Plusieurs centaines de jeunes ont menacé vendredi de se faire justice eux-même face au groupe armé des ADF accusé du massacre de centaines de civils à Beni dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), où l’armée affirme avoir tué huit miliciens. Dans un mouvement rare, plusieurs centaines de jeunes, armes blanches à la main, ont manifesté vendredi dans et hors de la ville de Béni, se rendant jusqu’en brousse pour tenter de pourchasser les miliciens des Forces démocratiques armées (ADF).
Armés de machettes, de haches, d’arcs et de flèches, ou encore de lances et de bâtons, près de 300 jeunes, dont certains portaient amulettes et gris-gris, sont sortis du centre-ville pour traquer, disaient-ils, les ADF dans leur fief en brousse, en forêt et dans la jungle environnante.
« Nous aussi, on va les massacrer! », a déclaré à l’AFP Fiston Isambiro, de l’organisation « Véranda Mutchanga », un groupe de pression de la communauté Nande, l’une des plus importantes de cette partie de la province du Nord-Kivu, frontalière de l’Ouganda.
Lors de leur marche en forêt, les protestataires n’ont croisé aucun membre des ADF.
« Les organisateurs de cette marche ont pris des risques en se rendant dans la brousse », a déploré le porte-parole de la police de Beni, Nasson Murara.
L’armée congolaise a annoncé vendredi avoir tué huit membres présumés du groupe armé ADF.
Ces huit éléments ADF appartenaient au groupe qui avait massacré mardi 27 civils, a indiqué un porte-parole militaire local, le lieutenant Anthony Mualushayi, à l’AFP.
Les ADF sont à l’origine des rebelles musulmans ougandais opposés au régime de Yoweri Museveni, et installés depuis 1995 dans l’Est de la RDC, où ils ont pris souche depuis lors et vivent de petits trafics. Le 11 mars, les États-Unis ont placé ce groupe armé parmi les « groupes terroristes » affiliés à l’EI.
Ils sont accusés d’être responsables de la mort de plus de milliers de civils depuis le lancement d’une campagne sanglante en octobre 2014 dans la région de Beni et ses environs.
Ils ont tué 1.842 civils depuis avril 2017, d’après les experts du Baromètre sécuritaire du Kivu.
Les combattants ADF sont considérés actuellement comme les plus violents parmi la centaine des groupes armés actifs dans l’Est de la RDC. Leurs attaques touchent depuis quelques mois les territoires voisins d’Irumu et Mambasa, dans la province de l’Ituri.
Les Casques bleus des Nations unies disposent en théorie dans la région de Béni d’une Brigade d’intervention rapide (FIB), mais son efficacité est régulièrement mise en cause.
Depuis début 2021, plus de 25 villages ont été attaqués et plus de 200 personnes tuées en Ituri et dans le Nord-Kivu, selon le Haut-commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR).
Afrique.lalibre.be/acturdc.com