Secteur du ciment : les marchés des importateurs grignotent les entreprises locales

En RDC, plusieurs tonnes de ciment sont importées illégalement et sont souvent vendues à un prix non concurrentiel. Une situation qui met en mal les industriels locaux.

Ces derniers sollicitent l’aide du gouvernement congolais. Pour faire face aux fraudes et à la concurrence déloyale dans ce secteur, les cimentiers suggèrent à l’état de prendre un certain nombre des mesures pour sauver l’industrie local.

Face à la rude concurrence des pays limitrophes de la RDC, les entreprises locales en appellent à l’intervention de l’État congolais pour protéger l’industrie locale dont les cimentiers sont victimes à plusieurs reprises de concurrence déloyale favorisée par les services de l’État. Ces industries contribuent à la croissance économico-sociale par la création de plusieurs emplois mais aussi des paiements de taxes. Toute politique incitative et promotrice de l’industrie locale a un prix à payer, par l’État, au titre des dépenses fiscales : arrêter des mesures de politique fiscale pour apporter un soutien financier aux entreprises locales afin d’inciter la création de richesse sur laquelle l’État va prélever ses impôts et taxes. C’est dans ces conditions que le gouvernement pourra épargner une industrie locale fragile comme c’était le cas avec la Cimenterie de Lukala (CILU) où il y a eu licenciement du tiers du personnel à la suite de l’envahissement du marché par la vente du ciment angolais à moindre coût. Pour les cimentiers locaux, cette mesure permettrait de sauver la seule industrie de transformation du potentiel enfoui dans le sous-sol du pays en richesses consommables localement. Dans la partie ouest de la RDC, l’industrie cimentière s’est dotée d’équipements et de technologies de génération récente et d’une durée de vie moyenne de 50 ans. Des centaines de millions de dollars américains ont été investis parfois dans des périodes difficiles de préparation des élections. 

Pourtant, la situation a changé au début du mois de septembre. Jean-Lucien Bussa, alors ministre du Commerce extérieur, a décidé d’accorder une dérogation à la mesure de restriction visant les importations du ciment gris et du clinker dans la partie ouest de la RDC. Sur le terrain, renseigne la lettre du ministre, il y a un besoin d’approvisionnement du marché intérieur. Par ailleurs, en difficulté dans la mobilisation des recettes, il s’avère indispensable de redynamiser le commerce transfrontalier qui ne représente pas 20 % des recettes de douanes et accises en RDC. Et puis, rien n’empêche le pays d’être plus compétitif et présent dans les marchés africains. Il suffit juste de créer de la valeur ajoutée.

IT/La taxation influence négativement la compétitivité

S’il faut se référer aux chiffres, il y a lieu de savoir que pour la partie Ouest, sur les 3,2 millions de tonnes de capacités installées du secteur de la cimenterie ne sont utilisées qu’à peine 40%. Pourtant, il s’agit d’une demande en phase avec la demande locale qui reste très faible. Par conséquent, tout besoin supplémentaire devrait théoriquement trouver une réponse appropriée à l’intérieur du pays. Mais ce n’est qu’en théorie. En effet, le pays est vaste. Actuellement, le marché est quasiment contrôlé par trois principaux acteurs situés au Kongo Central. Pour l’heure, il n’existe que de nombreux projets de construction de chaîne de production intégrée dans la partie centre et la partie Est du pays. Les provinces citées correspondent à ces zones en carence d’industrie cimentière. 

Mais le débat est bien ailleurs. Il serait dommage que la RDC prenne des raccourcis à chaque fois pour sauver l’industrie locale, notamment ces mesures d’interdiction des importations de produits ciblés, au lieu d’attaquer le problème à la racine. La taxation influence négativement la compétitivité : Les coûts de production de l’industrie cimentière de Brazzaville sont plus faibles du fait de la fiscalité plus attractive. Il nous appartient de faire de même pour tenir compte à notre voisin dans un marché libre. Encore une fois, il revient aux autorités de la RDC de s’impliquer autrement qu’en jouant simplement avec des mesures contreproductives.

Les producteurs locaux, soumis à une fiscalité excessive, ne cessent de se plaindre de ce régime d’exception et de la fraude qui en a découlé. Peu favorisés, les cimentiers locaux sollicitent l’implication du gouvernement des «Warriors» pour, entre autres, instaurer une nouvelle politique fiscale en faveur des entreprises locales. Il est donc important que l’État congolais protège et encourage les acteurs du secteur du ciment en RDC qui contribuent au budget de l’Etat par le paiement notamment d’impôts, taxes et redevances.

T/Concurrence déloyale des multinationales : Les cimentiers locaux en appellent à l’implication de l’État

Face à une relative croissance des chantiers immobiliers (logements et édifices publics) et d’infrastructures de base (routes, ponts, ports, aéroports, barrages et centrales électriques, usines de traitement d’eau, sauts-de-mouton, etc.), le gouvernement congolais a autorisé l’importation annuelle de 100.000 tonnes de ciment gris du Congo-Brazzaville pour combler le déficit de 400.000 tonnes de l’offre sur le marché dans le Grand Équateur, la Grande province Orientale et le Grand Kasaï (ouest de RDC). Pour ce faire, l’Exécutif national avait décidé d’exonérer le ciment gris importé par les entreprises inscrites au programme présidentiel de construction des infrastructures du pays, dénommé «Cinq chantiers». Certaines d’entre elles ont profité de ce régime fiscal – du reste reconnu par le Code des investissements et par des conventions particulières – pour commercialiser le ciment importé. Officiellement, la décision du gouvernement a contribué à pénétrer le marché intérieur et baisser le prix de ce produit. Il va découler de cette nouvelle donne la  surproduction sur le marché du ciment. Et la RDC n’a pas d’autres solutions que de s’adapter et de réduire les coûts de production. À cet effet, les cimentiers locaux sont peu favorisés. D’ailleurs, le déficit en électricité, conjugué aux importations frauduleuses, a été l’une des raisons de l’arrêt de cimenteries. Ainsi, la mise en service de la Cimenterie Kongo (CIMKO), un partenariat entre le groupe Rawji et le pakistanais Lucky Cement, a été conditionnée à l’installation d’une ligne de transport électrique de la Société nationale d’électricité (SNEL).

IT/Assainir et éradiquer l’entrée massive et frauduleuse des ciments

Le coût et les modalités de transport sont d’autres conditions. Là encore, le pays de Félix Tshisekedi est pénalisé.

Cette concurrence déloyale des pays frontaliers tels que le Congo-Brazzaville, l’Angola, le Rwanda, la Zambie et même de la Chine a un impact négatif sur le revenu des cimentiers installés sur le territoire national. Il y a, entre autres, la baisse de revenus et d’emplois. Certains consommateurs s’étonnent des motivations des services de l’État qui autorisent l’entrée et la commercialisation des ciments des mauvaises qualités. Des sources (architectes) affirment que ces produits pourtant emballés dans des conditionnements de 42.5 n’atteignent pas les résistances du 32.5 Mpa (Méga pascal) après 28 jours. Ces importateurs abusent ainsi de la cupidité de leur complice au sein des services de l’État mais aussi et surtout de la naïveté des citoyens qui s’exposent à des risques d’effondrements de leurs bâtisses pendant les saisons pluvieuses. Il est noté à la fois la fraude sur la qualité avec des risques d’effondrement ; la fraude fiscale et douanière.

Raison pour laquelle le gouvernement des Warriors est appelé à instaurer une nouvelle politique fiscale en faveur des cimentiers locaux. Il est donc important que l’État congolais prenne en compte les revendications de cimentiers congolais pour affermir la croissance du pays et contribuer à l’inclusion sociale de tous les Congolais. Des efforts considérables devront être consentis pour développer un modèle qui associe expansion des activités et responsabilité de ces entreprises dans le développement solidaire du pays. D’autant plus que la finalité des activités des cimentiers c’est essentiellement la construction d’infrastructures de base qui favorisent l’intégration économique des communautés locales pour l’amélioration du bien-être.

Face à ces importateurs, le gouvernement devra donc protéger et encourager les acteurs du secteur du ciment en RDC qui, à travers leur contribution au budget de l’Etat par le paiement d’impôts, taxes et redevances ainsi qu’à la création des richesses et d’emplois, accompagnent le gouvernement pour atteindre l’objectif d’une RDC prospère et pérenne.

Il est donc nécessaire de prendre des décisions pour assainir et éradiquer l’entrée massive et frauduleuse des ciments aux postes frontaliers, comme c’est le cas dans es pays d’où sont issues ces entreprises, utilisées pour tuer le secteur de la cimenterie congolaise.

mediacongo.net

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