Jusqu’où iront la Banque Centrale du Congo (BCC) et la Banque Internationale pour l’Afrique au Congo (BIAC) en liquidation dans le bras de fer qui les oppose? Alors que l’on croyait que l’Ordonnance N°183, rendue par le Conseil d’État en date du 16 décembre 2020 avait définitivement clos le débat, les tiraillements sont loin de se terminer.
Le gérant désigné par la plus haute Cour administrative du pays pour sauvegarder le patrimoine de la BIAC, Jean-Pierre Pfingu Nsuami, reproche au Gouverneur de la BCC, Déogratias Mutombo Mwana Nyemo, d’avoir tenu des propos diffamatoires à son égard et menace de le traduire en justice.
La BCC a du mal à avaler la suspension par le Conseil d’État, de ses décisions de mise en dissolution forcée, de liquidation forcée et de désignation du liquidateur de la BIAC.
Décidément déterminé à ne pas collaborer avec le Gérant désigné en vertu de l’Ordonnance n°183, le Gouverneur Déogratias Mutombo a, dans un communiqué dit « d’alerte », publié le 12 février 2021, notamment contesté la validité des actes posés par l’intéressé et invité le public à la prudence.
Réponse du berger à la bergère, Jean-Pierre Pfingu Nsuami a, dans une mise au point publiée le 16 février 2021, rétabli ce qu’il présente comme des vérités que le gouverneur de la BCC préfère passer sous silence.
« Je viens de prendre connaissance dans la presse et les réseaux sociaux de votre communiqué du 12 février 2021, par lequel vous alertez le public en général et les anciens clients, travailleurs et autres personnes engagées dans la BIAC sur l’illégalité de ma désignation en qualité de gérant du patrimoine de cette société et du manque de transparence de notre installation à cette fonction », lui a-t-il écrit, en guise d’entrée en matière.
Le Gérant de la BIAC en vertu de l’Ordonnance n°183 du Conseil d’État a résumé ses vérités au Gouverneur de la BCC en quatre points que nous présentons intégralement ici.
- Je ne suis pas actuellement gérant du patrimoine de la BIAC du fait de mon initiative ni celle des actionnaires de la BIAC mais en vertu de l’Ordonnance N°183 rendue par le Conseil d’État en date du 16 décembre 2020.
- J’ai été ainsi désigné par le Conseil d’État en qualité d’expert non pas pour jouer le rôle du liquidateur comme semble l’affirmer votre communiqué au public mais pour tenter de sauvegarder le patrimoine de la BIAC en attendant la convocation d’une Assemblée générale des actionnaires de cette société devant pourvoir à la désignation du liquidateur.
- Le Conseil d’État m’a désigné intuitu personae et cette désignation n’engage pas directement l’Ordre national des experts comptables, ONEC, dont je suis membre et non Vice-président, le Conseil d’État ayant d’ores et déjà reçu notre requête en rectification quant à ce.
- La Banque centrale refuse d’exécuter l’Ordonnance du Conseil d’État qui a retiré la gestion de la BIAC aux liquidateurs que vous avez désignés pour des raisons que vous connaissez.
Après ces vérités, le Gérant de la BIAC en vertu de l’Ordonnance N°183 du Conseil d’État a tenu à faire savoir au Gouverneur de la BCC qu’il a tout faux.
« En omettant de mentionner les faits précités, votre communiqué tend ainsi à faire passer dans l’opinion que je suis un imposteur dangereux, travaillant contre les intérêts des anciens clients, travailleurs et autres personnes engagées dans la BIAC alors que mon rôle décidé par le Conseil d’État, à travers son Ordonnance ci-dessus évoquée est de sauvegarder leurs intérêts », a asséné Jean-Pierre Pfingu Nsuami.
Il invite Déogratias Mutombo à attaquer éventuellement les décisions du Conseil d’État devant d’autres instances judiciaires et à cesser de jeter du discrédit sur sa personne devant l’opinion publique.
Du coup, le Gérant de la BIAC dit qu’il se « réserve le droit de saisir les instances judiciaires pour tous les propos diffamatoires », qui ont été tenus, d’après lui, à son égard dans le communiqué du gouverneur de la Banque Centrale du Congo.
Voici les deux communiqués.
Alternance.cd/acturdc.com