Parmi les points d’information du président de la République, lors de la réunion du Gouvernement du 6 février 2020, figure sa réaction au chassé-croisé né au ministère de la Justice après la visite du vice-ministre de la Justice à David Blattner, Jammal Samih et du Directeur général de l’Office des Routes, tous en détention préventive à la prison de Makala, dans le cadre des enquêtes se rapportant à la construction des viaducs (Sauts-de-mouton) et logements sociaux. Visite effectuée en l’absence du titulaire du ministère, le VPM Tunda ya Kasende alors en mission.
Le 2 mars, le vice-ministre de la Justice, Bernard Takaishe Ngumbi prend l’initiative d’effectuer une visite à la prison de Makala dans le but de se rendre compte, selon ses dires, des conditions de détention du PDG de la société Safricas S.A., Jammal Samih et du DG de l’Office des Routes. Tous poursuivis par la justice pour détournements présumés des fonds mis à leur disposition par la présidence de la République pour divers travaux d’infrastructures.
La démarche soulève aussitôt un tollé général. D’abord, la déclaration de son titulaire, le VPM Tunda ya Kasende se disant non informé de l’initiative de son adjoint. Celle des organisations de la société civile ensuite, dénonçant une ingérence dans l’exercice et l’administration de la justice. A l’exemple de l’ACAJ dont l’animateur Georges Kapiamba qui protestait contre une ingérence inacceptable dans l’instruction d’un dossier en instruction».
L’affaire s’est vite muée en une controverse politique, exacerbée par l’appartenance de deux responsables de la Justice à deux plateformes constituant la coalition FCC-CACH.
Comme toujours en pareil cas, le vice-ministre Takaishe s’est retranché derrière une instruction reçue du Président de la République. Compte de son rang, il ne fallait pas attendre que Félix Tshisekedi affirme ou contredise la régularité de la visite controversée.
Néanmoins, il a saisi l’occasion du conseil des ministres pour rappeler les uns et les autres à l’ordre.
Après avoir déclaré qu’il avait été informé de l’agitation ayant suivi la visite du vice-ministre de la Justice à la prison de Makala. Il a tenu, en outre, à rappeler ce qu’il a toujours soutenu, à savoir, qu’on doit laisser en toute circonstance, la Justice faire son travail en toute indépendance, sans interférence. Il a, toutefois, annoncé qu’il aborderait la question à huis-clos entre le vice-ministre et le Vice-premier ministre, Ministre de la Justice.
Une première, cependant, le Chef de l’Etat a publiquement stigmatisé que la riposte de ce dernier dans les médias, qui n’était pas de nature à calmer les esprits, selon le compte rendu du conseil des Ministres de vendredi 6 mars dernier.
Certains observateurs n’ont pas tardé à assimiler la réaction du Chef de l’Etat à un réflexe tendant à protéger le vice-ministre issu de l’UDPS.
Ils rappellent, par ailleurs, que Félix Tshisekedi avait appelé les membres du gouvernement, au cours du conseil des ministres ayant suivi la publication du ‘’Plan de Trésorerie 2020’’ du ministre des Finances, à faire preuve de prudence dans leurs déclarations dans les médias, au risque de provoquer des réactions aléatoires dans l’opinion.
En son temps, Sele Yalaghuli avait été précédemment mis en cause dans les mêmes circonstances, au motif qu’il serait à la base du blocage volontaire des décaissements de fonds destinés aux travaux lancés dans le cadre de 100 Jours du Programme d’urgence du Chef de l’Etat.
Il n’en reste pas moins que tout en reconnaissant au Président de la République, la prérogative de garantir la cohésion gouvernementale, il devrait, à tout prix, éviter de taper publiquement sur les doigts des Vice-Premiers ministres et autres Ministres pour ne pas amplifier des frustrations dans une équipe hétéroclite où la confiance mutuelle est loin d’être la règle d’or.
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