Des organisations de la société civile congolaise ont désigné mardi le général John Numbi Banza Tambo, un proche de l’ancien président Joseph Kabila Kabange, comme le « suspect n°1 » dans l’assassinat, en juin 2010, du défenseur des droits humains Floribert Chebeya Bahizire et de son chauffeur, Fidèle Bazana Ebadi, alors que se poursuit à Kinshasa le procès en appel de plusieurs policiers. Ce procès a été émaillé de rebondissements, dont le dernier en date a été, jeudi dernier, le retour en République démocratique du Congo (RDC) de l’ex-major de la police nationale congolaise Paul Mwilambwe, en provenance de Belgique où il était réfugié depuis plusieurs années.
« Je rentre dans mon pays pour rétablir la vérité concernant le double meurtre de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana », a-t-il déclaré à son arrivée à Kinshasa.
Ce retour a été salué par les organisations non gouvernementales de la société civile, dans un communiqué reçu par l’agence Belga.
« Nous exprimons notre satisfaction sur le bon déroulement de ce procès qui a connu de nouveaux rebondissements avec les révélations accablantes de plusieurs policiers ayant participé au double assassinat des défenseurs des droits humains comme exécutants et qui ont décidé de délier leurs langues sur la responsabilité des uns et des autres », ajoutent les ONG réunies autour de la Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV), dont M. Chebeya était le directeur exécutif.
Nous « espérons que fort de toutes ces dépositions la justice militaire agira positivement pour que les personnes citées dans cette affaire, quels que soient leurs rangs respectifs répondent de leurs actes pour mettre fin aux régimes des intouchables » en RDC, poursuit le communiqué.
Les ONG exhortent encore la Haute Cour militaire, devant laquelle le procès se tient à la prison militaire de Ndolo, à « poursuivre le bon déroulement du procès en appel à l’issue duquel tout devra être mis en œuvre pour l’arrestation et la comparution du général John Numbi Banza Tambo, le suspect n°1 dans cet assassinat et ainsi obtenir la reprise effective du procès pour le rétablissement de la vérité ».
Elles exigent enfin la comparution du major Christian Ngoy Kenga Kenga (le chef du bataillon d’élite Simba, suspecté dans cette affaire, ndlr), qui continue à défier la justice militaire en refusant de comparaître et en s’enfermant dans sa cellule.
Floribert Chebeya avait été convoqué le 1er juin 2010 dans les locaux de la police à Kinshasa pour y rencontrer le général Numbi, l’inspecteur général de la police nationale congolaise (PNC) de l’époque, lequel nie avoir fixé ce rendez-vous. Ce proche de l’ancien président Kabila a toujours clamé son innocence.
Le corps de M. Chebeya avait été retrouvé le lendemain dans sa voiture à la périphérie de Kinshasa. Son chauffeur, Fidèle Bazana, qui l’avait accompagné à ce rendez-vous, a disparu. La justice a conclu que lui aussi avait été assassiné.
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