Dr Mukwege : « Tant que nous congolais, nous ne comprendrons pas que notre pays est trop riche pour être laissé en paix, nous resterons les dindons de la farce »

Le prix Nobel de la paix 2018 et fondateur de l’hôpital de Panzi Denis Mukwege s’est exprimé sur la situation sécuritaire dans l’Est et ses effets sur la population, le mardi 20 décembre 2022 au cours d’une conférence-débat organisée par la dynamique « Prix Nobel de la paix » à l’Institut Supérieur Pédagogique de Bukavu (ISP-Bukavu) sur « le viol et les violences sexuelles utilisées comme arme de guerre ».

Abordant la question sur « le viol utilisé comme arme de guerre et le rôle des établissements d’enseignement supérieur et universitaire dans la construction de la paix en RD Congo », comme thème de son exposé, Denis Mukwege a attiré l’attention de la communauté scientifique sur le crime commis dans l’Est du pays par le M23 et différents groupes rebelles soutenus par le Rwanda, lui rappelant son rôle phare « d’eveilleurs de la conscience de la société »

« Dans ce contexte de guerre, de velléités d’assujettissement de notre peuple et de la balkanisation de notre pays, vous faites partie des dépositaires de notre mémoire collective, en tant que peule et nation. Vous êtes également les hérauts de la promesse faite à notre jeunesse et aux générations à venir de rester braves, de ne jamais oublier d’où nous venons, où sommes-nous aujourd’hui et vers où nous allons », a-t-il affirmé.

Relevant que la guerre qui sevit dans l’Est du pays, est essentiellement économique contrairement à ce que peut estimer l’opinion, Denis Mukwege a appelé cette même communauté à la prise de conscience collective.

« L’avenir du Congo en tant que pays est suspendu à cette donne. Tant que nous congolais nous ne comprendrons pas que notre pays est trop riche pour être laissé en paix, tant que nous ne comprendrons pas que nous devons user de notre intelligence collective pour tirer aussi notre épingle du grand jeu qui se joue sous nos yeux, sans nous, nous resterons les dindons de la farce », a-t-il déclaré 

Et de renchérir : « Le temps est venu de nous organiser, de nous doter d’une gouvernance à la hauteur de ces enjeux mondiaux et prendre notre destin en mains. Le temps est venu pour nous de comprendre que si nous avions été les perdants de l’époque esclavagiste, de l’époque coloniale et de ces 60 ans de la postcolonie, le moment est venu de nous doter des politiques et des dirigeants capables de comprendre les réalités mondiales et de placer notre pays dans une posture qui permettra à notre peuple d’être bénéficiaire de ses richesses et non la victime éternelle ».

Denis Mukwege a, par ailleurs noté, que le viol utilisé comme arme de guerre, dans leur contexte massif et systématique, est une stratégie utilisée par ceux qui veulent dominer le peuple congolais pour « l’exterminer en douceur »./7sur7.cd

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