Son zèle de flic le plus bavard et le plus exhubérant de l’histoire contemporaine tend à se tasser avec la succession de scandales financiers dans les hautes sphères fatshistes dont il est l’émanation. Le natif de Kiri dans le Maïndombe que la nature n’avait forcément pas gratifié d’attraction esthétique n’était encore qu’un obscure inspecteur des finances lambda lorsque Bruno Tshibala le nomma conseiller à la primature. Avec ce coup de vent dans ses voiles Jules Alingete expérimente les délices du pouvoir et comprend que son expertise financière peut lui apporter beaucoup plus qu’il n’en fallait. À l’avènement de l’UDPS au pouvoir, il puisa dans la poubelle du djalelo mobutien quelques recettes de flagornerie pour se rapprocher de l’alors Directeur de Cabinet adjoint du Chef de l’État en charge de l’économie et finances, Guylain Nyembo. C’est finalement au ministère de l’économie dirigé par la stagiaire Accacia Badumbola que Jules Alingete va être recommandé en qualité de Directeur de Cabinet adjoint. Pour taper dans l’œil de la nouvelle ministre, il complète le service après vente des 15 millions de dollars de retro-commission des pétroliers qui fit couler beaucoup d’encre et de salive déjà à l’époque.
Souvent consulté par le Dircaba Nyembo, il suggéra de faire de l’Inspection Générale des Finances le nouvel organe de répression du régime, en lieu et place de l’ANR de Kalev dont les méthodes coercitives n’étaient plus dans l’ère du temps. Pour Jules Alingete, le principal adversaire du régime étant la classe dirigeante regroupée au sein du FCC, il était de bonne guerre de les émasculer d’une part en dégarnissant leurs porte-monnaies connectés au trésor public, et d’autres part en demandant des comptes à ceux qui s’en étaient mis pleines les poches aux dépens des finances publiques. Alléché par les sirènes d’Alingete dont le physique à la Lombroso et le puissant organe nasal étaient de nature à se transformer en épouvantail des anciens dignitaires s’initiant à l’opposition politique, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo l’intrônisa Inspecteur Général des Finances, Chef de service.
LE PARCOURS MÉTÉOROLOGIQUE À L’IGF
Il y a trente ans, le Maréchal créait l’Inspection Générale des Finances. Ayant distribué des faveurs à ses courtisans, il craignait que l’effondrement annoncé de la Gécamine dont l’outil de production était frappé d’obsolescence n’emporte son régime vermoulu, surtout si certains de ses apparatchiks financièrement indépendants s’émancipent. Pour tenir en respect ses ouailles qui passaient à travers les mailles du filet de la Cour des comptes, l’IGF naquit. Né dans un contexte adultérin de régime oppressif, ce corps de métier a été remis au goût du jour par Jules Alingete, l’un des tout premiers à être enrôlés comme inquisiteurs des finances par le régime dictatorial de la deuxième République.
Alors que les inspecteurs du monde entier sont connus pour leur circonspection et leur concentration, aussitôt nommé, Jules Alingete passait le plus clair de son temps sur les plateaux de radio et de télévision en train de casser du sucre sur le dos des caciques du FCC. « Bétonné » avec un curieux rang de Ministre d’État contrairement à ses collègues inspecteurs généraux du travail, de la santé, de l’enseignement, de la territoriale, des transports, des mines, etc., Jules Alingete fut autorisé à disposer d’un cabinet politique de 120 membres, parmi lesquels les animateurs les plus en verve des médias mainstream (Israël Mutombo, Christian Bosembe, Pero Luwara, Denise Dusochoy Mukendi, Peter Tiani, etc.) qui chantent à longueur des journées ses louanges et font monter la clameur publique avec des ballons d’essai à la carte. Personne ne vérifiera la véracité des faits allégués par ces journalistes recrutés et payés par Apo Ipan, le cousin et conseiller en communication de Jules Alingete.
CARTES DE CRÉDITS CONNECTÉS AU COMPTE DU TRÉSOR PUBLIC
L’on se souviendra de cette rocambolesque affaire de cartes de crédit connectées au compte du Trésor dont seraient détenteurs les Minaku, Shadari, et autres Kikaya Bin Karubi… Ce dernier avait beau porté plainte pour tirer au clair cette infamante calomnie, il fut lui-même obligé de prendre le chemin de l’exil alors que d’autres qui étaient sur la même liste fuitée par Jules Alingete n’ont jamais été interpellés par la justice faute de preuves du canular de presse de l’Inspecteur Général des Finances, Chef de service le, plus politisé.
Deux poids, deux mesures. Jules Alingete est connu pour être aphone dans toutes les langues dans tous les scandales financiers mettant en cause l’Union sacrée de la nation. Qu’il s’agisse du péché originel du montage financier des palissades ou des 21.000 $ de députés nationaux, il ne faut pas compter sur Jules Alingete qui bottera à chaque fois en touche lorsque la question lui sera posée. Déchirant son diplôme d’économie obtenu à l’Université de Kinshasa de la belle époque, Jules Alingete s’est même porté garant de dépassements budgétaires qui battent des records planétaires dans toutes les institutions, en commençant par la présidence de la République. Que le Cabinet du Chef de l’État, qui coûtait 100 millions de dollars sous Kabila Joseph, coûte désormais 400 millions de dollars sous la dispensation de Félix-Antoine Tshisekedi au grand dam de la Loi des Finances n’a rien d’inquiétant pour Jules Alingete. Au contraire.
Le plus important pour Alingete et ses hommes n’est décidément pas de se pencher sur ce que Delly Sessanga appelle « la délinquance financière » du régime de Fatshi, mais d’exhumer des rapports infamant à charge contre les gestionnaires de l’époque Kabila afin de garnir en arguments de campagne la palette d’éléments de langage des communicateurs du régime. Grossomodo, Jules Alingete n’a jamais rien vu venir de détournements en millions de dollars des fonds publics devenus un sport national, sauf lorsqu’il s’agit de tourner en bourrique le Ministre de l’EPST Tony Mwaba avec qui il avait eu maille à partir dans le passé pour une affaire des « métisses ».
PROJECTION DANS LE FUTUR
Ceux qui connaissent Jules Alingete peuvent comprendre que son militantisme qui n’a jamais été pris à défaut commence déjà à attraper quelques rides. Combattu en interne par le premier cercle de Fatshi composé des Peter Kazadi et autres « mashi a mu menu », le bandundois pense désormais à ce dont sera faite sa future carrière politique. Son dernier voyage aux États-Unis lui a permi de comprendre à quel point le régime de Félix Tshisekedi est déjà conjugué à l’imparfait par les décideurs du pays de l’oncle Sam. À peine avait-il commencé à ouvrir la bouche pour parler de la lutte contre la corruption engagée par Tshisekedi Tshilombo qu’on lui opposa des scandales d’État que la presse d’investigation a reçu mission de commencer à dévoiler, en commençant par le cas de Vidiye Tshimanga. Mis au parfum de la fin prochaine du régime, Jules Alingete est rentré au pays pour tirer les derniers dividendes de sa fonction et planter le décor de son avenir politique. Ce serait déjà chose faite selon ses proches qui renseignent que l’homme au nez garni serait impatient de se voir déchargé de ses fonctions devenues encombrantes et compromettantes afin de filer la patate chaude à qui le Chef de l’État voudra. Selon nos sources donc, Jules Alingete lorgnerait déjà à l’horizon politique d’autres débouchés plantureux à défaut de se voir catapulter dans les institutions de Breton Woods comme lui promis dernièrement aux États Unis, s’il collaborait à fournir des preuves supplémentaires de la prédation des ressources de l’État par Félix Tshisekedi et les siens. Dossier à suivre…(nzambi sha ,ALINGETE ga tundu gene!)
Gizungu GIA phumba alias le Templier
Fait à Kinshasa, le 19 septembre 2022