Les travaux de la Commission sur le partage des entreprises publiques entre le FCC-CACH, à Plazza Rotana Hôtel, ont franchi leur dernière ligne. Les deux parties se sont accordées sur la clef de répartition de dix entreprises de l’Etat congolais. Au terme du compromis, le Front commun pour le Congo (FCC), plateforme de l’ancien Président Joseph Kabila, se retrouve avec six postes de Directeur général (DG) et cinq de Président du Conseil d’administration(PCA). Par contre, le CACH, famille politique de l’actuel chef de l’Etat, s’en tire avec 4 Dg, déclare Ferdinand Kambere, Secrétaire permanent adjoint (SPA) du PPRD, joint au téléphone hier par Forum des As.
Selon la source, le gros du travail est déjà fait. » A présent, il ne reste plus qu’à faire le toilettage du rapport final de la Commission ad hoc, avant que ledit document ne soit déposé sur la table de Félix Tshisekedi « , renseigne Ferdinand Kambere, qui ne donne cependant aucune précision quant à la date de la fin effective des travaux de la Commission.
Toutefois, le SPA du principal parti politique du FCC, précise que le nettoyage dont il est question ici, porte essentiellement sur les noms de différents candidats proposés par les deux plateformes de la coalition au pouvoir. Dans ces conditions, il ne serait pas surprenant que la série d’ordonnances du Président de la République, portant nomination de nouveaux mandataires à la tête des entreprises du portefeuille, soient rendues publiques dans un proche avenir.
« PLACE AUX DEMOCRATES FILS MAISON »
Dans cette nouvelle perspective de redistribution de cartes dans les entreprises de l’Etat, « les démocrates-fils- maison » du FCC, trouveront bien leur place. C’est ce que déclare sur Top Congo, Justin Bitakwira, ancien député national (2006-2011) et ministre du Développement rural du tout dernier Gouvernement du régime de Joseph Kabila. Appel de pieds ?
En attendant l’ultime avis du Chef de l’Etat sur les propositions de la Commission de Rotana Hôtel, plus d’un analyste redoute des frustrations dans le camp des alliés des deux plateformes de la coalition FCC-CACH. Il faut noter qu’après la formation de l’actuel Gouvernement au mois d’août dernier, la plupart des « rescapés » des deux bords politiques, attendent d’être repêchés dans les entreprises publiques. D’autres, dans la diplomatie. Des ambitions certes, légitimes mais qui ne doivent cependant pas être démesurées. Le dernier mot revenant aux deux « commandeurs » de la coalition. A savoir Joseph Kabila pour le FCC et Félix Tshisekedi pour le CACH.
En ce qui concerne particulièrement le CACH, le quota de 4 postes de directeur général qui lui revient, devra se partager entre l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti présidentiel, et son alliée Union pour la nation congolaise (UNC), de Vital Kamerhe, directeur de cabinet de Félix Tshisekedi. Ici aussi, chacun des deux partis politiques devra gérer les « appétits » de leurs amis se trouvant sur le banc d’attente. A priori, on ne saura pas satisfaire tout le monde. Moralité, le partage de responsabilités à la tête des entreprises publiques, sonne l’heure d’un véritable bal de chauves. Pas exclus que des aigris scellent le divorce d’avec leurs anciens partenaires !
RESSUSCITER LES « CADAVRES »
Une chose est de vouloir occuper à tout prix, un poste de Directeur général ou celui de Président du conseil d’administration d’une entreprise publique. Une autre, et la plus importante, est d’avoir une vision claire de ce que l’on doit faire, de manière à insuffler un nouveau souffle de vie à l’entreprise placée à sa direction. Car, au moment où écrivons ces lignes, la plupart des entreprises publiques ressemblent depuis plusieurs décennies à de véritables cadavres.
Historiquement, les entreprises publiques en RD Congo ont progressivement entamé leur descente aux enfers en 1973, après la politique de Zaïrianisation décrétée par feu le Président Mobutu. La situation s’est davantage détériorée à la suite de tristes pillages de septembre 1991 et de janvier 1993. Les rébellions en série après la chute du régime du défunt Maréchal Mobutu en mai 1997, n’ont fait qu’empirer une situation déjà désespérée de nos entreprises. A preuve, la Gécamines, la Miba, la Sncc, l’Onatra….listées parmi les principales contributrices – pour ce qui est de deux premières – du budget de l’Etat, sont l’ombre d’elles-mêmes.
Tout le malheur est qu’hier comme aujourd’hui, la fonction de mandataire public est hyper politisée. Le jeu se jouant depuis peu, entre les partis politiques, des compétences indépendantes sont généralement sacrifiées sur l’autel du clientélisme politique. Dans ces conditions, il est bien évident que la personne nommée, soit Directeur général, soit PCA de telle ou de telle autre entreprise de l’Etat, ait des comptes à rendre principalement à celui qui l’a placée à ce poste. Par rapport à l’état des lieux chaotique, et presque calamiteux dans les entreprises du portefeuille de l’Etat congolais, nombreux sont des analystes qui suggèrent la dépolitisation des mandataires publics. Hélas. La voix de ces Congolais semble être une cause bien perdue à l’avance.
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