Elections 2023 : que devient le FCC ?

À l’approche du scrutin présidentiel, un acteur politique de poids demeure silencieux, inquiétant ainsi certains observateurs. Pourtant, le PPRD de Joseph Kabila s’active dans l’ombre.

Le siège du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) est un peu une seconde maison pour Régine Ayowa. Aujourd’hui âgée de 63 ans, elle est restée fidèle à l’idéologie du parti, ainsi qu’à celle de son leader, sorti en janvier 2019 par la petite porte pour laisser sa place à l’actuel président, Félix Tshisekedi.

« Kabila avait déjà fait 18 ans, environ », se remémore la militante des premières heures, « ce n’est pas que la population ne voulait pas du programme de Kabila, la population l’avait justement apprécié. Mais elle souhaitait que l’on change la personne, pour qu’elle continue avec ce programme qui était novateur et qui inspirait confiance », justifie Mme Ayowa.

En 2018, une large partie de la population réclamait le départ de Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001 et fils de Laurent Désiré Kabila, à la tête du Congo entre 1997 et 2001. Mais pour Régine Ayowa, le programme en cinq chantiers de l’ancien président reste le meilleur projet politique qu’elle ait vu jusqu’à ce jour.

« Voilà pourquoi moi, je m’attache à Kabila. Sa vision, pour moi, me permet aussi de me retrouver personnellement. Sinon, je serai déjà partie. »

Pour lui succéder et mener à bien son projet, Joseph Kabila avait trouvé un « dauphin » en la personne d’Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire permanent du parti et ancien ministre de l’Intérieur. S’il pouvait compter sur lui, l’opinion congolaise en a choisi autrement, forçant ainsi le « Raïs » comme il est surnommé – à pactiser avec Felix Tshisekedi qui retournera sa veste au début de l’année 2021.

Pas de participation en décembre

Ce projet politique que Régine Ayowa chérit tant semble pour le moment au point mort. Alors que de nombreux partisans de la coalition autour de Kabila, le Front commun pour le Congo (FCC), ont transhumé vers l’Union sacrée de la nation de Félix Thisekedi, les prés de 70 députés restés fidèles au PPRD ont décidé de suivre la ligne du parti et de ne pas déposer leur candidature aux élections législatives de décembre.

« Nous ne sommes pas partie prenante au processus électoral », développe Jean-Serge Tshiben Zakisa, secrétaire national en charge des médias et de la communication. « Pourquoi ? Car nous avons donné des préalables, des conditions pour y prendre part, qui n’ont jamais été respectées. » Au centre des tensions, les membres du bureau directeur de la Commission électorale nationale indépendante que les partisans de l’ancien pouvoir ne reconnaissent pas.

Mais le PPRD ne semble pas avoir dit son dernier mot. Lors de notre visite au siège, une réunion de routine se déroulait entre secrétaires nationaux d’une province politique afin d’évaluer les activités du parti. En guise d’animateur, Jean Lokaka, membre du parti depuis ses débuts, et même bien avant encore, explique que le parti « prépare son retour par la formation de ses cadres. Vous allez donc observer que des gens sont là afin d’être réorientés, pour participer à la gestion de la chose publique. »

Joseph Kabila et sa famille politique prépareraient-ils un retour ? Le scrutin de 2028 serait-il dans le collimateur ? Il est encore un peu tôt pour le dire.

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