RDC-MUNUSCO :«Diagnostics et perspectives»[Tribune du Ph.D Emmanuel Kayembe Ngubo]

La crise entre le gouvernement de la RDC et la MONUSCO est difficilement saisissable, surtout lorsque l’on pense que leur partenariat a évolué pendant plus de deux décennies.

En effet, vu le résultat mitigé des actions menées par la MONUSCO dont les missions principales à l’est de la RDC étaient la lutte contre les forces négatives et la protection des populations dans les zones des combats.

La situation s’est détériorée à partir de 2019. Cette détérioration a été marquée par la multiplicité des groupes armés et mouvements de rébellion. La situation a été exacerbée par l’extermination méthodique de la population dans l’ITURI, au NORD KIVU et au SUD KIVU, les viols systématiques des femmes et jeunes filles, la décapitation des populations non combattantes et les attentats à la bombe dans les églises et bistrots au NORD KIVU.

Lorsqu’on observe les moyens financiers, logistiques et humains que possèdent la MONUSCO, il y a lieu de s’interroger sur la raison d’être de cette structure des Nations Unies qui donne l’impression d’être obsolète, voire même dépassée par la nature de la violence, et de ne pas comprendre comment l’insécurité continue d’écumer l’est de la RDC.

Face à cette situation désespérée et explosive à la fois, la population réclame le départ immédiat de la MONUSCO. Il faut aussi compter avec les discours des autorités congolaises lors de leurs différents périples à KISANGANI, GOMA, BUKAVU. C’est surtout le meeting populaire du Président du Senat de la RDC, l’honorable Bahati appelant la population à se prendre en charge qui constitue le détonateur des attaques contre les agents et installations de la MONUSCO.

Ces violences ont été condamnées et dénoncées par l’opinion congolaise, française et américaine, sans oublier l’Organisation des Nations Unies ainsi que des organisations non gouvernementales.

Comme si cela ne suffisait pas, il y a eu l’incident du poste frontalier de KASINDI où les éléments tanzaniens de la MONUSCO ont commis des actes inamicaux et meurtriers par rapport a leur mission dans le pays d’accueil qui est la RDC. Et cela en tirant sur les agents de sécurité et la population civile pour finir par entrer par effraction sur le territoire national congolais. Il y a eu plusieurs morts et des blessés graves.

C’est dans ce climat délétère que sont intervenus les propos du porte-parole de la MONUSCO, faisant pratiquement l’apologie du M23, à savoir: ‘’ le M23 est mieux armés que la MONUSCO ’’. Le gouvernement congolais n’a pas apprécié cela. Par contre, pour la MONUSCO, son porte-parole n’a fait que confirmé ce qu’à relevé en son temps Madame BINTU KEITA devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies. Je la cite: ‘’le M23 possède des armes sophistiquées qu’on ne retrouve généralement pas dans une rébellion’’. Ils ont des armes capables d’abattre des aéronefs. Et donc, la MONUSCO pense qu’il n’y a pas àcondamner son porte-parole qui est sur la même lancée.

Pour le Gouvernement de la RDC cette prise de position du porte-parole de la MONUSCO pèche contre l’attitude de réserve que ce communicateur devrait observer, au lieu de donner l’impression de faire le lit du M23 et de KIGALI. C’est ce qui justifie pour la partie congolaise l’expulsion du porte-parole de la MONUSCO.

Sur le plan diplomatique, rappelons brièvement que depuis son accession à la magistrature suprême, le cinquième Président de la République Démocratique du Congo, monsieur Felix Tshisekedi Tshilombo a multiplié les voyages à l’extérieur de son pays dans la perspective d’une diplomatie agissante avec le but en tête de ‘’briser l’isolement diplomatique et laver l’image de son pays par rapport au monde extérieur‘’. Le nombre de ses voyages est impressionnant, le président Félix Tshisekedi Tshilombo ne s’en fait pas, pourvu qu’il arrive à gagner la faveur de l’opinion internationale et que le pays réponde présent au concert des nations.

Cette tension avec la MONUSCO risque d’hypothéquer dangereusement le travail de mise en orbite de la diplomatie congolaise par le chef de l’Etat de la République Démocratique du Congo d’une part, et d’autre part fragiliser la posture défensive des FARDC qui continue à bénéficier du soutien logistique et de la couverture aérienne des forces de la MONUSCO. Jusqu’à présent BUNAGANA est entre les mains des forces d’occupation rwandaises et M23. Et donc l’appui de la MONUSCO reste essentiel et doit continuer parce que KIGALI n’a pas encore étalé son grand jeu par rapport à ses ambitions à l’Est de la RDC.

A moins que le départ précipité de la MONUSCO soit plutôt une stratégie politique ou un agenda du gouvernement de la RDC sur le plan intérieur pour organiser les élections présidentielles prochaines sans la présence des forces de la MONUSCO sur son territoire, nous en appelant de tous nos vœux à ce que les deux partenaires puissent rentrer dans leurs premiers amours pour travailler ensemble. Il faut surtout éviter le départ précipité de la MONUSCO et mettre sur pied un processus clair avec des échéances bien déterminées pour le désengagement de la force onusienne en RDC.

La voie royale est qu’un cessez-le-feu soit observé entre la RDC et la MONUSCO. D’ailleurs le dernier rapport des experts des Nations Unies établit noir sur blanc l’implication du Rwanda au côté du M23 dans cette énième guerre d’agression.

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