Le sénateur Augustin Matata Ponyo accuse son président Modeste Bahati Lukwebo d’être en complicité avec le procureur général près la Cour constitutionnelle afin de l’arrêter. À l’en croire, le fait de ne pas vouloir rétablir ses immunités parlementaires et libertés de mouvements malgré l’arrêt de la Cour constitutionnelle, qui s’est déclarée incompétente dans l’affaire qui le liait à la justice, est une violation flagrante de la constitution.
Face à cette situation, Matata Ponyo annonce qu’il va à nouveau saisir le secrétaire général des Nations-Unies comme il l’avait fait la fois passée.
« Les actes qu’il est en train de poser sont en violation flagrante de la constitution, c’est le seul pays au monde où on peut voir un Président du sénat refusait d’appliquer une décision de la haute Cour où est-ce que vous avez vu ça 61 ans après l’indépendance? Je vais m’adresser au secrétaire général des Nations-Unies, qu’est-ce-que vous voulez que je fasse ? Je vais lui écrire de nouveau, qu’est-ce-que je peux faire ? », s’est-il interrogé devant la presse à sa sortie de la plénière tenue jeudi 9 décembre.
Augustin Matata Ponyo continue à clamer son innocence. Il dit n’être pour rien dans tous les dossiers pour lesquels il est accusé de détournement. Il pense que comme le Sénat doute de son innocence, il est important de convoquer toutes les personnes en lien avec ses dossiers.
« Vous dites que quelqu’un a détourné 140 millions USD, deux semaines après, le procureur qui a écrit qu’il a détourné 140 millions USD dit je vous présente mes excuses et je vous demande pardon. Deuxièmement, Bukanga Lonzo, on dit Monsieur Matata a détourné 204 millions USD, et on dit ceci c’est Monsieur Christo Grobler, Responsable de la société Africom qui était le gestionnaire du Parc Agro Industriel il m’a remis ça, l’inspecteur général des Finances Jules Alingete le confirme, le procureur général Jean-Paul Mukolo le confirme, Monsieur Chriscobert arrive ici à Kinshasa, ça fait 1 mois et demi qu’il est ici, l’inspecteur général des finances le fuit, le procureur général le fuit, lui-même il passe à la télévision pour dire je suis ici pour témoigner que je n’ai rien donné à Monsieur Matata Ponyo », a-t-il déclaré.
Et de poursuivre :
« Mais si le Sénat a besoin de savoir la vérité, il n’a qu’à appeler le procureur général ici, il m’a demandé pardon pour dire vous vous avez dit que Monsieur Matata a détourné 140 millions USD, venez nous dire ici que vous lui avez demandé pardon. Mukolo Jean-Paul est ici à Kinshasa, il n’est pas en Europe. Monsieur Christo Grobler, il est ici que le sénat l’appelle. Monsieur Bahati est entrain de dire des choses que même un enfant de 10 ans ne peut pas accepter, vous êtes président du bureau du sénat, vous voulez savoir si Monsieur Matata a détourné l’argent mais les deux personnes qui sont intéressées sont ici, il n’a qu’à les appeler. C’est de l’acharnement, du chantage. C’est douloureux et honteux pour un pays ».
La Cour constitutionnelle s’était déclarée incompétente dans l’affaire mettant en cause l’ancien Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, l’ancien ministre délégué aux finances, Patrice Kitebi et le responsable de la Société AFRICOM, Christo Grobler, concernant la débâcle du projet Bukanga Lonzo. Statuant sur les exceptions soulevées par les avocats de trois prévenus, la Cour a relevé qu’elle n’est compétente que pour juger le Président de la République et le Premier ministre pour les infractions commises par eux dans l’exercice de leurs fonctions et même en dehors de celles-ci ainsi que pour juger leurs coauteurs et complices.
Toujours selon la Cour constitutionnelle, cette compétence constitue un privilège de juridiction qui prend fin à la cessation de fonction de Président de la République et du Premier ministre et ces derniers redeviennent alors justiciables des juridictions ordinaires. La Cour a ainsi relevé que Matata Ponyo n’étant plus Premier ministre, n’est plus justiciable de sa juridiction et ses co prévenus aussi ne relèvent pas de sa compétence.
actualite.cd