L’Union sacrée fait salle comble et des places s’y taillent encore pour tous ceux qui souhaitent rejoindre la famille politique du chef de l’Etat. Certes, l’engouement est réel et les fidèles du régime y prospèrent, même si de plus en plus de kabilistes quadrillent l’équipage du navire. Cependant, tous ceux qui s’affichent sous Béton ne nourrissent pas forcément les mêmes ambitions.
Certains, plus fidèles à Félix Tshisekedi, se concentrent sur le second mandat du président de la République. Ils y accordent une priorité d’énergie, d’actions et de pensée. Une deuxième catégorie s’y niche pour échapper à tout hasard d’insécurité politique qui pourrait les exposer à des poursuites judiciaires. Là où l’IGF fourre son nez partout, fouille dans le passé et alerte sur des dossiers dormants de malversation, mieux vaut se tshisekediser. Le troisième groupe d’adhérents de l’Union sacrée est composé des opportunistes à la quête de moyens de survie facile. Cette dernière famille des tshisekedistes qui forme la plus longue file des signataires de la charte fondatrice de la méga plateforme est composée de ceux-là qui s’y précipitent pour figurer sur le tableau de répartition des paquets de campagne. Puisqu’il y en aura certainement dans quelques semaines, dans quelques mois.
Six patrons, un seul boss
Sept gros poissons règnent en dignitaires incontournables de l’Union sacrée en soutien à Félix Tshisekedi : Bahati, Kabuya, Mboso, Kamerhe, Bemba et Sama. Chacun semble méditer sur sa trajectoire. Des multicolores et des tshisekedistes purs s’y accordent. L’objectif étant de rafler un score électoral insoupçonnable aux élections qui pointent à l’horizon. D’aucuns se demandent toujours comment Félix Tshisekedi gère-t-il les contractions internes, les ambitions divergentes lorsqu’on sait que tous ne partagent pas forcément les mêmes valeurs politiques. Si les présidentiables Kamerhe et Bemba n’ont pas encore dit leur dernier mot, il est illusoire de croire que Modeste Bahati a mis ses ambitions en berne. Il est un cacique imprévisible qui ne compte que sur des déceptions de parcours pour rebondir et tangenter. Une simple incompréhension dans l’ancienne majorité de Kabila avait suffi pour qu’il prenne ses distances. Dans cet aréopage d’initiés politiques, Félix Tshisekedi n’a pas fini de travailler.
Veiller aux dissensions et limiter les dégâts
Peu importe ce qui se raconte autour de sa personne, Augustin Kabuya Tshilumba aura été le seul leader clairvoyant qui a courageusement averti les sociétaires de l’Union sacrée sur d’éventuelles catastrophes du parcours de la plateforme. “Il y aura des problèmes, le plus important sera de les régler en famille”, a-t-il conseillé le jour de la signature de la charte de l’Union sacrée. Car, a-t-il, indiqué, “les problèmes commencent”. Déjà, la composition du présidium n’arrange pas tout le monde. Certains leaders qui voyaient Vital Kamerhe hors-jeu ne digèrent toujours pas son intégration magistrale au gouvernement et au présidium. Il en est de même de Jean-Pierre Bemba Gombo, leader du MLC dont l’élévation a quelque peu refroidi les inconditionnels de Félix Tshisekedi dans le grand Équateur. Même à l’UDPS, toutes les sensibilités n’attendaient pas forcément d’assister à l’actuelle configuration de l’Union sacrée.
Tshisekedi tiendra-t-il intacte la machine jusqu’au scrutin de décembre ?
Tout est possible et rien n’est impossible en politique, dit-on. Tshisekedi s’attend à tout et serait suffisamment préparé à tous les cas de figure. Germain Kambinga du parti “le Centre” a partagé une réflexion de grande profondeur : “Gagner l’élection de 2023, c’est obtenir entre 7 et 8 millions de voix. J’ai toujours dit que celui qui gagnera est celui qui aura la meilleure organisation et le plus grand maillage. Avec Bemba, Kamerhe, Mbusa, les kimbanguistes et la jeune garde qu’il a positionné dans les hautes fonctions, le président a une avance certaine. Si l’opposition n’arrive pas à s’unir et à devenir une machine à gagner, il ne faudra pas s’étonner que le président gagne le doigt dans le nez. Il ne faudra pas tromper le peuple ensuite en criant à la tricherie. Il faut s’organiser ou accepter la défaite à venir”. Une analyse lourde de sens. Cependant, la sortie de l’Union sacrée met la puce à l’oreille de l’opposition dans sa grande diversité./diaspora