Dans une correspondance, le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, a instruit le procureur près le tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe de poursuivre toute personne faisant des « affirmations gratuites » sur la publication des conclusions du rapport sur la mort de Chérubin Okende car, indique-t-il, “les « affirmations gratuites » sont constitutives de faux bruits et sont réprimées par la loi”.
Cette décision ne passe pas auprès de quelques leaders de la société civile. Ces derniers considèrent que cela va à l’encontre de l’État de droit prôné par le chef de l’État.
« Nous pensons que le point de vue des autorités judiciaires de la République ne semble pas se marier avec les valeurs de la démocratie ainsi que les valeurs prônées par le régime en place de l’État de droit. Après avoir reçu les informations sur les faits qui ont concouru à la mort de notre compatriote, les résultats ont été publiés et ça ne peut que susciter des commentaires. La liberté d’expression est reconnue à tout Congolais par la constitution de la République aux articles 22, 23 et 24 », déclare Jonas Tshombela, coordonnateur de la Nouvelle société civile du Congo (NSCC).
Pour lui, tenter de faire taire les gens, au nom d’un principe pas très bien compris, frustre l’opinion qui pense que sa liberté d’expression et de penser sont en train d’être foulées au pied.
« Nous pensons que nous avons le droit. Un point de vue ne remet pas en question ce qui est présenté parce que ce n’est pas une décision de la justice, c’est seulement le résultat d’une enquête diligentée par la justice par souci de transparence. Nous pensons qu’il faut essayer d’équilibrer les choses dans le respect des principes de l’État de droit », ajoute Jonas Tshombela.
Carlos Mupili Kabyuma, président national du Conseil suprême de la société de la RDC, estime que critiquer les enquêtes judiciaires du pays fait partie d’un exercice de droit reconnu dans la constitution.
« L’annonce du PG menaçant de poursuivre toutes les personnes qui vont remettre en cause les conclusions des enquêtes judiciaires sur la mort de Chérubin Okende ne fait que nous étonner en tant que défenseurs des droits humains parce que nous avons cette culture ici chez nous », soutient-il, en évoquant le cas des défenseurs des droits de l’homme Floribert Chebeya et Fidèle Babala dont les décisions judiciaires ont été “contestées”.
M. Mupili Kabyuma souligne que le Président de la République a traité la justice de la RDC de malade, et cela veut dire qu’il exerce son droit reconnu dans la constitution, celui de la liberté d’expression et d’opinion. « Pourquoi n’arrête-t-on pas le président de la République au nom de la séparation des pouvoirs mais seulement on va intimider les simples citoyens si on critique les enquêtes ? », ajoute-t-il.
Décédé le 13 juillet 2023, dans son véhicule stationné le long de l’avenue Poids-Lourds, Chérubin Okende fut ministre national des Transports et membre du parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi.
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