Déjà, au lendemain de son acquittement, Vital Kamerhe, revenu dans le pré-carré du chef de l’Etat, est vite pressenti par une certaine opinion comme probable remplaçant de Sama Lukonde au regard de l’accord de coalition de Nairobi de décembre 2018 instituant le Cap pour le changement (CACH). Cependant, des sources bien introduites à la Cité de l’UA anticipent que l’ancien colistier de Félix Tshisekedi pourrait jouer plusieurs rôles en même temps.
Après s’être affiché aux côtés de l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, des soupçons sur les prochaines fonctions de l’ex-directeur de cabinet se sont directement répandus. Le surnommé pacificateur jusqu’au-boutiste devrait assumer le rôle de Haut Représentant de la République chargé de suivi du processus de paix à l’est du Congo. Même si officiellement une telle nomination n’est encore faite jusqu’à aujourd’hui, le fait est.
Le safari entamé par Vital Kamerhe dans l’est n’est pas anodin. Même si publiquement, il s’agit d’une tournée pour appeler les animateurs des groupes armés à se désengager, la mission va bien plus loin. Sous les coulisses, l’ancien directeur de cabinet du président congolais faufile déjà ses nouvelles charges lui confiées par la haute hiérarchie.
Pourquoi Vital Kamerhe a-t-il choisi l’est?
Sans passer par 4 chemins, on reconnaît en Vital Kamerhe un leader incontestable dans la majeure partie de l’est, dont le Nord et le Sud-Kivu. Et cela arrange peut-être bien les calculs. Le secrétaire général du MVDC soutient que le président de l’UNC est porteur d’un plan concocté à l’international en complicité avec Kinshasa.
Dans une alerte à l’opinion, Augustin Bisimwa prévient que l’ancien directeur de cabinet est dans la contrée pour préparer la mémoire collective à une initiative déjà très poussée, celle de la balkanisation, qui tend à sortir ses griffes. Pour étayer sa thèse, l’acteur politique rappelle le récent séjour d’Olusungun Obasanjo, ancien président nigérian, impliqué dans la scission du Soudan ainsi que dans l’accord du 23 mars 2009 entre le CNDP de Laurent Nkunda et le gouvernement congolais, accord qui a ressuscité le M23 qui bouscule actuellement le Nord-Kivu.
Dans la même alerte, Augustin Bisimwa prévient que le plan triangulaire proposé par Vital Kamerhe, celui d’un dialogue avec les pays sous-régionaux avec en tête le Rwanda et l’Ouganda, est effectivement celui voulu par les Nations-Unies tel que présenté par Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, lors d’une interview accordée à la presse française en début de la semaine dernière.
« Il est venu pour préparer l’opinion par rapport à un plan. C’est après la réunion avec Obasanjo que Vital a entamé une tournée dans l’est. Le plan est d’avoir un fils de l’est qui est écouté pour préparer la mémoire collective en prélude d’un plan. Vous sentez qu’il propose le dialogue avec le Rwanda et l’Ouganda, le même plan que propose l’ONU. Un complot international qui va être exécuté par certains de nos fils », explique-t-il.
Puis, il plonge la communauté congolaise dans une réflexion tout à fait légitime sur les rapports bilatéraux entre Kinshasa et Kigali. De ses interrogations, il estime que la position prise par le gouvernement congolais est simplement équivoque pour endormir le peuple congolais sur ce qui pourrait bientôt arriver. D’une part, il constate que Kinshasa multiplie des dénonciations alors que de l’autre, il refuse de rompre les relations diplomatiques et économiques avec son agresseur, le Rwanda. Ce qui, dans la coopération entre États, est inadmissible, sauf s’il s’agit de souffler le chaud et le froid.
Que faut-il craindre?
Ensuite, à lui de renchérir que sous peu, un dialogue pour trancher sera imposé à la RDC. Déjà en position de faiblesse face au Rwanda et à l’Ouganda, Kinshasa n’aura plus aucun autre choix que celui d’acquiescer le plan déjà bien ficelé, celui de l’émiettement des provinces de l’est du pays.
« Les 2 pays [Ouganda et Rwanda] pourraient brandir un cahier des charges riches qui nous étouffe et dans ce dialogue là, le principe sera celui d’un consensus et la voie de la majorité. Et eux négocieront en position de force avec Bunagana qu’ils contrôlent déjà. Je demande aux membres de l’Union sacrée de nous expliquer comment vous dites que le Rwanda nous agresse mais vous restez en relations diplomatiques avec lui. Parce que l’ambassadeur du Rwanda est toujours à Kinshasa. Vous indexez un pays mais vous restez dans une relation diplomatique et économique avec lui », dénonce Augustin Bisimwa.
Au regard des faits, le secrétaire général du MVDC exhorte les Congolais à rester sur leur garde. Il prévient que pour des raisons politiques et économiques, des acteurs nationaux sont prêts à tout mettre au prix. D’ailleurs, il insiste que le pays devra s’interroger si dans les prochains jours, le M23 décidait de se retirer sans bruits des localités conquises au Nord-Kivu. Car, pour lui, tout cela ne sera que les résultats des conciliables engagés à l’insu du peuple.
« Il y a un plan qui est en train de s’accomplir mais faisons très attention. Il y a un plan qui va être exécuté par certains politiciens de notre pays au nom de la négociation du 2e mandat. Il y a même lieu de voir le M23 se retirer même sans coup de balles et nous allons seulement applaudir mais entre-temps, il y a derrière cela un cahier de charge qu’on aura soumis à la RDC. Et là, on va signer mais le peuple ne sera pas au courant. On est là en face d’une théorie de complot international avec une ramifications au niveau des institutions congolaises », prévient-il.
Ce qu’on sait pour l’instant, c’est qu’une force sous-régionale à laquelle fait partie l’Ouganda [et le Rwanda qui suivra la situation à partir de son sol] est en cours de déploiement dans les provinces instables de l’Est. Après les Burundais au Sud-Kivu, les troupes kényanes sont également entrées au pays par Ishasha, au Nord-Kivu, plutôt que par Bunagana tel que le président Tshisekedi l’a récemment indiqué à RFI et France 24 à New-York. Officiellement, ces troupes viennent combattre tous les groupes armés dont le M23.
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