RDC : les parents kinois s’expriment sur la proposition de l’ASADHO et l’ODEP sur les réformes du secteur de l’éducation

L’Observatoire de la dépense publique (ODEP) et l’Association africaine de défense des droits de l’Homme (ASADHO) ont, dans le cadre des préparatifs de la Conférence nationale sur la reconstruction et l’émergence de la RDC, publié un document commun axé sur la réflexion à entreprendre pour construire un projet éducatif de décolonisation mentale et culturelle afin de créer les conditions du développement « indépendant, autocentré et autodéterminé » de la RDC.

D’après les informations recueillies par ActuRDC, ces organisations estiment qu’après 63 ans, le système éducatif congolais a fait faillite et proposent une réforme profonde. A Kinshasa, le Desk Femme a recueilli les points de vue des parents sur la pertinence de cette proposition.

« C’est un plaidoyer qui aujourd’hui est porté à un niveau plus haut. Chaque jour à Kinshasa, nous débattons de l’importance d’apporter des réformes au secteur de l’éducation en RDC. Je suis vraiment content de savoir que ce plaidoyer est porté au plus haut niveau. J’espère que les autorités accordent une importance capitale à cela», confie Joseph Bokanga, chauffeur de taxis sur le tronçon Boulevard-Huileries.

La proposition est également bien accueillie par Thérèse Kimotene, François Bulenga et Solange Tshibanda.

« Je pense que c’est une proposition qui tombe à point nommé. Quand nos jeunes qui obtiennent leurs diplômes d’Etat ne sont pas en mesure de défendre valablement ces diplômes, il y a clairement un souci au niveau de la qualité de l’enseignement reçu. Ces enseignements ne s’adaptent souvent pas aux réalités africaines, particulièrement congolaises. On se plaint que nos enfants ne répondent pas compétitivement. Le problème peut être ailleurs. Trouvons les remèdes et faisons avancer ce secteur. Nos jeunes sont l’espoir du Congo», souligne Thérèse Kimotene, agent au ministère des hydrocarbures.

François Bulenga, responsable d’un magasin d’accessoires téléphoniques puise l’intérêt des réformes dans les conflits armés en RDC.

« Aujourd’hui, le Congo fait face à une réalité: l’agression rwandaise dans la partie Est du pays. Il y a quelques mois, nous avons entendu un ministre de Kagame dire tout haut que certaines terres rwandaises avaient été données à la RDC, chose qui serait à la base du conflit qui persiste entre les deux pays. Ce sont des fausses allégations. Et si l’Etat congolais n’est pas en mesure de découdre ce mensonge, si nos enfants ne sont pas éduqués de manière à défendre à tout prix le sol congolais, si le système éducatif congolais n’est pas taillé à la dimension des neuf pays voisins, des guerres asymétriques, du scandale géologique que représente ce pays, et bien, nous aurons une descendance esclave sur ses propres terres. Je crois vraiment qu’il est temps de se poser les bonnes questions et refaire l’éducation en RDC», a-t-il expliqué.

A Solange Tshibanda, étudiante en deuxième Licence (LMD) médecine à l’Université Protestante du Congo (UPC) de renchérir, « j’ai l’impression que c’est un vent nouveau qui souffle sur la RDC. Au moment où nous parlons, dans presque tous les secteurs du pays, nous avons décelé les points qui ne marchent pas et nous voulons que cela change. Dans l’Armée, la Police, l’économie ou l’éducation, nous savons qu’il faut des réformes profondes pour faire avancer la République Démocratique du Congo».

Par contre Maryline Mantezolo et Maman Clotilde, vendeuses dans une maison d’habillement en ville ont proposé que des études soient faites pour aboutir à “des réformes de qualité” car, « la plupart des réformes proposées ne restent que sur le papier».

Il faut également noter que ASADHO et ODEP comptent notamment le manque d’un véritable projet national d’éducation pour le développement: un accroissement des effectifs des élèves sous la pression de la demande et de la poussée démographique , une augmentation parallèle du nombre d’enseignants, une infrastructure qui se dégrade de plus en plus, de moins en moins suffisante par rapport à la demande, une pénurie quasi permanente des moyens financiers et du matériel pédagogique, la baisse de la qualité de l’enseignement due aux causes ci-dessus, mais aussi à l’inadaptation des programmes et l’insuffisance de qualifications, la démobilisation et la démotivation des enseignants parmi les problèmes à résoudre.

La Conférence sur la reconstruction et l’émergence de la RDC va aboutir à la production d’un livre blanc contenant les réformes à mener pour propulser le développement du pays.