Plus de 50 personnes ont été tuées mardi soir sur un site de déplacés dans le territoire de Djugu, en Ituri, en République démocratique du Congo. Ce bilan confirmé par le gouvernement congolais peut être plus lourd, d’après les sources locales. L’attaque a été attribuée aux miliciens de la Coopérative pour le développement du Congo (Codeco). Les victimes ont été achevées par armes à feu et à coup de machettes.
Avec notre correspondant à Kinshasa, Patient Ligodi
L’attaque a été particulièrement violente. Les assaillants sont arrivés sur le site à une douzaine de kilomètres de Djugu-centre, à 21 heures, heure locale. Ils ont tiré à bout portant sur ces déplacés. Certaines victimes ont été achevées à coups de machette, selon les rescapés. Les vieillards, les enfants, les handicapés n’ont pas été épargnés.
Le bilan reste provisoire mais il est d’ores et déjà très important. Les sources locales rapportent au moins 36 blessés par machettes et armes à feu. Parmi les victimes, il y a une dizaine d’enfants dont des élèves.
Dans le camp de plaine de Sabo, un groupe armé a attaqué le site qui regroupe à peu près 24 000 personnes déplacées déjà à cause des violences. Ça a été un réel massacre. Les premières estimations font état de plus de 59 personnes tuées, plus de 40 personnes blessées […]. C’est un réel massacre qui fait partie d’une recrudescence récente des attaques délibérées et ciblées contre les sites de déplacés. Et c’est purement inacceptable.
Les pertes seraient encore plus lourdes sans l’intervention des soldats de la Monusco. Positionnés à une dizaine de kilomètres du lieu, les casques bleus sont arrivés une demi-heure après l’incursion. Après échanges des coups de feu pendant environ deux heures, ils ont réussi à repousser les miliciens et à sécuriser le site le reste de la nuit.
Les casques bleus et les militaires congolais ont eu d’autres accrochages dans la zone avec ces miliciens jusque tard dans la nuit. Des patrouilles conjointes Monusco-FARDC se sont poursuivies jusqu’à mercredi matin.
Le site qui a été attaqué regroupait plus de 20 000 personnes, réfugiées à cet endroit après avoir fui les violences dans d’autres contrées de la région. Les attaques contre les sites de déplacés se sont multipliées ces derniers mois en Ituri, accentuant la crise sécuritaire et humanitaire dans la région.
La milice Codeco s’est montrée davantage violente depuis l’année dernière, visant des cibles très vulnérables. Selon l’ONU, en 2021, les combattants de ce groupe ont tué au moins 127 personnes dont plus de 90 enfants. Les mêmes miliciens ont également effectué au moins 18 attaques contre des écoles.
Ce mercredi, les députés nationaux originaires de la province de l’Ituri ont notamment exigé le changement de la chaîne de commandement de l’Armée dans cette province.
Ce camp de déplacés a été attaqué par des miliciens probablement d’une faction des milices Codeco, et plus précisément d’une faction qui s’appelle URDPC. Les Codeco c’est un groupe relativement mystérieux dont on ne connaît pas très bien les objectifs politiques, qui semblent aussi motivés par des croyances particulières donc ce n’est pas toujours facile de décrypter pourquoi ils mènent telle ou telle attaque…
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