L’arbitre Sama Lukonde avait lui-même sifflé la fin du match. Le voilà qui officie le temps additionnel. Certains férus du ballon rond y verraient même les prolongations. D’autres, la fatidique et palpitante séquence des tirs au but.
C’est que les consultations initiées et officiellement clôturées par le Premier ministre n’en finissent pas de finir. Les hôtes, façon » nzombo » le soir, continuent à faire un tour qui à Fleuve Congo Hotel, qui à l’Immeuble Intelligent Place le Royal.
Si le chef du futur gouvernement est souverain quant à son agenda, sa démarche n’en charrie pas moins quelques interrogations sur la nature du Gouvernement en gestation. Est-ce un gouvernement issu de la » nouvelle » majorité parlementaire comme le prévoit l’abc de la Constitution en cours ? S’agirait-il d’un Cabinet d’ouverture ? Ou encore d’union nationale ?
A la base de ces questions, un constat. Le Premier ministre consulte, à la manière de quelqu’un qui ratisse large. De la classe politique aux représentants des corporations et des mouvements associatifs. Dans un pays où personne ne se prive d’être reçu en haut lieu, Sama Lukonde a vu et voit défiler quasiment les mêmes femmes et hommes qui ont arpenté les marches du Palais de la nation, en octobre 2020, pour rencontrer le chef de l’Etat.
Le hic, c’est que les consultations du Premier ministre comportent un objet précis. A savoir la formation du Gouvernement. Et la Constitution fixe le cadre dans lequel se fait cette équipe gouvernementale. Il s’agit de la majorité parlementaire. En l’occurrence, l’Union sacrée de la Nation.
Si telle est la nature de l’exercice, on ne voit pas trop pourquoi le Premier ministre nommé consulte bien au-delà des regroupements politiques éligibles à son gouvernement. A moins que l’ambition soit de pratiquer l’ouverture ou de ressusciter la bonne vieille formule estampillée » Gouvernement d’union nationale » ou » de très large union nationale « . Le pays en a connu. Du reste, le père de l’actuel Premier ministre a participé à l’un des gouvernements de ce type.
Loin d’être anecdotique ou cosmétique, cette clarification vaut son pesant d’or. Elle permettrait, dans un pays où tout le monde est candidat à tout, de ne pas faire naître de faux et fous espoirs dans le chef de certains compatriotes qui s’auto-invitent à toutes les consultations politiques. Avec le risque de voir des opposants naître dès la publication de l’équipe gouvernementale.
Plus fondamentalement, le Premier ministre s’éviterait une perte de temps et l’application du proverbe selon lequel » qui trop embrasse, mal étreint « . Si le chef du Gouvernement à venir a besoin de la banque de données actualisées sur les défis du pays, il n’a qu’à appuyer sur le bouton ou à jeter un coup d’œil dans les nombreux tiroirs de la Présidence, du Parlement ou de la Primature. Et même… de la CENCO. Dans ce pays aux mille et une rencontres, l’état des lieux a été dressé plus d’une fois. Le sujet, c’est la mise en application des résolutions, des recommandations et décisions qui moisissent dans des bureaux ou des ordinateurs.
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