Elle a 46 ans. Elle a 6 enfants. Cette dame rencontre l’horreur aux équipes de Human Rights Watch (HRW). Alors qu’elle fuyait Mushaki dans le territoire de Masisi le 25 février avec sa mère âgée de 75 ans, elle est tombée sur un groupe de 10 rebelles du M23. « Ils ont voulu nous violer », a-t-elle raconté. « Ma mère a dit non, alors ils lui ont tiré une balle dans la poitrine et elle est morte sur-le-champ. Puis quatre d’entre eux m’ont violée. Alors qu’ils me violaient, l’un d’eux a dit : “Nous sommes venus du Rwanda pour vous détruire.” »
La plupart des abus documentés par HRW ont eu lieu entre novembre 2022 et mars 2023. Ce travail d’enquête a été opéré auprès de victimes, des témoins, de la société civile, de l’ONU et d’images satellitaires.L’ONG affirme avoir documenté 8 exécutions illégales et 14 cas de viol commis par les combattants du M23. Une dizaine d’autres exécutions sommaires commises par les mêmes forces ont été monitorées mais en raison des contraintes d’accès et de sécurité, HRW n’a pas pu corroborer de manière indépendante ces éléments.
Aussi, sept personnes ont été tuées lors de bombardements « apparemment indiscriminés sur des zones habitées à Kanombe, à Kitchanga et près de Mushaki, lors d’attaques du M23 ».
« Des survivantes ont fait part de cas où des combattants du M23 ont violé des femmes devant leurs enfants et leurs maris, ce qui amplifie le traumatisme subi par les victimes et érode le tissu social des communautés et des familles. Des viols collectifs impliquant jusqu’à cinq agresseurs ont été rapportés. En raison de la stigmatisation et la tendance des victimes à ne pas rapporter ce type d’agression, le nombre total d’incidents de violences sexuelles commis par les groupes armés est très probablement beaucoup plus élevé », explique l’ONG.
HRW rapporté également qu’à certains endroits le soutien de l’armée rwandaise se fait à visage découvert. Par exemple, dans la localité de Kanombe, dont les forces du M23 se sont emparées en août 2022, d’anciens habitants ont déclaré aux enquêteurs de l’ONG que plusieurs centaines de combattants armés du M23 sont entrés dans la ville en uniforme militaire, parfois avec des insignes de la RDF et des gilets pare-balles.
« [Le M23 nous a dit :] “Quiconque est contre nous mourra. Nous ne venons pas nous battre, nous sommes ici pour reprendre nos terres” », a indiqué un ancien habitant de Kanombe qui a vécu sous l’occupation du M23 avant de fuir en janvier. « Après leur arrivée, [les combattants du] M23 ont violé des femmes, forcé des gens à travailler pour eux et ont battu des personnes… [Nous] devions travailler dans nos champs et leur donner nos récoltes. »
Dans ce chaos sécuritaire, les FDLR et les Nyatura commettent également des abus sur les civils.
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