À la fin des consultations qui se tiennent au Palais de la Nation, les choses ne seront plus les mêmes dans la gestion de la République. Félix Tshisekedi qui avait promis de revenir vers le peuple pour annoncer ses grandes décisions, devra rassurer que ses oreilles ont bien capté les centaines de desiderata des personnalités qui ont défilé devant lui. Mais la vision du chef de l’État ne pourra être appliquée que par une équipe gouvernementale qui soit capable de regarder dans la même direction que lui et qui partage à fond ses convictions.
Par rapport à cette optique, le Premier ministre Ilunga Ilunkamba et son gouvernement ne répondent plus à ce cliché. C’est donc sans surprise que le président Tshisekedi envisage la formation d’un « gouvernement de mission », avec un agenda d’objectifs et de résultats. Sinon, les deux semaines et demie des consultations n’auront été qu’une perte de temps et d’énergie.
On s’achemine petit à petit vers la fin des consultations initiées depuis le 2 novembre 2020 par le président de la République. En attendant son second message à la nation, comme il l’avait promis, et sans pénétrer son secret, Félix Tshisekedi formera certainement un nouveau gouvernement. Ce dernier sera un « gouvernement de mission ». Il émanera de la nouvelle configuration d’une majorité parlementaire issue de l’Union sacrée de la Nation.
C’est donc sur ces trois axes principaux – élections, gratuité de l’enseignement, eau et électricité – que tout le monde attend voir le chef de l’État concrétiser ses promesses de départ, réitérées récemment dans son message à la nation du 23 octobre 2020.
On se souviendra que dans un paragraphe significatif, le président a dit : « Je ne laisserai aucun engagement politique, de quelque nature que ce soit, primer sur mes prérogatives constitutionnelles et sur l’intérêt supérieur du peuple ». Plus loin, il a renchéri : « Je ne transigerai jamais avec les intérêts supérieurs de la nation ». Ce sera le moment favorable de matérialiser son rêve et de concrétiser véritablement le souci qui l’anime pour le peuple.
Un gouvernement à la taille des défis
Mais pour espérer relever de tels défis, il lui faut des hommes et femmes qui s’élèvent au-delà des clivages politiques et qui portent à cœur l’intérêt supérieur de la nation. C’est cela tout le sens à donner à l’annonce des consultations lorsqu’il a promis des décisions qui « n’excluront aucun cas de figure ».
Pour ce faire, le président de la République devra éviter de tomber dans des dilatoires qui lui font passer inutilement le temps, car une contrainte constitutionnelle de taille l’attend à la fin de son premier quinquennat en décembre 2023 : l’organisation des élections générales. À ce jour, personne, sauf peut-être ceux qui roulent pour leurs propres intérêts, n’acceptera un glissement comme on en a déploré en 2016 avec son prédécesseur. Les conséquences étaient telles que des Congolais ont versé de leur sang pour réclamer les élections qui ont porté Félix Tshisekedi à la tête du pays.
Aura-t-il intérêt à bâtir son pouvoir sur les tombes de ses compatriotes pour une négligence dont il serait coupable, faute de politique d’anticipation ? C’est le moment d’y penser, en formant un « gouvernement de mission » qui aura pour tâche principale : organiser les élections dans le délai prévu par la Constitution, pérenniser la gratuité de l’enseignement de base, assurer à la population la desserte en eau et en électricité.
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