Salomon Kalonda, les 100 jours de chemin de la croix

Le conseiller spécial de Moïse Katumbi Chapwe continue de broyer du noir dans les geôles de la prison militaire de Ndolo à Kinshasa. Son procès piétine et tous les plaidoyers en sa faveur ne semblent aucunement heurtés la sensibilité du pouvoir politique et judiciaire congolais. À 100 jours de détention, le haut représentant d’Ensemble pour la République pour le grand Kivu, passe pour une personnalité sacrifiée.

Ses avocats, ses proches et sa famille se demandent pourquoi Salomon Idi Kalonda Della ne peut-il pas bénéficier des mêmes largesses judiciaires pour ne fut-ce que jouir du droit de se faire soigner au pays ou à l’étranger. « Si l’on compare le cas Salomon Kalonda à celui du conseiller Biselele, il est fort à considérer que Monsieur Biselele a totalisé quasiment le même nombre de jours à Makala. Ce qui suppose que dans les mêmes circonstances, Salomon Idi devrait être remis en liberté », a fait observer un expert en droit. Il soutient qu’en matière pénale, lorsque le tribunal acquitte quelqu’un, c’est qu’il a réalisé que les faits pour lesquels la personne était poursuivie n’étaient pas établis. Ce qui est le cas pour le conseiller du candidat président de la République Moïse Katumbi Chapwe. Alors que l’ancien conseiller privé de Félix Tshisekedi était accusé de « trahison, atteinte à la sûreté de l’État et propagation de fausses nouvelles », Salomon Idi Kalonda, quant à lui, fait l’objet de plusieurs accusations toujours non étayées jusqu’ici. Son parti politique Ensemble pour la République a toujours clamé son innocence, estimant qu’il fait l’objet d’un montage grossier des services, en vue de nuire à sa personne et à l’organisation politique à laquelle il appartient, précisément en ce moment déterminant où approchent des élections. ” Cette cabale est orchestrée suite à la montée en puissance de l’opposition politique et particulièrement du président national du parti Ensemble pour la République. En définitive, c’est une affaire politique et non judiciaire “, avait déclaré, Dieudonné Bolengetenge, le secrétaire général d’Ensemble.

– Dossier toujours vide –

Le procès de Salomon Idi Kalonda, conseiller spécial de l’opposant Moïse Katumbi, avait démarré le jeudi 17 août devant la Cour militaire de la Gombe, à Kinshasa, après son interpellation en mai par les services de renseignements militaires. Inculpé de trahison par intelligence avec le Rwanda, le bras droit de MK fut arrêté pour détention d’une arme, mais l’infraction n’a pas été retenue par le parquet militaire. L’arme appartenait en réalité à un garde de l’ex-PM, Augustin Matata . Le point sur les charges pesant sur cet homme-clé du dispositif politique et électoral de Moïse Katumbi laisse l’opinion publique congolaise sans conviction. Les accusations portent d’abord sur la « trahison en temps de guerre ». Le procureur affirme que, ces trois dernières années, le conseiller spécial de Moïse Katumbi a entretenu des contacts avec l’assistant du chef militaire du M23 et avec des officiers rwandais, notamment le « Monsieur sécurité » du président Paul Kagame, son conseiller principal et le commandant des forces spéciales rwandaises. Avec eux, Salomon Kalonda aurait, selon l’acte d’accusation, échangé des communiqués de l’opposition congolaise sur la situation du pays.

L’autre charge porte sur l’atteinte au secret de la défense nationale. Le procureur militaire met en cause Salomon Kalonda pour des images qu’il a reçues via WhatsApp de nouvelles tenues et bottines choisies par la hiérarchie militaire congolaise pour dotation aux unités de l’armée. Des images transmises par un agent de l’Agence nationale des renseignements (ANR). Troisième accusation : le procureur reproche au conseiller de Moïse Katumbi d’avoir utilisé un lieutenant-colonel de l’armée congolaise à Kinshasa comme chauffeur privé. Pour toutes ces infractions supposées fausses, Salomon Idi Kalonda encourt la peine de mort, commuée en prison à perpétuité. Ses proches et le parti Ensemble pour la République dénoncent une cabale et des montages grossiers du régime, dans le but d’affaiblir et discréditer Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle du 20 décembre 2023 en RDC.

/ouragan.cd