Dans le contexte actuel d’anti kabilisme primaire, des observateurs redoutent le retour à la pensée unique. Tous les gouverneurs de province sont-ils censés endosser la vision du Président de la république Félix Tshisekedi? La question fait débat sur la place publique en RD Congo. Dans le camp du pouvoir, on soutient sans le moindre euphémisme que l’adhésion des patrons des exécutifs provinciaux, à l’idéologie du Chef de l’Etat est un impératif sur lequel ces derniers ne doivent transiger. Ici, le raccourci est vite trouvé : « les gouverneurs de province sont les représentants du Président de la république dans leurs juridictions respectives » !
Cependant, cette manière simpliste de voir les choses, met très à mal à l’aise le camp opposé, pas forcément celui de l’ancien président Joseph Kabila, qui estime qu’on devrait bien faire la part des choses. Ici, l’exercice consiste à faire un distinguo net entre les deux facettes d’un Président de la république, connu à la fois comme acteur politique et homme d’Etat. Entant que politique, un Chef de l’Etat est le produit d’un parti ayant son idéologie, différente de celles des autres formations concurrentes.
Par ailleurs, le côté homme d’Etat est ce versant républicain qui veut qu’un acteur politique, une fois à la magistrature suprême, doit se délaisser des postures partisanes, pour la noble cause du pays. Malheureusement, Il se trouve que dans l’ignorance ambiante, très peu de Congolais savent faire cette différence et mélangent tout. Nombreux sont ceux qui ne savent pas quand est-ce qu’un Président de la république pose des actes en tant qu’acteur politique et à quel moment il agit comme chef de d’Etat. On devrait donc se référer ici, à la théorie des Statuts et des rôles du célèbre sociologue et psychologue français Jean Stoetzel.
LES GOUV, EMANATION DES ASSEMBLEES PROVINCIALES
Revenons à la problématique centrale, dans son contexte de la situation politique actuelle en RD Congo. Les gouverneurs de provinces doivent-ils, par enchantement, porter le brassard de l’Union sacrée que personne, au stade actuel, ne saurait dire s’il s’agit d’une idéologie ou d’un rassemblement stricto sensu, porté par le Président Félix Tshisekedi.
A priori, on ne devrait pas se perdre en conjectures. L’Union sacrée, au-delà de son dessein de rassembler tous les Congolais ayant en partage la vision politique de Félix Tshisekedi, ne doit pas cependant, se confondre avec un mouvement d’embrigadement. Si des acteurs politiques situationnistes, y trouvent l’occasion de se repositionner, ce n’est pas le cas des gouverneurs de provinces qui tirent leur légitimité de leurs organes délibérants respectifs. Dit autrement, les gouverneurs de province sont élus par les députés provinciaux, après approbation d’un programme qui n’est forcément pas celui du Gouvernement central.
Certes, en tant que patron de la territoriale dans leurs juridictions administratives, les gouverneurs ont vocation à représenter le Chef de l’Etat dans leurs provinces. Toutefois, cette représentation doit se limiter au versant républicain, c’est-à-dire la dimension étatique de l’action et non de manière partisane.
On n’est donc pas en train de vouloir dire que les gouverneurs de provinces doivent s’opposer au Chef de l’Etat ou aller à contre-courant des actions qu’il pose ès qualité. Loin s’en faut ! Si l’on trouve parmi eux, ceux qui souscrivent à la vision du Président de la république, on devrait en même temps, reconnaitre à ceux qui ont une autre perception des choses, leur liberté de pensée, d’opinion ou d’appartenance à d’autres partis politiques ayant une idéologie contraire de celle du parti présidentiel.
Ici, l’illustration en la matière est celle que nous donne la France. A Paris par exemple, le Maire de la ville est Mme Anne Hidalgo du Parti socialiste (PS), alors que le Président Emmanuel Macron est du parti » En Marche. Il en est de même de Mme Martine Aubry (PS), fille de Jacques Delors, actuellement Maire la ville de Lille, dans la région de Hauts-de-France. Que dire de l’ancien Républicain Xavier Bertrand, Président du Conseil régional des Hauts-de-France issu d’une autre famille politique qu’Emmanuel Macron ? On pourrait citer plusieurs autres exemples où l’on trouve des chefs de l’administration provinciale qui ne sont pas du bord politique du Président de la république.
LES CRAINTES D’UN RETOUR A LA PENSEE UNIQUE
Pour rester dans la situation en RD Congo, plusieurs analystes font remarquer qu’il n’y a pas d’incompatibilité de voir à la tête des provinces, des acteurs non membres de l' »Union sacrée », version Fatshi. En clair, demeurer FCC tout en étant Gouverneur n’a rien d’incompatible. Le Gouv étant l’émanation de son mandant. Au jour d’aujourd’hui, la RD Congo traverse une nouvelle période de crise de son histoire. Cette impasse a conduit à l’instabilité des institutions du pays. Disons le plutôt, de l’ordre politique issu des élections du 30 décembre 2018.
Dans cet environnement politique crispé, marqué entre autres, par un anti-kabilisme primaire, tout se dit contre la famille politique de l’ancien président congolais Joseph Kabila, que les partisans de l’administration Tshisekedi présente comme l’incarnation de tout le malheur ou de tout le mal du pays. D’ores et déjà, des analystes avertis tirent la sonnette d’alarme et redoutent cette tendance bien dangereuse, de retour à une pensée unique. Une sorte de Mobutisme sans son inspirateur, feu le maréchal Mobutu, roi-du Zaïre. Alors, Non, à la caporalisation des gouverneurs de provinces.
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