Transition sans Denis Kadima et son équipe, la CASE écrit à Tshisekedi

Assumer le glissement du calendrier électoral. C’est la première proposition contenue dans le courrier confidentiel adressé lundi à Félix Tshisekedi par Simaro Ngongo Mbayo, président de la Commission africaine pour la supervision des élections (CASE). La décision de glissement du calendrier électoral comportera des implications de mobilisation de toutes les forces vives de la nation pour rassurer la population et les parties prenantes quant à l’amélioration du processus électoral en corrigeant les écueils rencontrés.

D’après le courrier CASE à Félix Tshisekedi, il est urgent de renouveler le système de gouvernance électorale en dissolvant et démissionnant l’actuelle équipe dirigeante de la CENI pour la remplacer par une institution totalement indépendante et loyale à la Constitution et aux lois de la République. Simaro Ngongo Mbayo invite Félix Tshisekedi à ordonner un audit externe afin d’évaluer le système de gestion de la CENI (administration, logistique et finances).

Le break du processus électoral permettra d’évaluer les besoins de financement d’un processus électoral crédible et globalement inclusif. Simaro Ngongo Mbayo, expert et consultant international en matière électorale assumant la fonction de président de la CASE souligne le souci de paix, de cohésion nationale, de transparence et d’inclusivité autour du processus électoral qui l’a conduit à s’adresser au garant du bon fonctionnement des institutions de la République démocratique du Congo afin de lui faire part de ses observations en rapport avec « la marche bringuebalante du processus électoral en République démocratique du Congo ».

En tant que plateforme des organisations de la société civile spécialisée en matière électorale, la Commission africaine pour la supervision des élections (CASE) dit suivre de près l’évolution du processus depuis sa phase embryonnaire de réformes électorales jusqu’à son étape critique de révision du fichier électoral. « Comme vous pouvez vous en rendre compte, l’actuel cycle électoral congolais (le quatrième de notre démocratie pluraliste), est le plus désordonné, obscur et entortillé », décrit la CASE. Ce cycle électoral piloté par Denis Kadima Kazadi est le plus dangereux des trois premières expériences et ne rassure personne, même pas les gestionnaires de l’actuelle CENI (Voir correspondance de madame Nseya à Denis Kadima en décembre 2022), explique la missive CASE.Tshisekedi appelé à consulter

La CASE invite Félix Tshisekedi à se saisir urgemment de la question et à interpeller les animateurs des institutions et des composantes essentielles. Il pense aux membres de la CENI (Plénière et secrétaires exécutifs provinciaux) ; au Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, chef du gouvernement (avec ses collaborateurs directement concernés, notamment les ministres de l’Intérieur, du Budget, des Finances et de la Défense nationale) ; aux deux principaux blocs des partis politiques (Union sacrée de la nation et opposition politique FCC, Lamuka et candidats) ; à la société civile (pro et anti-pouvoir) et aux organisations professionnelles des médias (pro et anti-pouvoir). Ces cinq composantes de notre société devraient éclairer le président de la République, notamment sur « la disqualification technique de l’actuelle CENI pour son incompétence dramatique dans la prise en charge du processus électoral » et l’inaptitude technique et professionnelle de Denis Kadima Kazadi à diriger le processus électoral. Car, déclare la CASE, « plus on avance avec cette même CENI, plus la méfiance s’accroît contre elle et plus, elle s’embourbe dans la balourdise ». Même les partenaires de la communauté internationale qui nous observent se lassent de désenchantement, insiste Simaro Ngongo Mbayo.

La CASE déplore le désir immodéré d’enrichissement facile dans le chef des animateurs de la CENI qui font la honte de la République aux yeux de tous nos partenaires du monde (révélations du ministre Nicolas Kazadi le mardi 15 février 2022, en réponse aux déclarations de Denis Kadima, président de la CENI sur une intention de surfacturation des véhicules de la CENI). Ce comportement est aussi dénoncé par l’Observatoire de la dépense publique – ODEP (Communiqué N°001/ODEP/MARS/2023) sur l’opacité du financement du processus électoral). Pour la CASE, « la conduite abracadabrante de l’opération d’identification et enrôlement des électeurs par le bureau Kadima avec des imprécisions, faiblesse de planification et un suivi déficitaire sur le terrain », ne rassurent pas d’un bon lendemain électoral pour la République démocratique du Congo.

Ingérence anticonstitutionnelle de l’Union sacrée dans la gestion du processus électoral

« À l’allure où nous observons catastrophiquement le processus électoral, vous pouvez vous rassurer que le pays se dirige vers l’inconnu », écrit la CASE à Félix Tshisekedi. Car, dit-elle, ce cycle souffre de trois maux, à savoir une « forte ingérence des acteurs politiques de la majorité en amont comme en aval de la mise en place de la CENI ». La tricherie est partie de la réforme des textes légaux en passant par le choix corrompu des animateurs de l’institution excluant l’opposition politique congolaise dans sa composition ; l’installation très autoritaire du président de la CENI pourtant contesté par l’ensemble du peuple congolais jusqu’à l’amorce compromettante des opérations d’enrôlement. La CASE souligne « le choix biaisé des animateurs de la CENI partant de son président jusqu’aux autres membres de la plénière ». Étant donné que comme les 15 (membres de la CENI) se sont rendus coupables de complicité dans les irrégularités décriées par les uns et les autres dans la conduite du processus électoral, c’est toute l’Assemblée plénière qui est responsable de l’exacerbation de la tension politique découlant du chaos électoral perceptible dans toutes les provinces du pays. Simaro Ngongo Mbayo évoque sérieusement « la débandade technique de l’opération d’identification et enrôlement des électeurs qui ne garantit aucune crédibilité de fiabilité du fichier électoral ». Depuis son amorce, écrit-il, l’enrôlement des électeurs est un fiasco total./mediascongo.net

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