On le prêche, on le chante et on l’ovationne comme modèle à suivre par les jeunes pour être devenu président de la République à seulement 29 ans d’âge. Joseph Kabila Kabange, puisqu’il s’agit de lui, s’est pourtant contenté de ses 18 ans de règne à la tête de la RDC sans assurer son lendemain politique. Les prévisions de sa vision politique portée par le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) se sont soldées par des échecs très amers. Le roi de Kingakati n’aurait pas réussi à fidéliser ses adeptes qui l’ont quitté en un temps record comme s’il n’avaient pas d’histoire commune.
L’histoire de Joseph Kabila et son PPRD ressemble à un homme qui a amassé hasardément la fortune sans capacité de fructifier celle-ci pour la léguer à la future génération. Exemple d’un mauvais leader, son management politique n’a été efficace qu’au temps présent, aujourd’hui dépassé. Tous ses collaborateurs ont démontré des insuffisances dans la conjugaison du verbe prévoir en politique.
De la mauvaise prévision au retournement de situation
Après deux cycles électoraux controversés (2006 et 2011), le PPRD avait, au cours de derniers instants du règne constitutionnel de Kabila sur le Congo, activé des stratégies pour son maintien au pouvoir. Stratégies qui se sont tournées en défaveur du clan Kabila depuis 2015 jusqu’à à ce jour, malgré les titres scientifiques pompeux que portaient ses cadres.
Sans trop fouiner dans le passé, le mauvais management politique du PPRD n’a commencé à produire des effets qu’en 2015. Sachant qu’il devait organiser les élections en 2016 et quitter le pouvoir, Joseph Kabila s’était retourné vers les technocrates de son PPRD pour contourner les barrières constitutionnelles à l’approche de la fin de ses mandats, pour ainsi s’éterniser aux affaires.
C’est Evariste Boshab, dupé par son savoir constitutionnel, qui va porter ce projet anticonstitutionnel pour le légaliser. C’est fut le temps d’un référendum. Très influent aux côtés de Joseph Kabila et considéré comme tête pensante du PPRD, l’homme de Mushenge (Mweka) va lamentablement échouer avec son projet qui va rencontrer la contestation populaire qui s’en suivit des pertes en vies humaines (histoire controversée associée aux fausses communes de Maluku en mars 2015). N’étant pas en mesure d’arrêter le temps qui courait en leur défaveur, les technocrates du PPRD conseillèrent un dialogue qui se tint en Octobre 2015, sous la médiation d’un Edem Kodjo, supposé acquis à la cause de Joseph Kabila. Boycotté par l’opposition, ce dialogue finit par le débauchage de quelques personnalités et sa victoire fut de courte durée car, en 2016, l’église catholique va réunir les politiciens pour apaiser les tensions (dialogue de la Saint-Sylvestre).
L’heure des débauchages et des répressions des marches de l’opposition
Tous ces dialogues n’étaient qu’une sorte de manœuvres dilatoires du clan Kabila pour se construire des garde- fous et avoir toujours la main mainmise sur le pouvoir.
C’est l’heure des débauchages et des répressions des marches de l’opposition.
C’est fut le début d’un régime de terreur. Des arrestations arbitraires, des tirs à bout portant sur des paisibles citoyens, des coupures intentionnelles de la connexion internet, etc.
De la création du FCC
La technocratie pprdienne mit alors la machine écrasante pour faire échec à tout celui qui viendrait d’ailleurs. C’est la création du Front commun pour le Congo (FCC). Le camp se dit alors très prêt d’aller aux élections, sa survie étant rassurée. Le FCC obtint une majorité écrasante qui permettait à Joseph Kabila d’être celui qui décide, même sans être à la magistrature suprême. Faute d’une prévision à long terme et de l’absence des cadres sans vision, le FCC ne sera que l’orgasme d’un coq.
Avec un management construit sur la corruption, la flatterie, le débauchage et l’inconscience, Joseph Kabila n’aura pas été un formateur des hommes loyaux. Il n’aura pas prêché l’attitude de résister pendant les moments sombres. Son entreprise, le PPRD-FCC vivait le temps présent et sa faillite a été spectaculaire.
Comme une glace qui s’effondre au soleil, le FCC s’est vidé de sa substance, ses cadres se sont fait pêcher, mordant à l’appât comme s’ils n’avaient rien bénéficié de leur chef. En un temps record, les Kabilistes dévoués sont devenus de pures Tshisekedistes, confirmant la théorie de la transhumance politique du professeur Jacques Ndjoli.
Que retenir de Joseph Kabila et de sa famille politique ?
Le parcours politique de Joseph Kabila et le combat de son PPRD sont une leçon de vie fascinante. Ils mettent en exergue un type de leadership à ne pas oser suivre, un management très dangereux pour une entreprise qui veut survivre. La traversée miraculeuse des cadres du FCC dans l’Union sacrée montre tout simplement que la politique de Joseph Kabila n’était qu’une ristourne, un conglomérat d’hommes d’affaires qui n’avaient rien de concret pour le futur du pays. S’il y aurait une vision politique claire et des prévisions à long terme, le FCC ne se serait pas vidé, le PPRD ne serait pas devenu mosaïque, la majorité parlementaire n’aurait pas basculé.
Le mauvais management politique du PPRD ne semble pas avoir donné une leçon au petit groupe qui esr resté avec Joseph Kabila. Les résultats de leur mauvaise lecture de la situation politique et électorale, après leur chute libre, c’est aussi le flottement des drapeaux du PPRD en campagne électorale de Moïse Katumbi à l’Equateur, pourtant vache à abattre durant le règne du fils de M’zee.
Un parti politique ne devrait pas se contenter de biens mal acquis. Gagner l’argent c’est bien, mais assurer la survie de son influence c’est mieux. Comme dans une entreprise, les technocrates au sein des partis politiques devraient anticiper les situations, être porteurs d’une vision claire et, surtout établir des prévisions à court, moyen et long terme pour faire perdurer leur combat, s’il est réel.
Aux autres politiciens de tirer des leçons de ce qui est arrivé à Joseph Kabila et son PPRD.
Gilbert Mulumba Tshibuabua