En République Démocratique du Congo (RDC) l’histoire a tendance à se répéter et cela dans presque tous les domaines. Du coup, les Congolais ont l’impression de vivre les mêmes événements depuis plusieurs décennies.
Pour se qualifier pour la Coupe du monde en 1974, dont la phase finale s’était jouée en Allemagne, les Léopards du Zaïre de l’époque devraient livrer un match de barrage contre les Lions de l’Atlas du Maroc. 49 ans après, l’histoire se répéte. Pour aller au Qatar (en juin de cette année), les fauves congolais auront une double confrontation contre les Marocains le 25 mars à Kinshasa et quatre plus tard à Casablanca.
» Félicitations pour la victoire de ce soir et je vous rappelle que nous sommes à 180 minutes du Qatar ». C’est ainsi que le chef de l’Etat congolais, Félix-Antoine Tshisekedi, s’était adressé aux joueurs à l’issue du match contre le Bénin, au stade des Martyrs. A l’entraîneur Hector Cuper, il avait eu ces mots : « Vous avez le devoir de nous amener à la coupe du monde ».
Pour cette exhortation et aux joueurs et à l’entraîneur, Félix-Antoine Tshisekedi demandait à tout le monde de se mettre au travail. Et pour gagner un match de football, le travail se fait sur un terrain. Curieusement, en RDC, le match contre le Maroc se prépare dans des bureaux, dans les médias.
Ainsi, voit-on presque chaque jour le ministre des Sports, Khonde recevoir des artistes-musiciens dans son cabinet. A ces musiciens, il leur demande de mobiliser les Congolais – à travers des chansons – afin d’apporter leur soutien total aux Léopards pour arracher la qualification contre les Lions de l’Atlas. Et moi de me poser cette question : à quoi peut-on attendre d’une équipe qui ne se prépare pas même si ses supporters sont chauffés à blanc ?
Ce n’est pas tout. A quelques deux semaines de cette rencontre, c’est le ministre des Sports qui donne de la voix. Les dirigeants de la Fédération congolaise de football association (Fecofa) sont irréparables, introuvables, inaudibles… Personne ne sait ce que fait l’instance faîtière du football congolais quant à la préparation de cette rencontre aussi importante pour la RDC. Et là aussi, une autre question s’impose : entre le ministre des Sports et la Fecofa, à qui revient la charge de la préparation de l’équipe natioanle ?
Sur terrain, le ministre des Sports donne la nette impression de faire tout seul : celui qui parle du dossier Mescahk Elia. Celui qui organise la mobilisation des supporters pour le 25 mars. Celui qui reçoit les différentes structures de soutien aux Léopards… Et comme cela ne suffisait pas, c’est le Secrétaire général aux Sports qui annonce la prime allouée aux joueurs dans les médias. Et cela, avant qu’il ne soit contredit par le ministre Khonde.
Ce théâtre politico-sportif me rappelle celui qui avait entouré la préparation de la finale de la Ligue des champions entre l’As V.Club et l’équipe algérienne de Setif en 2014. Avant le match aller programmé à Kinshasa, les joueurs vert et noir étaient reçus à la Primature par le Premier ministre Matata Ponyo. Avant même de jouer le match, les joueurs de V.Club étaient reçus dans presque tous les milieux politiques. André Kimbuta, gouverneur de la ville de Kinshasa et membre influent du club vert et noir, avait fait feu de tous bois. Promettant la coupe au chef de l’Etat de l’époque, Joseph Kabila, il fit appel de fonds de partout.
Aujourd’hui comme hier, le ministre des Sports semble marcher sur les mêmes traces. Il donne l’impression de vouloir s’attirer la sympathie du chef de l’Etat en voulant faire croire qu’il détient une baguette magique pour envoyer les Léopards au Qatar. Je dénonce le fait que certaines personnes semblent profiter de cette rencontre sportive pour se remplir les poches. » C’est devant la porte de la maison qu’on casse souvent la cruche », me rappelle toujours ma mère. Rombaut Kasongo Mabia (RKM), Enseignant à l’Institut facultaire des sciences de l’information et de la communication (IFASIC)./opinion-info.cd