Le 24 janvier 2019 reste et restera une date symbolique dans l’histoire de la République démocratique du Congo. Ce jour-là, pour la première fois depuis l’indépendance du pays, un président sortant cède pacifiquement son pouvoir à son successeur.
Joseph Kabila et Félix Tshisekedi sont les deux acteurs centraux de ce moment d’histoire. Félix Tshisekedi devient le 5e président de la RDC et Joseph Kabila, lui, ceint l’écharpe de sénateur à vie.
C’est Joseph Kabila et son clan qui ont déposé Félix Tshisekedi sur le trône du Congo au terme d’une mascarade électorale qui garantit au Front Commun pour le Congo, la plateforme politique de Joseph Kabila, la majorité absolue dans les deux chambres.
« La commission électorale nationale indépendante qui a organisé ces élections n’a jamais publié le moindre chiffre, le moindre P.-V. pour justifier ce résultat », explique encore aujourd’hui un observateur de la scène politique congolaise.
Les résultats qui circulent sous le manteau, issus des calculs effectués sous le contrôle de l’Église catholique qui avait des observateurs dans tous les bureaux de vote, sont tout autres. Selon ces chiffres, c’est Martin Fayulu, candidat de la plateforme Lamuka, soutenu par des ténors comme Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba ou Mbusa Nyamwesi qui arrive loin devant… Emmanuel Shadary, le candidat du FCC, et Félix Tshisekedi (associé à Vital Kamerhe au sein de Cach, Cap pour le Changement).
« Fayulu a refusé de discuter avec Kabila tout de suite après le scrutin », tente de justifier un proche de l’ancien président qu’il appelle toujours le « Raïs ». « Des proches du raïs l’ont contacté pour tenter de le convaincre de venir discuter avec eux, il n’a rien voulu entendre. L’homme s’est montré trop orgueilleux. Même ses partenaires ont tenté de le convaincre qu’il était utile d’avoir ces échanges. Mais il a refusé. Il avait gagné et il n’y avait pas de discussion à avoir. »
Parmi les proches de Kabila, plusieurs martèlent alors la nécessité d’invalider le scrutin. Mais Joseph Kabila repousse cette proposition. « Le fait que certaines parties du pays n’ont pas pu participer au scrutin pouvait laisser croire en ce scénario, mais Kabila n’en voulait pas. »
C’est ainsi que s’est ébauchée la piste Félix Tshisekedi. Le fils d’Étienne Tshisekedi, une des figures marquantes du combat politique au Zaïre puis en RDC, était ainsi fait 5e président par la volonté d’une partie du camp Kabila, persuadé de conserver le vrai pouvoir en prenant le contrôle du Parlement. « On s’est lourdement trompés », reconnaît un proche de Kabila, en exil.
« On pensait que Tshisekedi se contenterait du statut et des avantages liés à la fonction. On n’avait pas compris que, poussé dans le dos par les Américains et son premier cercle toujours plus gourmand financièrement, il n’hésiterait pas à s’asseoir sur toutes les lois du pays pour renverser l’équilibre qu’il avait négocié lui-même. »/mediascongo.net