Silence… Parlant ? Silence assourdissant ? À chacun son interprétation. En tout cas, un ange passe dans le landerneau politique kinois. Les acteurs politiques, en particulier les opposants, se terrent et se taisent dans toutes les langues et dans tous les patois.
Inhabituel pour une classe politique abonnée au ministère de la parole même lorsqu’elle n’a rien à dire. Étrange pour des opérateurs politiques pour qui le silence est rarement d’or. Curieux pour des hommes et des femmes pour qui tous les mots et les maux sont bons à dire.
Qu’est-ce qui a donc pu bien se passer pour que, l’une après l’autre, les voix s’éteignent sur la voie publique ? Au point qu’il n’y a presque plus personne à donner de la voix. Comme si subitement, aucun leader politique n’avait voix au chapitre. Posture d’autant plus paradoxale que dans moins de cinq mois, ce sera la chasse aux voix par la voie des urnes.
Est-ce cette échéance qui pousse les acteurs politiques à opter pour la stratégie du motus et bouche cousue ? Étant un ami qui ne trahit pas renseigne la sagesse populaire, le silence est une des armes politiques du « fermier » de Kingakati et de Kashamata. Ça lui sert au moins d’armure pour ne pas dévoiler ses intentions et ses sentiments.
Résultat, à quelques encablures de la fin du quinquennat, l’énigme JKK demeure l’inconnue de l’équation politique rd congolaise. Il est vrai que tel un couteau à double tranchant, le silence n’a pas été qu’un atout pour Kabila-fils.
Dans un pays où le « qui ne dit mot consent » à la cote, être taiseux ou faire le taiseux-c’est selon- n’est pas toujours politiquement rentable. Bien au contraire. En plus du sempiternel contentieux social-talon d’Achille de tous les régimes, de Mobutu à Tshisekedi-Joseph Kabila a dû payer cash son silence qui sonnait auprès d’une frange importante de l’opinion publique kinoise au mieux comme une indifférence et, au pire, comme une déconnexion par rapport au réel.
Pendant qu’on continue à se perdre en conjectures sur les raisons du silence des acteurs politiques, la conjoncture charrie des sujets qui interpellent autant qu’ils convoquent la parole du personnel politique : la cherté de la vie, la rentrée scolaire, la résurgence de certaines épidémies, la recrudescence d’incendies. Bref, la dégradation du quotidien sur fond d’incertitude quant à la tenue d’élections à la date constitutionnellement prévue. Les opposants seraient-ils tétanisés par l’enjeu électoral ? Face au flottement qui se dessine, les acteurs politiques seraient-ils tous déjà dans le coup d’après… Le quinquennat ? À savoir des négociations ?
Si pour les tenants du pouvoir, le dicton selon lequel la bouche qui mange ne parle pas, les aspirants aux strapontins savent que trop parler peut tuer. Ceci devant expliquer cela. À moins qu’il s’agisse du calme qui précède la tempête.