Le rapport dit « Yotama », qui décrie les violences qui tourmentent les territoires de Beni et Irumu notamment, dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, à l’Est de la RDC, été publié ce mardi 9 novembre à Kinshasa.
Dans ce rapport, les auteurs, deux députés du Nord-Kivu, examine les cas des 7.400 victimes des massacres, au cours des violences qui endeuillent les deux entités voisines de 2008 à septembre 2021, et que les autorités attribuent au groupe armé d’origine ougandaise, ADF.
Selon les députés Tembos Yotama et Mbusa Mbenze, le plus important pic a été constaté cette année (2021) après la proclamation de l’état de siège, en mai dernier.
Des 1.747 victimes recensées pour cette année, le rapport « Yotama » note que plus de 1.200 ont eu lieu durant les quatre mois ayant suivi l’instauration de l’état de siège.
«L’état de siège a créé plus de malheur que la période d’avant » a déclaré Tembos Yotama.
«Plus de gens sont massacrés et ceux qui restent sont condamnés à supporter la brutalité militaire. C’est horrible ce que le peuple sous l’espace de l’état de siège supporte,» a-t-il déploré.
Le rapporte renseigne que si seules trois localités ont été attaquées en 2008, en 2021, en seulement neuf mois, plus de 340 agglomérations ont été visitées par les assaillants qui tuent essentiellement à la machette.
«Il y a des villages qui ont été razziés par les assaillants. On arrive dans un village, on tue par exemple 30 personnes. A côté d’eux, on enlève 50 personnes. On les force à devenir des tueurs. Dans l’hypothèse où ceux-là peuvent se déguiser en tueurs, alors qu’ils avaient été kidnappés, est-ce à eux la faute ? ou à ceux qui sont censés les protéger ? » s’interroge Mbusa Mbenze, de sa part.
Ce rapport met donc en cause l’état de siège et propose que d’autres mécanismes soient mis en application pour mettre fin aux tueries dans cette partie du territoire national.
« Visiblement la solution aux massacres de Beni-Irumu n’a rien à voir avec l’instauration de l’état de siège. Le gouvernement, partant de la réalité sur terrain a vraiment tapé à côté. D’où la nécessité de chercher la solution ailleurs si vraiment il y a besoin de résoudre cette question dans la région » pense le député Yotama.
Selon ce volumineux rapport, les années 2008-2013 ont connu moins de massacres. Ce constat est même à l’origine de la compréhension la plus répandue qui attribue le début des massacres en 2014.
La thèse jihadiste portée par les autorités congolaises ne servirait qu’à « dissimuler les auteurs des massacres », selon le rapport, qui qualifie de « crime de génocide » ces atrocités, car « 95 % des victimes » seraient de l’ethnie Nande.
Les auteurs du rapport recommandent entre autres aux autorités d’alléger la fiscalité dans la région et de muter vers d’autres provinces, tous les officiers issus des anciennes rébellions. A la communauté internationale, le rapport recommande de créer un tribunal pénal international pour la région.
Signalons que ce document avait déjà été mis à la disposition des autorités et de plusieurs chancelleries et institutions, dont le CPI, pour une « mobilisation internationale » en faveur du retour de la paix, selon ses initiateurs.
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