Ancien conseiller politique de feu Etienne Tshisekedi wa Mulumba, Valentin Mubake estime que l’annulation de l’installation des autorités de la commune rurale de Minembwe ne peut pas se faire par une simple déclaration. « Cette commune s’inscrit dans une liste de plus 300 communes qui ont été instituées par un décret du Premier ministre Matata Ponyo. Cela veut dire que c’est un acte administratif qui ne peut être annulé que par le Conseil d’Etat. Et donc je demande à Monsieur Tshilombo de pouvoir s’adresser au Conseil d’Etat pour annuler ce décret, conformément à toutes les plaintes reçues dans la région. Voilà la procédure à suivre », a-t-il proposé, au cours d’une interview accordée à B-One.
A en croire Valentin Mubake, la question identitaire est réglée par l’article 10 de la Constitution, qui stipule que la nationalité congolaise est soit d’origine, soit d’acquisition. Il va plus loin en soutenant que le chef de l’Etat ne peut pas se limiter à faire des déclarations. Il doit pousser le ministre de la Décentralisation à démissionner. Car, « on ne promet pas d’annuler quand on est responsable d’un pays. Il faut tirer les conséquences de ces mauvais actes. Les ministres du Gouvernement, qui sont impliqués dans cette arnaque politique, doivent être sanctionnés. C’est ça l’Etat de droit qu’on nous clame chaque jour », a-t-il martelé.
Ce qui se passe dans l’Est n’a rien à voir avec les notables ou les autorités politiques de la RDC, martèle l’icône del’UDPS. « la guerre dans l’Est du pays a commencé avec l’AFDL. Vous connaissez les membres de l’AFDL. A cette époque, Mobutu était malade, il était fin mandat, et il fallait qu’un multinational assure le contrôle des richesses du Congo. C’est de cette façon qu’ils ont fabriqué cette histoire de l’AFDL pour imposer les Rwandais, les Ougandais et les Burundais ici au Congo dans tous les domaines, aussi bien politique, militaire que les services des renseignements », a expliqué M. Mubake.
EXPLOITER LE RAPPORT MAPPING POUR TRAQUER LES CRIMINELS
Pour le leader de l’UDPS, la RDC dispose aujourd’hui d’un élément important pour sortir du chaos. Il s’agit du rapport Mapping qui inventorie tous les criminels et les 617 graves crimes commis dans la partie orientale de la République, des crimes qui ont commencé avec l’AFDL.
« Et donc, poursuit-il, tous ces gens de l’AFDL qui sont au pouvoir aujourd’hui dans le secteur politique, civil, militaire, des services de renseignements, etc. doivent être jugés conformément à ce rapport qui a relaté avec détails les crimes commis dans ce pays. Et pour cela, il nous faut une juridiction spéciale nationale, et non internationale, à laquelle les partenaires extérieurs peuvent se joindre. Mais, c’est à nous d’appliquer la justice et de démontrer que la justice est compétente et indépendante. »
Aux dires de Valentin Mubake, la justice transitionnelle va prendre beaucoup de temps pour rien. « Ne nous voilons pas la face. Il y a des gens qui se réfugient derrière la justice transitionnelle, parce qu’ils savent que ça va prendre du temps. En 2002, dans les 36 résolutions de Sun City, nous avons enjoint au Gouvernement qui sortira de Sun City de pouvoir saisir le Conseil de sécurité des Nations unies pour mettre sur pied le Tribunal pénal international pour juger des criminels des massacres au Congo. Le 1+4 n’a rien fait parce que tout le monde était impliqué dans ces crimes-là. »
La justice transitionnelle prendra du temps, parce qu’il faut des partenaires, fait-il remarquer. « Les crimes ont été commis sur le sol congolais et les victimes sont des personnes congolaises. Nous avons l’obligation, comme pouvoirs publics de pouvoir juger ceux qui ont porté atteinte à la vie des Congolais. Et donc nous demandons une juridiction nationale d’abord. S’il s’avère que les Congolais ont joué le rôle d’exécutants en ce moment, ils vont citer les commanditaires. Mais, commençons par juger les exécutants congolais qui sont connus. »
RETABLIR L’AUTORITE DE L’ETAT POUR UNE VERITABLE PAIX
Valentin Mubake ne partage pas l’avis selon lequel la véritable paix entre les communautés dans l’est du Congo passera par l’acceptation de vouloir vivre ensemble. « Vous allez en France, vous commencez à piller, à casser, en disant que si vous voulez être en paix ici en France vous devez nous accepter comme vos enfants ici. Est-ce qu’ils vont accepter cela ?, s’interroge-t-il. Le Congo n’a pas fermé ses frontières. Les Congolais ont ouvert les portes à tout le monde. Rappelez-vous en 1994, tout le Rwanda s’était déversé à Goma, corps et biens. Nous n’avions pas fermé nos frontières. Mais, il ne faut pas que notre hospitalité légendaire nous crée des problèmes aujourd’hui ».
L’ancien cadre de l’UDPS/Tshisekedi recommande enfin l’instauration d’une véritable autorité de l’Etat pour rétablir la paix dans l’est du pays. « Et cette instauration de l’autorité de l’Etat passe par le rétablissement des pouvoirs existants dans ce pays, parce que ce pays a une histoire qu’il faut rétablir, une histoire que certains ont voulu falsifier par des guerres de procuration, des massacres pour déloger les populations locales et importer d’autres populations… il faut mettre fin à toutes ces pratiques », conclut-il.
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