Lubumbashi : Quand l’insécurité devient le refrain d’un chant sans fin

La ville de Lubumbashi vit déjà sa crise pandémique alors que le Coronavirus n’y est pas encore. Eh bien, la maladie qui touche la ville cuprifère en ce moment c’est bien l’insécurité. Plusieurs cas de vols armés assortis de meurtre des innocents, une épidémie d’une dangerosité plus accrue que le Covid-19.

C’est une nouvelle résurgence de l’insécurité mais la plus pernicieuse rarement connue. Après des réunions de conseil de sécurité dans le Haut-Katanga, des dons de jeeps, de motos, téléphones et bien d’autres outils, le mot insécurité a décidément refusé de quitter le jargon des Lushois. La semaine dernière était désastreuse dans la Commune Katuba, conclue dimanche par des troubles à la hauteur de la colère d’une population exaspérée, contristée.

La décision de déployer 200 agents des FARDC dans ce coin de la ville le même dimanche tend si bien que mal à faire régner le calme, mais dans une partie de commune seulement. Car non loin du quartier Katuba Ier, avenue Kabulo prolongée, Rue 5 où les militaires ont été déployés, des cas de cambriolage s’enregistrent (encore).

Dans la nuit de jeudi à ce vendredi, comme si elle migrait, l’insécurité a touché le quartier Kisanga dans la commune Annexe. Des maisons visitées par des voleurs armés qui n’ont laissé derrière eux que tristesse, consternation et inconfort, après avoir emporté argent, télévisions, téléphones et bien d’autres objets précieux des maisons de la population du coin.

Le conte d’un vol encore une fois suspicieux

Au quartier Gambela, à quelques mètres du Guest House de l’Université de Lubumbashi, une scène fâcheuse de cambriolage a vécu. Notre rédaction a été sur le lieu pour reconstituer les faits. Des bandits armés jusqu’aux dents, véhiculés, débarquent autour de 00h00 sur l’avenue des Aviateurs, partie très rapprochée d’un camp des militaires. Ils commencent selon les témoignages par bloquer de l’extérieur une trentaine de maison avant le début de l’opération dans les maisons ciblées. Ils vont ensuite entrer par effraction dans la maison d’une femme vivant seule avec ses enfants.

Nombreux et munis de fer, marteaux lourds, ils cassent vitres des fenêtres, cadenas, portes. Se sentant en danger et sans protection, la famille se rend « prenez tout ce que vous voulez et laissez-nous en vie », lance la responsable de la maison. Il y avait dehors deux jeeps de marque Prado, les malfrats demandent et obtiennent les clés de contact de deux voitures. Mais ça ne s’arrête pas là, ils brutalisent la famille et menacent de tirer des balles, et violer les jeunes filles dans la maison s’il n’y a pas d’argent. La mère va casser son contrefort, et sort une somme avoisinant les 2000 $ et la leur remet. En partant ils s’amènent avec des télévisions, téléphones portables et plusieurs biens de valeurs. La même nuit, ils sont tranquillement sortis (sans être inquiétés) de la parcelle avec une deux jeeps alors que secrètement la famille tentait de joindre la police locale par des numéros d’urgence comme privés mais sans succès. Jusque le matin, elle ne s’est présentée sur le lieu.

Dans les rangs des bandits, la famille dit avoir déchiffré des tenues des forces de l’ordre et des gens qui parlaient Lingala exactement comme des militaires. De quoi renchérir l’hypothèse selon laquelle l’insécurité qui secoue la ville de Lubumbashi est avant tout orchestrée par ceux censés l’endiguer, c’est-à-dire la police et l’armée.

La population de Lubumbashi ne sait plus à qui faire confiance en matière de lutte contre l’insécurité. Les autorités n’y arrivent toujours pas. Elles déchantent face une insécurité devenue tel un refrain d’un chant sans fin. Dans certains quartiers comme le Bel-Air Kabetsha dans la commune Kampemba, des veillées des jeunes volontaires ont repris. Ils passent des nuits à la belle étoile pour sécuriser leurs familles, car le gouvernement provincial a échoué, disent-ils.

Mais jusqu’où ira l’insécurité dans la ville de Lubumbashi ? Pourquoi n’en finit-elle pas ? Des questions que tout le monde se pose dans la capitale du cuivre mais toujours pas de réponse.

Rédaction/ Acturdc.com

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