Daniel Mwana Nteba : « Joseph Kabila a quitté la présidence mais il n’a jamais quitté le pouvoir »

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Daniel Mwana-Nteba : Oui, je suis effectivement Premier Secrétaire National du Parti Socialiste et l’un des membres du Conseil d’administration de la SCTP ( Société Congolaise des transports et des ports), ex. ONATRA.

Liberté plus : Des voix s’élèvent pour annoncer le retour de Joseph Kabila au pouvoir. Quelle est votre position par rapport à ce sujet ?

Daniel Mwana-Nteba : Déjà, je suis surpris que les gens parlent d’un retour probable de Joseph Kabila parce que «ne retourne que celui qui s’en est allé, ne revient que celui qui est parti». La vraie question est celle savoir: Joseph Kabila a-t-il quitté le pouvoir ?

Souvenez-vous, cher Liberté plus, il y a bientôt 5 ans, nous avons fait une interview vous et moi. À l’époque, nous étions dans la dynamique et les stratégies pour chasser Joseph Kabila du pouvoir. Mais, j’avais déjà lancé la sonnette d’alarme et je le répète: «le vrai problème de Kabila Joseph, président honoraire, n’était pas de quitter la présidence. Le vrai problème était pour lui de quitter le pouvoir». Nous avons été distraits et beaucoup n’avaient pas compris le message que je lançais à cette époque- là. Aujourd’hui, peut-on dire que Joseph Kabila a quitté le pouvoir pour éventuellement le voir y revenir en 2023? La réponse est non! Il a quitté la présidence mais il n’a jamais quitté le pouvoir.

Lorsque certaines personnes disent qu’il est plausible à Joseph Kabila de revenir au pouvoir en 2023, je pense que les gens qui en parlent de cette façon ne comprennent même pas les enjeux. Il faut se demander si en 2023, Joseph Kabila gardera le pouvoir puisqu’il contrôle le Parlement, il contrôle le Sénat, il contrôle les assemblées provinciales, il contrôle les gouvernements provinciaux, les gouverneurs et consorts. Il contrôle même le gouvernement avec un Premier ministre et une majorité des ministres à sa solde.

Qu’est-ce que le pouvoir ? Juste être président ou avoir l’effectivité de la décision et de la gestion. C’est là la vraie interrogation pour chacun!Et c’est de là que viennent beaucoup de difficultés que rencontre l’actuel président de la république. Et, moi, je continue à ne pas être distrait. Je me dis qu’en 2023, au niveau du Parti Socialiste, nous devons nous battre pour conquérir juste une portion du pouvoir qui se trouve encore entre les mains des personnes que le peuple ne veut pas voir au pouvoir.

Liberté plus : Partant de cette réflexion, on peut reformuler notre question en ce sens : est-ce qu’il est possible que Kabila Joseph rentre à la présidence de la République?

Daniel Mwana-Nteba : La Constitution est composée de son esprit et de sa lettre. De par la lettre, la Constitution stipule qu’un Chef de l’État ne peut pas faire plus deux mandats successifs. Ça n’exclut pas, à mon sens, qu’après être parti qu’il puisse chercher à revenir pour un nouveau mandat, vu qu’il n’aura pas fait plus de deux mandats SUCCESSIFS.

Sur ce point là, je pense qu’il est tout à fait plausible d’entrevoir cette éventualité. Ça sera maintenant le combat des juristes qui ont pris l’habitude de comprendre chacun la Constitution à sa manière.

Mais, le plus important c’est l’esprit de la Constitution. Les rédacteurs de cette Constitution qui constituaient à l’époque l’ensemble des forces en présence aussi bien les forces rebelles que les forces gouvernementales ont élaboré cette Constitution avec l’idée de ne jamais permettre à quiconque, dorénavant, de s’éterniser au pouvoir. Partant du principe que le pouvoir use, deux mandats suffisent pour qu’on puisse placer d’autres personnes pour s’occuper de la continuité de la gestion des affaires de l’État.

Donc, de par la lettre de la Constitution, Kabila peut revenir mais de par son esprit, il est impossible qu’il revienne au pouvoir. L’esprit de la constitution fait en sorte que personne ne s’éternise au pouvoir. Or, lui s’est déjà éternisé 18 ans à la tête du pays. C’est fini. Comme je l’ai dit tantôt : nous allons bientôt assister à un combat de coq entre juristes de tous les camps pour l’interprétation de ladite Constitution.

La Cour Constitutionnelle est la seule habilitée à interpréter la constitution mais le drame aujourd’hui est que nous nous retrouvons même en face d’un pugilat entre le FCC et le CACH qui tous deux veulent contrôler la Cour Constitutionnelle. La vraie question est celle de savoir : que cherche-t-on à contrôler ? La composition de la Cour pour la rendre plus neutre ou la composition de la Cour pour s’assurer d’être bénéficiaire des décisions de ladite Cour? Il y a à boire et manger. Et, le débat, à mon sens, devrait se trouver là. Mais apparemment, tout le monde est encore distraits ailleurs.

Liberté plus : Admettons que la Cour Constitutionnelle ait rendu un arrêt favorable au retour de Kabila à la présidence, que devra faire le peuple?

Daniel Mwana-Nteba : Il faut d’abord savoir ce qu’on veut, parce que vous parlez de la Cour Constitutionnelle qui rendrait un arrêt favorable au retour de Kabila. Mais, je pense que les arrêts de la Cour Constitutionnelle sont susceptibles d’aucun recours et sont opposables à tous. Que devra faire le peuple ?

Cela sous entend que vous chercheriez à me faire comprendre que dans certaines circonstances, le peuple aurait à décider seul de son destin. Le temps s’y prête-t-il?

Telle est la vraie question! Mais à mon sens, c’est le sens même de la démocratie. Et, lorsqu’on veut mêler le peuple à l’exercice de la démocratie, le peuple n’ayant pas d’âme, on risque de tomber dans une forme d’anarchie que plus personne ne pourrait contrôler.

Liberté plus: Daniel Mwana-Nteba, Premier Secrétaire National du Parti Socialiste, nous avons fini. Merci

Mediacongo.net/acturdc.com

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