RDC : Le gouvernement veut récupérer l’argent « qui flotte chez les fictifs »

Des fonctionnaires qui signent juste la liste de présence et, au bout du mois, perçoivent leur salaire. D’autres, mangent simplement à tous les râteliers : ils sont payés dans plusieurs services de l’administration congolaise. La ministre de la Fonction publique qui est intervenue sur une radio locale a dévoilé son plan pour lutter contre ce phénomène qui fait perdre à l’Etat des ressources pouvant servir à améliorer des conditions salariales ceux qui travaillent réellement. « Après le 30 septembre, tous ceux qui ne sont pas dans la base des données ne vont plus exister. Tous ceux qui ont des numéros matricules doivent être déclarés », a annoncé hier, mardi 29 septembre, la ministre de la Fonction publique.

La patronne des ressources humaines de l’Etat congolais n’exclut pas « la possibilité de rallonger » ce délai qui expire d’ailleurs ce mercredi 30 septembre 2020. Pour la ministre, cet exercice permet « d’avoir un fichier maîtrisé pour le déclarer dans le budget 2021. » Mais pas seulement ! L’objectif, pour la ministre, c’est surtout de « mettre fin à cette histoire de monstre à plusieurs têtes. », a-t-assuré. « Il y a des doublons parfaits et imparfaits, des personnes qui sont payées dans plusieurs secteurs », a reconnu Yollande Ebongo.

Pour parvenir à ses fins, la ministre met en place une opération dénommée : « Frappe ». « J’ai mis en place [Opération] Frappe, qui est une Commission qui nettoie le fichier de l’Etat afin d’examiner, au cas par cas, les dossiers de NU [Nouvelles Unités] ». Une fois cette opération menée à bien, la ministre reste convaincue que « le traitement du fichier du personnel permettra au gouvernement de récupérer tout l’argent qui flotte chez les fictifs ». Et d’ici décembre, assure Yollande Ebongo, « j’aurai la maîtrise exacte de l’effectif des agents de l’État, grâce au fichier référentiel de l’administration publique. »

Il y a près d’une semaine, le président du comité de suivi de la bancarisation de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat en RDC, Jean-Louis Kayembe, avait reconnu que malgré les efforts d’assainissement qui ont permis d’élaguer plus de 25 000 fictifs, l’administration publique congolaise en compte encore.

La justice, de son côté, a lancé une enquête pour « mettre un terme au fléau » de la rémunération des fonctionnaires fictifs. Ce qui a coûté près de 260 millions de dollars (près de 220 millions d’euros) en huit ans au Trésor public, selon un document transmit le 9 septembre dernier par le parquet général près la cour d’appel de Kinshasa-Matete à l’inspection générale de la police.

La réforme de l’administration publique soutenue par la Banque mondiale devait mettre fin à ce phénomène d’agents fictifs. Mais cette réforme n’a pas permis d’« éradiquer 133 253 agents fictifs, auxquels s’ajoutent 43 253 doublons », estime ce document du parquet. « D’août 2011 à novembre 2019, la somme de 507,21 milliards de francs congolais [259,34 millions de dollars au cours actuel] » a été partagée « entre 50 personnes », conclut le parquet, sans préciser l’identité des suspects. Des chiffres que met e, doute Jean-Louis Kayembe, estimant que cela est loin de la vérité.

Digitalcongo.net/acturdc.com

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