RDC : L’initiative de Félix Tshisekedi paralyse-t-elle l’Etat ?

Le Président Félix Tshisekedi, avec la détermination d’un coureur olympique en espoir de médaille d’or, n’entend plus faire marche arrière, dans sa quête d’une nouvelle majorité parlementaire. Peu importent les moyens pour y parvenir, le successeur de Joseph Kabila s’en tient aux résultats de ses contacts et consultations politiques annoncés pour cette semaine. Ainsi, après son bref message sur un ton grave, adressé à la Nation le vendredi 23 octobre finissant, l’appareil de l’Etat semble quelque peu engourdi à plusieurs égards.

Commençons par le Gouvernement. Le communiqué de la Présidence de la république du mercredi 21 octobre, annonçant le message sus-évoqué de Félix Tshisekedi, informait en même temps du report à une date ultérieure, la tenue de la 55ème réunion du Conseil des ministres, prévue le même vendredi. Dieu seul sait si les membres du Gouvernement vont à nouveau se réunir ce vendredi 1er novembre.

Toutefois, sortir les faits de leur contexte global, on tombe dans le prétexte. L’opinion nationale n’ignore pas les raisons apparentes de la décision du Chef de l’Etat, en lien avec le report sine die de la réunion du Conseil des ministres du vendredi dernier. A savoir, le refus de la majorité des membres du Gouvernement battant pavillon FCC, de participer à la cérémonie de prestation de serment de trois juges de la Cour constitutionnelle, organisée le même mercredi dans la salle de Congrès du Palais du peuple.

Vu de Félix Tshisekedi, ce boycott collectif a été considéré comme une manière explicite de bafouer son autorité. Partant de ce fâcheux précédent, Félix Tshisekedi s’est dit ne pas être disposé de se retrouver en réunion du Conseil des ministres, avec les mêmes membres de l’Exécutif national, absents de la solennité du mercredi 21 octobre au siège du Parlement. Les mêmes causes produisant les mêmes effets.

LE BUDGET 2021 DANS TOUT CA ?

La crise politique actuelle en RD Congo éclate au moment où le Gouvernement Ilunkamba, très en froid avec le Président Félix Tshisekedi, s’apprête à déposer son projet de budget 2021, au bureau de l’Assemblée nationale. Du moment que la formation d’un nouveau Gouvernement reste le principal enjeu des consultations politiques initiées par Félix Tshisekedi, Les membres de l’actuel Exécutif pourrait se comporter en hommes avertis.

Des consultations, des contacts politiques en vue d’une nouvelle majorité parlementaire, il en faut coûte que coûte, aux yeux des acteurs partageant la vision du Président Félix TshisekedI. L’objectif étant de « déboulonner » l’ancien système incarné par la famille politique du président honoraire Joseph Kabila, accusé par le camp de son successeur comme obstacle à la matérialisation de la philosophie de gestion de Fatshi.

Au-delà de cette quête d’équilibres politiques, il faut cependant, reconnaitre que ces consultations ne se feront pas en l’espace d’un ou de deux jours seulement. Bien au contraire. Elles s’étaleront sur plusieurs jours. Encore faudrait-il les commencer effectivement. Une fois ces contacts finis, Félix Tshisekedi devra en endosser les conclusions qu’il présentera dans un nouveau message à la Nation, tel qu’il l’a lui-même promis. Ici aussi, cette étape devra prendre du temps.

Par ailleurs, au cas où les lignes bougeraient effectivement à l’Assemblée nationale, dans le sens que Félix Tshisekedi l’entend, les choses ne se feront pas non plus en un ou deux jours seulement. Cette nouvelle configuration sur fond de partage du pouvoir, exigera des semaines de conciliabules entre les nouveaux alliés. Entretemps, le Gouvernement actuel réputé démissionnaire, sera en mode expédition des affaires courantes, en attendant la mise en place de la nouvelle équipe.

Dans ce même intervalle de temps, le pays risque de ne pas avoir du budget de l’Etat pour l’année 2021. Arithmétiquement, deux mois et deux jours nous séparent de la fin de l’année 2020. Côté Parlement, on n’a plus qu’un mois et quinze jours, pour clôturer l’actuelle session ordinaire de septembre, essentiellement consacrée à l’examen et au vote de la loi des finances 2021. A la suite de la crise actuelle entre le Président Félix Tshisekedi et les deux bureaux des chambres du Parlement, en tout cas, rien ne rassure que le débat général sur le projet de budget proposé par le Gouvernement, à hauteur de 6,8 milliards de dollars américains, pourrait débuter incessamment.

Et, pendant que s’affrontent les acteurs politiques, un véritable malaise couve le secteur de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST), où les enseignants du secteur public, via leurs différents syndicats, menacent débrayer depuis la rentrée de l’année scolaire en cours. La question qui se pose est celle de savoir de quelle manière, l’Etat congolais pourra répondre favorablement aux désidératas des acteurs de ce secteur important de la vie sociale, dès lors qu’il n’aura pas les moyens de sa politique ? A savoir, le budget 2021, supposé prendre en compte les revendications majeures des enseignants des écoles publiques.

A bride abattue, plus d’un analyste estime que l’initiative du Président Félix Tshisekedi, est porteuse de germes de paralysie de la machine d’Etat. S’il est supposé que le Chef de l’Etat ait agi sous l’effet de la colère, à cause de l’absence de toutes les grands figures du FCC, à la manif qu’il a présidée le mercredi 21 octobre au Palais du peuple, les mêmes analystes pensent que ce dernier pouvait prendre son mal en patience et attendre la fin de l’année en cours. Ainsi, il aurait permis aux deux chambres du Parlement, d’examiner normalement le projet de loi des finances reçu du Gouvernement. Hélas !

Forumdesas.org/acturdc.com

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