RDC-Italie : Un an après l’assassinat de Luca Attanasio près de Goma, les enquêtes toujours pas achevées

Un an vient exactement de s’écouler ce mardi 22 février 2022 depuis que Luca Attanasio, ambassadeur d’Italie en République démocratique du Congo, a été assassiné au cours d’une attaque d’hommes armés dans l’Est du pays.

Depuis, en dépit des enquêtes amorcées par les autorités congolaises, le mystère est resté entier au sujet de ce meurtre qui avait fait 3 victimes.

Récit

Le 22 février 2021, un convoi du Programme alimentaire mondial (PAM) à bord duquel Luca Attanasio, ambassadeur italien, 43 ans, Vittorio Lacovacci, son garde du corps de 30 ans ainsi que le chauffeur congolais Mustapha Milambo, une trentaine révolue, en plus d’autres humanitaires, quitte Goma pour Rutshuru (Nord-Kivu) où il doit visiter une cantine scolaire installée pour une agence de l’ONU.

À Kibumba (non loin de Goma), aux abords du parc national des Virunga, vers 10h locales, la délégation est prise dans une embuscade tendue par 6 hommes armés inconnus. En effet, la contrée est sérieusement minée par des milices locales et étrangère, dont les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR). Dans la zone, ces groupes armés sont cités dans de récurrentes attaques contre des civils, des enlèvements et des pillages.

Malencontreusement, le diplomate italien et son équipe n’ont ni pris le soin de prendre des précautions nécessaires pour parer aux éventualités, ni informé les autorités provinciales au sujet de leur déplacement dans cette partie considérée comme l’une des plus instables du pays.

« Aucun signe ne pouvait laisser prévoir qu’une attaque allait se produire dans cette zone. Le nombre d’incidents déclarés par les populations était en baisse ces dernières semaines », avait justifié un agent de l’UNICEF à Goma.

Pris en étau et sans moyens conséquents de défense, le véhicule qui conduit Luca Attanasio essuie alors des tirs d’où le diplomate succombera de ses blessures à l’abdomen après une tentative de le ramener à la vie dans un hôpital de la MONUSCO basé à Goma. Ses 2 collaborateurs mourront également sur le lieu du drame.

Mais, lors d’un interrogatoire en janvier dernier, contrairement à la version officielle, un gang pointé du doigt dans ce triple meurtre est passé aux aveux, avouant qu’il s’était agi d’un rapt qui avait plutôt mal tourné après l’intervention de l’armée congolaise et des écogardes qui venaient d’être alertés par les bruits des tirs.

« Ils ont beaucoup regretté d’avoir perdu un million de dollars de rançon qu’ils espéraient. La mort de l’ambassadeur a fait qu’ils perdent cet argent », a révélé, en janvier dernier, le général Aba Van Ang, chef de la Police au Nord-Kivu.

Qui a tué Luca Attanasio ?

Quelques heures seulement après l’attaque, la triste nouvelle s’était répandue aussi bien au pays qu’à l’international comme une traînée de poudre, cédant ainsi la place à des spéculations diverses. Le jour même, Kinshasa avait soupçonné les rebelles FDLR actifs dans la zone d’être commanditaires de la mort du diplomate italien.

D’ailleurs, dans un message du chef de l’État lu à la Radio nationale, Félix Tshisekedi avait « condamné avec la plus grande fermeté une attaque terroriste » et demandé qu’une enquête soit menée pour identifier les auteurs et les traduire en justice ». Mais le rebelles rwandais avaient nié toute implication, accusant à leur tour la partie congolaise d’être derrière l’attaque.

Et, alors que les supputations couraient encore dans tous les sens, Zakia Seddiki, la veuve de Luca Attanasio, a soutenu la thèse d’une trahison par un proche qui connaissait les faits et les gestes de l’ambassadeur lors de ce déplacement.

« Quelqu’un qui connaissait ses déplacements a parlé, l’a vendu et l’a trahi », avait-elle estimé dans les médias.

Tant on ne pouvait pas en rester là, des enquêtes avaient vite été amorcées. D’abord par la partie congolaise ; ensuite, Luigi Di Mario, chef de la diplomatie italienne avait demandé au Programme alimentaire mondial (PAM) et à l’ONU d’éclaircir rapidement les circonstances de cette fusillade.

De son côté, Rome avait entamé d’autres démarches pour essayer d’élucider la situation. D’ailleurs, le mercredi 9 février dernier, des médias italiens ont rapporté que le parquet de Rome a mis en cause 2 agents onusiens pour négligence, imprudence et incompétence dans les enquêtes en cours. Il s’agit de l’Italien Rocco Leone et le Congolais Luguru Rwagara, tous ouevrant au PAM.

En République démocratique du Congo, par ailleurs, le mardi 18 janvier 2022 devant la presse, les services de sécurité ont présenté un groupe de criminels parmi lesquels les auteurs de la mort de Luca Attanasio. Selon le chef de la police au Nord-Kivu, ces hommes ont reconnu les faits mais que l’assassin principal, le nommé Aspirant, est resté en cavale.

« Je vous présente 3 groupes de criminels qui ont endeuillé Goma. Parmi eux, le groupe qui a attaqué le convoi de l’ambassadeur. Nous savons où se trouve Aspirant, nous espérons le retrouver », avait alors rassuré le général Aba Van Ang.

De ce jour, rien de spécial ne filtre au sujet de l’évolution des enquêtes, surtout en République démocratique du Congo. Comme par le passé, celles-ci sont souvent annoncées avec pompe avant de s’estomper. De l’avis de la plupart, les investigations risqueraient encore de ne pas aller plus loin, car dans cette partie, la responsabilité de nombreuses exactions est généralement endossée par les groupes armés.

7sur7.cd

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