Union sacrée : le capitaine Fatshi saura-t-il maintenir la barque

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Ce n’est qu’un secret de Polichinelle : la ruée de certains caciques du régime de Joseph Kabila vers l’Union sacrée, la nouvelle barque du président Félix Tshisekedi, n’est pas du tout une bonne nouvelle. Joseph Kabila est d’ailleurs visiblement en repli tactique à Lubumbashi où il organiserait une contre-attaque. Sa barque à lui, le FCC, qui a clairement perdu certains de ses membres, est en train de tanguer au grand plaisir du nouveau chef de la RDC.

Comme je l’ai dit plus haut, la transhumance politique vers le camp de Tshisekedi n’est pas une bonne nouvelle pour les Congolais qui espèrent voir quitter la scène certains vieux politiciens qui, selon le défenseur des droits humains Hubert Tshiswaka, sont l’image du mensonge, de la corruption, de la méchanceté humaine.

Ngoyi Kasanji, Lambert Mende et les autres ! 

Le passage dans l’autre camp de certaines figures très kabilistes comme l’ancien ministre de la Communication Lambert Mende ou l’ancien gouverneur du Kasaï-Oriental Ngoyi Kasanji interroge sur l’avenir de l’Union sacrée vivement souhaitée par Félix Tshisekedi. Peut-on les prendre au sérieux, les considérer comme sincères, quand ils disent avoir répondu à un appel « républicain » ?

Autrement dit : que faut-il craindre après ces changements de camps assez spectaculaires pour certains acteurs politiques qui auront finalement mangé à toutes les sauces, de Mobutu à Tshisekedi en passant par l’opposition sous Etienne Tshisekedi ? Cette dernière question me semble intéressante, et c’est elle que je m’en vais clarifier ici.

Il me semble que si Felix Tshisekedi ne prend pas garde, il l’apprendra à ses dépens. Il risque, en effet, très rapidement d’assister à une implosion de l’Union sacrée, contre lui-même qui veut se défaire de la kabilisation à outrance du Congo. En effet, à ce jour, même des agents au sein des niveaux les plus bas de l’administration publique sont soit du parti de l’ancien président Joseph Kabila, soit d’autres partis alliés de ce dernier.

Le système Kabila

Se défaire d’un tel système est une entreprise qui demande des énergies, plusieurs énergie et non des manœuvres politiciennes. L’appel à l’Union sacrée, en effet, a donné l’impression que le président Tshisekedi a compris cela. Et il est resté le seul à en avoir la maîtrise du contenu et des contours. C’est d’ailleurs pour cela que les opposants Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi, attirés par le caractère tranché et vraisemblablement clair du discours de rupture du président avec le FCC de Kabila,  sont allés vers Tshisekedi.

Avec eux, et avec Bahati Lukwebo nommé informateur pour identifier une nouvelle majorité, le président Tshisekedi, semble tenir une possibilité de mettre « KO » ses adversaires. Mais, à condition qu’il pioche dans la majorité de Kabila. Une majorité fragile, constituée en partie de nombreux « petits » partis aux petits députés et ministres « aigris » comme l’aura reconnu l’Anadef du vice-ministre Aggée Matembo. Une majorité kabiliste qui ne semble pas encore avoir entièrement perdu.

Et si cette transhumance politique à laquelle on assiste était une stratégie des kabilistes fidèles jusqu’au bout ? Leur objectif serait alors clairement de faire éclater de l’intérieur cette union sacrée. Le danger serait alors de voir sauter, sinon éclaboussé et ridiculisé le maître de l’Union sacrée.

Le capitaine Fatshi à bord…

A moins qu’en stratège, comme il semble encore demeurer celui qui sait ce que c’est cette « union » et où elle va, Tshisekedi se montre plus fûté encore. Déjà, preuve de ces doutes, Bemba et Katumbi sont allés récemment demander des clarifications au président sur ses intentions et sa vision. Ils auraient voulu – on l’entend de plus en plus dans les analyses -, voir tenir loin de cette union les kabilistes qu’ils sont décidés à affaiblir.

Bemba a passé 10 ans en prison à la CPI, pour des crimes commis par ses troupes en Centrafrique. Ses proches restent convaincus que c’est Joseph Kabila, dont il a été le vice-président, qui l’avait livré. Quant à Moïse Katumbi, il est clair que Joseph Kabila lui a refusé le droit de participer à la présidentielle de 2018 pour le punir de l’avoir quitté en 2015.

Habarirdc.net/acturdc.com

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