RDC : les Kinois s’expriment sur la proposition de Ngoyi Kasanji de basculer la présidentielle au suffrage indirect

Le député national Alphonse Ngoyi Kasanji a fait une proposition de basculer l’élection présidentielle au suffrage universel indirect. Selon lui, c’est dans le but de réduire les dépenses et les contestations post-électorales. Mais depuis cette déclaration le 8 septembre dernier, les réactions viennent de partout et cela n’a pas laissé indifférents les habitants de la capitale congolaise, Kinshasa.

Abordée par ACTUALITE.CD, les kinois ont des avis partagés au sujet de cette proposition. Justin Mitundu, quinquagénaire, estime que l’idée est géniale puisque le pays a besoin de l’argent pour d’autres besoins notamment en ce qui concerne le social.

« Quand on va parler du budget à allouer, moi, je suis pour que le parlement s’en occupe. D’abord, où va notre économie ? Qu’est-ce que nous avons ? Rien. Tout change avec le temps, je pense que c’est mieux que le parlement le fasse car cela nous coûtera très moins cher. Et c’est avantageux aussi parce que les autorités peuvent utiliser ce qui va rester pour cette grande pauvreté qu’endure le peuple, cette souffrance qui paraît éternelle. Ce que nous combattons, c’est aller au-delà des dépenses qui sont parfois inutiles », a-t-il dit.

Par contre, M. Christian, trentaine révolue, pense que la démarche n’est pas du tout mauvaise mais il se pose la question sur les intentions de son auteur.

« Parfois quand c’est la population qui vote, elle ne sait pas trop ce qu’elle veut. Elle le fait peut-être par sentiment, je vote pour une personne peut-être parce que j’aime sa tête. Quand c’est le parlement, on peut sous-entendre que ce sont des personnes beaucoup plus averties. Mais le problème, c’est que, vue la corruption et tout ce que nous vivons dans notre pays, même les personnes qui sont censées savoir ce qui est bon pour nous, peuvent détourner cela pour leurs propres intérêts. Cela veut dire que parce que quelqu’un n’est pas de notre famille politique, ni de notre coalition politique, nous n’allons pas voter pour lui. Donc ils ne vont pas voter par rapport à un projet ou son idéal mais ça sera par rapport à l’appartenance politique. D’où ça serait une bonne chose si on avait un parlement responsable, un parlement qui pouvait voter non pas par intérêt de la coalition mais pour le bien du pays. Mais je crois que de toutes les façons, que ce soit le parlement ou la population, ça sera le même problème. Dans notre pays, c’est plutôt le système, notre manière de voir les choses en général. A mon avis, la proposition en soit n’est pas mauvaise mais pour quelles intentions ?», s’interroge-t-il.

Charmant Kiese balaie du revers de la main ce projet et juge non fondées raisons avancées par Ngoy Kasanji.

« S’agissant des élections, je dirai que nos autorités n’ont pas vraiment le souci de ce pays. Nous peuple Congolais avons ce pouvoir de nous choisir les candidats, les députés nationaux n’ont pas ce pouvoir. Donc on ne peut pas toucher aux textes ou articles qui répondent aux normes légales. Je pense que cette démarche n’est pas bonne, on doit nous laisser cette charge parce que la RDC a suffisamment des moyens pour organiser les élections. Peu importe les raisons qu’ils poussent, ce sont des faux arguments. Qu’on nous laisse, à nous population, le choix des candidats. La RDC est un pays très vaste, nous sommes très nombreux, et nous avons normalement ce pouvoir de nous choisir nos candidats », a réagi la vingtaine.

Avec cette proposition, Dieu Nsimba craint la tricherie.

« Je pense que les élections au niveau du parlement ne marcheront pas, c’est au peuple d’élire son président et non les parlementaires. Ce sera une forme de tricherie. En 1960, le parlement a eu à élire le président et il n’y a pas eu une bonne fin. Vaut mieux laisser au peuple le choix de ses dirigeants », argument-il.

Et à Madame Rega de compléter :

« Je pense que ce n’est pas une très bonne idée, parce que le FCC étant majoritaire au parlement, veut confisquer le mode d’accès au pouvoir. Ce qui est de la politique, cela reste un peu louche jusque-là. S’ils opèrent un mauvais choix, la population devra réagir ».

Lors d’une interview accordée à ACTUALITE.CD, le secrétaire général de la conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), l’abbé Donatien Nshole, a dénoncé ce projet et suppose que cette position est justement à l’extrême. Il a rappelé que la population garde encore frais en l’esprit le scandale de corruption qui a caractérisé les élections des sénateurs en 2019. De son côté, Jacques Ndjoli, élu de Boende-territoire et inspecteur général du Mouvement de libération du congo (MLC), qui s’est confié également à ACTUALITE.CD, cette démarche est une manoeuvre de la famille politique de Joseph Kabila afin de fuir le verdict du peuple qui est le souverain primaire. Selon Cherubin Okende, député national et membre d’Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, cette vision est une stratégie pour esquiver le verdict du peuple.

M. Kasanji entend porter sa proposition jusqu’à l’Assemblée nationale mais tout d’abord il va la présenter au FCC.

Actualité.CD/acturdc.com

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