’interprétation du Chef de l’État (constat)

Lors d’un conseil des ministres, le Chef de l’État Félix Tshisekedi n’a pas caché son ras-le-bol au sujet de la délivrance des actes dans l’administration. Un déséquilibre vécu au quotidien par les citoyens.

 « Il est donc inadmissible que la délivrance des documents qui matérialisent l’autorité de l’État (passeports, imprimés de valeur de souveraineté, titres académiques et scolaires, les documents relevant de l’identification des véhicules – permis de conduire, des personnes et des biens et autres imprimés de valeur) devienne une question de mois, voire d’années », avait déploré Félix Tshisekedi.

Cette déclaration du Président Tshisekedi a mis le curseur malheureusement sur les mauvaises pratiques qui gangrènent l’administration. Il ne suffit pas d’être sorcier pour s’en convaincre.

 Tenez ! En 2021, Ambroise, 50 ans révolus, congolais vivant aux Etats-Unis, désire investir dans le pays. La porte d’entrée, c’est le guichet unique de création d’entreprise, censé délivrer au bout de 3 jours ou tout au plus une semaine, le numéro du registre et du crédit mobilier RCCM en sigle.

Mais après délai, seul le numéro RCCM est octroyé. Les autres documents qui accompagnent selon la loi, eux ne sont pas délivrés. Il s’agit de l’identité nationale et du numéro d’impôt. Là commencent des va et vient entre le secrétariat général à l’Economie et l’administration de l’impôt.

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« Si vous voulez aller vite, il faut bien parler (corrompre) », explique son interlocuteur rencontré au secrétariat général.

Ici, tout agent est facilitateur, on ne vous indiquera pas le service habilité. Contrainte de séjour étant, Ambroise a dû payer une seconde fois pour une procédure déjà entamée. Anaclet, lui, est médecin. Il a ouvert une clinique, et pour fonctionner, il a besoin d’un avis favorable de l’inspection provinciale de la santé.

« Ce document vous ne pouvez pas l’avoir avant 3 mois », lui signifie un inspecteur de la santé.

« Mais si vous motivez, on peut vous le livrer endéans 3 jours », balance le même inspecteur la cinquantaine révolue vêtu d’un ensemble jeans bleu et basket blanc aux pieds, bien élégant cet avant-midi pluvieux. Il fournit toutes les assurances au jeune médecin pour le convaincre, ne lui laissant aucun choix de conscience. Les frais requis avoisinent mille dollars américains, à cela ajouter la motivation de tous les intervenants dans la chaine ; c’est le double du montant que Anaclet finit par débourser.

Enfin, Manix est résidant au Canada. Profitant de ses vacances à Kinshasa, il désire renouveler son passeport congolais. Mais les formulaires de réquisition sont introuvables, tantôt c’est la connexion internet qui n’est pas fiable. Un cocktail de prétextes, car en définitive, il sera emmené à motiver les agents commis. Il répartira au bout de 30 minutes avec un rendez-vous de retrait le jour suivant.

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La liste des abus de corruption est longue dans toute l’administration publique. Et comme l’a dénoncé le Chef de l’Etat, les actes identitaires qui garantissent la jouissance et l’exercice des droits et libertés des citoyens, sont monnayés à outrance.

Le sens du service public est inexistant. Interrogés à ce sujet, certains agents justifient leurs pratiques par les nouveaux effectifs non payés, le manque de transparence dans le prix des documents, l’absence d’éthique, la léthargie dans la valorisation de carrière des agents, et le détournement.

Certes, le régime a affiché sa volonté de lutter contre la corruption en créant une agence thématique et en renforçant le rôle de l’Inspection Générale des Finances (IGF), mais il reste que pour bien combattre ce phénomène, une sensibilisation s’impose à travers les médias, dans les écoles et universités, et dans tous les services publics de l’Etat./mediascongo.net

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