On en sait désormais plus, sur le dit de la retraite politique du Front commun pour le Congo (FCC), organisée du 6 au 8 novembre courant au « Safari Beach », dans la commune de N’sele. Face à la menace de plus en persistante de dissolution de la coalition au pouvoir, la famille politique dirigée par l’ancien Président Joseph Kabila, dit être ouvert au dialogue avec son partenaire Cap pour le changement (CAP), plateforme portée par l’actuel Chef de l’Etat Félix Tshisekedi. Cependant, au cas où ces pourparlers s’avéreraient impossibles, la kabilie suggère alors une voie de sortie de crise qui semble être l’ultime recours. A savoir, l’organisation des élections générales anticipées. Y compris la présidentielle. C’est ce qui ressort du communiqué sanctionnant la fin de la retraite du FCC, dont de larges extraits ont été lus hier dimanche, sur Digital Congo par Néhémie Mwilanya, coordonnateur de ce regroupement politique. Par ailleurs, la méga plateforme politique créée en juin 2018 à la ferme agrotouristique de Kingakati, dans son communiqué, refuse toute recomposition de la majorité parlementaire sur fond de corruption. Pour le FCC, rien donc ne saurait justifier toute démarche tendant à la reconstitution d’une nouvelle majorité à l’Assemblée nationale en pleine législature, moyennant subornation des élus d’un partenaire, antivaleur au cœur d’une lutte convenue dans le cadre du programme commun du Gouvernement. Toujours au sujet d’une nouvelle Majorité que recherche présentement le Président Félix Tshisekedi, auteur des négociations en cours au Palais de la Nation, le FCC rappelle les prescrits aussi bien de la Constitution que du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui stipulent, entre autres, que « toute majorité est issue des élections portées par les groupes politiques qui soutiennent l’action gouvernementale pour toute la législature et ne peut être renouvelée qu’au cours d’une élection générale et non du fait d’une création artificielle ». En un mot comme en mille, le FCC maintient sa prise de position plusieurs fois exprimée à haute et intelligible voix, bien avant même que la présente crise politique en RD Congo n’ait pris ses proportions actuelles. « Oui au dialogue. Mais dans un cadre strictement des institutions de la coalition avec Cach. » En réaction avec le schéma de dissolution de l’Assemblée nationale et de recherche d’une nouvelle majorité parlementaire que préconisent les partisans de l’actuel Chef de l’Etat, la famille politique de Kabila pense plutôt que l »unique solution « miracle » reste que les parties prenantes se soumettent à la sanction du souverain primaire. C’est-à-dire l’organisation de nouvelles élections générales (présidentielle, législatives nationales et provinciales) avant le délai constitutionnel. DES ELECTIONS AVEC QUEL MOYENS ? Quand le FCC considère l’organisation des élections générales anticipées comme solution miracle à la crise, c’est justement parce qu’il ne voit ne voit pas, dans le contexte actuel de crise économique provoquée la crise sanitaire mondiale due à la pandémie de Covid-19, la RD Congo mobiliser autant de centaines de millions de dollars américains, pour gagner un tel pari. Et donc, des élections avec quel budget ? C’est ici l’occasion de rappeler que le Gouvernement a revu ses ambitions à la baisse, en déposant un collectif budgétaire réduit à 4 milliards de dollars, moins de la moitié du montant global adopté au Parlement et promulgué par le chef de l’Etat pour l’exercice 2020. Aux contraintes de trésorerie, s’ajoute un autre challenge et non de moindres. A savoir les réformes électorales réclamées à cor et à cri par tous. A ce sujet, l’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Corneille Nangaa, a été clair comme l’eau de roche. Reçu le lundi 2 novembre par le Chef de l’Etat dans le cadre des consultations du Palais de la Nation, ce dernier avait présenté la mise en place du nouveau bureau de la Centrale électorale, comme préalable à l’organisation des élections anticipées. Aussi, Corneille Nangaa avait-il relevé l’impossibilité, pour l’équipe sortante de la Ceni qui a déjà déposé son rapport final à l’Assemblée nationale, d’organiser les élections anticipées. On rappelle aussi que le dossier de Ronsard Malonda, pourtant entériné par l’Assemblée nationale pour succéder à Corneille Nangaa, reste encore en souffrance sur la table du Président de la république, à la suite des vagues de protestations qui ont suivi le choix de ce dernier par certains chefs d’églises, outre que les catholiques et les protestants. Pour toutes ces différentes raisons, le FCC reste convaincu que le dialogue avec son partenaire Cach, demeure le seul remède à l’impasse politique actuelle. « Mais ces pourparlers doivent se tenir dans le cadre des structures et mécanismes prévus par l’accord de la coalition », souligne le communiqué final du FCC, non partant aux consultations présidentielles, ouvertes depuis le lundi 2 novembre. Soit, un peu plus d’une semaine après la cérémonie de prestation de serment de trois nouveaux juges de la Cour Constitutionnelle, organisée le 21 octobre au Palais du peuple, sans les cadres du FCC. Grevisse KABREL et Eric WEMBA COMMUNIQUE FINAL DES TRAVAUX DE LA DEUXIEME RETRAITE POLITIQUE D’EVALUATION DU FRONT COMMUN POUR LE CONGO Conférence des Présidents des Regroupements et Partis politiques, élargie aux présidents des groupes parlementaires et groupes politiques du FCC s’est réunie à Kinshasa, en retraite du 06 au 08 Novembre 2020, dans la Commune de Ia N’Sele, sur le site Safari Beach. Après avoir suivi les exposés édifiants faits par certains intervenants sur l’historique politique et constitutionnelle du Pays depuis l’indépendance à ce jour, l’analyse du fonctionnement actuel des Institutions et les rapports des commissions ayant tablé sur l’évaluation des travaux de la première Retraite politique tenue à Mbuela Lodge, près de Kisantu, dans la Province du Kongo-Central, les participants ont adopté les Recommandations pertinentes qui seront rendues publiques incessamment Pour le reste le FCC suit avec une particulière attention la démarche actuelle des consultations initiées par le Président de la République et affirme sa position suivante : 1 Le FCC reste ouvert au dialogue avec le Chef de l’Etat mais plutôt dans le cadre des structures et mécanismes prévus par l’Accord de coalition. 2 L’initiative actuelle du Chef de l’Etat intervient au lendemain du forcing de prestation de serment des trois nouveaux juges constitutionnels, irrégulièrement nommés, lequel a cristallisé des violations de la Constitution et des lois pertinentes de la République, et ce en dépit de son appel, lancé au Chef de l’Etat, de respecter son serment constitutionnel en retirant les ordonnances de nomination des juges concernés, tenant compte du rôle régulateur du fonctionnement des Institutions et de juge électoral reconnu à la Cour Constitutionnelle. Le FCC réitère en conséquence sa position de ne pas reconnaître lesdits nouveaux juges, encore moins les effets des actes qu’ils poseront. 3. Le FCC, détenteur de la majorité parlementaire qui est en coalition avec le CACH, famille politique du Chef de l’Etat, porte à la connaissance de l’opinion publique que ce dernier n’a pas formellement fait part à son partenaire de ses intentions ni sur l’initiative des consultations en cours, encore moins sur le sort réservé à l’Accord de coalition qui les lie. De ce point de vue, le cadre de concertation prévu par ledit Accord reste le seul mécanisme de discussion des divergences qui opposeraient les deux parties. 4. Le FCC qui a conclu l’Accord de coalition en âme et conscience, fort de sa conviction que cela contribuerait à consolider la paix, la stabilité et le développement du pays, face à l’incertitude liée à la toute première alternance pacifique du pouvoir, en cas de cohabitation, réitère sa disponibilité à poursuivre la mise en œuvre de ses efforts de gouvernance du pays dans le cadre de cet Accord, au regard de son accueil positif au sein de l’opinion nationale et internationale en raison de sa pertinence. 5. Le FCC ne peut cautionner de ce fait aucune démarche tendant à la recomposition de la majorité parlementaire en pleine législature sur fond de la corruption des élus d’un partenaire, antivaleurs au cœur d’une lutte convenue dans le cadre du programme commun de Gouvernement. Bien plus, aux termes de la Constitution et du Règlement intérieur de l’Assemblée Nationale, toute majorité est issue des élections, portée par des groupes parlementaires et groupes politiques qui soutiennent l’action gouvernementale pour toute la législature et ne peut être renouvelée qu’au cours d’une nouvelle élection générale et non du fait d’une création artificielle des acteurs politiques. Pour le FCC, l’alternative à cette option reste celle, pour toutes les parties prenantes, de se soumettre à la sanction du souverain primaire, à travers des élections générales anticipées à tous les niveaux. 6. Dans le même ordre d’idées, s’agissant de la menace de dissolution de l’Assemblée nationale, souvent évoquée, le FCC tient à souligner que si les prérogatives de cette option sont reconnues au Président de la République, elles sont néanmoins fortement encadrées et bien déterminées par la Constitution, le constituant ayant tiré les leçons des expériences malheureuses et douloureuses du passé. La dissolution ne peut donc, sauf à violer une fois de plus la Constitution, être décidée à la seule initiative du Président de la République, en l’absence d’une crise persistante qui n’existe pas, fort heureusement, entre le Gouvernement et l’Assemblée nationale et du concours du Premier Ministre à travers son contreseing. 7. Le FCC qui salue la bonne collaboration existante entre le Gouvernement et les chambres parlementaires, rejette en bloc les allégations tendant à lui faire porter la responsabilité d’un blocage supposé du pays car, à sa connaissance, sa collaboration dans la mise en oeuvre des initiatives législatives portées par le Gouvernement et du programme commun de ce dernier a été sans faille. 8. Par ailleurs, il n’a de cesse d’exhorter le Gouvernement à focaliser son attention sur les vraies préoccupations de la population et de la nation toute entière, à savoir l’amélioration des conditions socioéconomiques de la population devenues préoccupantes, la sécurité du territoire national et la stabilité des Institutions au niveau tant national que provincial, gages de tout développement du pays. 9. Le FCC condamne, par ailleurs, la déstabilisation de plusieurs assemblées provinciales et gouverneurs ‘de Provinces de la République du fait des décisions illégales et politiciennes prises par le Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur, entravant même les décisions judiciaires pertinentes. Pour Corriger cette dérive jamais connue dans ce pays, le FCC entend agir conformément à la Constitution et aux prérogatives parlementaires. 10. Le FCC appelle les Congolais à la cohésion et à ne pas suivre tous ceux qui cherchent à les diviser et à défendre la Constitution, loi fondamentale du pays.