Comme une nouvelle macabre, l’annonce de la probabilité d’une possible réélection de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo fait jaser. Bandoulière à gauche, agenda politique à droite, la trajectoire électorale de l’actuel président congolais annonce un scénario épic qui ne pardonnera jamais. À Kinshasa, tout serait réuni pour la continuation d’un régime Tshisekedi qui a déjà fait ses preuves. Au-delà de toutes les pratiques qui parfois ne servent pas à grand chose, la question que se pose la population est celle de savoir : «Encore Tshisekedi ?»
L’interrogation a beau être claire, sa réponse divise encore la population congolaise en ce jour. Alors que les prochaines échéances électorales arrivent à grand pas, le mythe idéologique continu à jalonner la sphère politique, laissant derrière lui une marmaille pris en sandwich entre le vœu du développement et l’atténuation de la faim présente.
« Tshisekedi, son organisation et sa maillage»
Tshisekedi en RDC, c’est une institution paraétatique à part entière et le symbole d’une lutte politique. L’actuel Chef de l’État n’est plus à palier d’un casse-tête chinois à la pensée d’un rendez-vous aux urnes, d’autant plus que assis sur un fauteuil feutré mis en place par son père, le feu Étienne Tshisekedi Wa Mulumba. La liturgie politique autour de la personne physique ne laisse aucune brèche à la fuite d’hommes car fidélisés par les promesses de plus de quatres décennies aujourd’hui.
Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo veut gagner la présidentielle de 2023. Pour y parvenir, le Chef de l’État a mis en place une organisation et une maillage au-dessus de la mêlée en s’arrachant la loyauté de plusieurs leaders politiques pouvant faire le poids lors des élections. Avec Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe, Christophe Mboso, Jean-Michel Sama Lukonde, L’Eglise Kimbanguste et la jeune garde qu’il a positionné dans les hautes fonctions, l’homme de la Cité de l’Union Africaine est bien parti pour briguer un second mandat.
Le thermomètre politique congolais indique qu’il suffit d’obtenir 7 ou 8 millions de voix pour passer président de la République. Avec Jean-Pierre Bemba dans sa fourrière, Félix Tshisekedi peut s’assurer de rafler un riche électorat dans la partie Nord du pays où l’actuel Ministre de la Défense et anciens combattants est aimé, adulé, respecté et très écouté.
Par ailleurs, la présence de Vital Kamerhe, l’un des puissants leaders du Kivu dans la gestion du pays peut apaiser le magistrat suprême congolais au regard de la popularité de son ministre de l’Économie. Avec Kamerhe, c’est un Kivu pris en otage pour la cause de l’actuel régime. La course sera belle mais la messe semblerait être déjà dite en voyant l’espace Grand Kasaï qui n’a que Félix Tshisekedi comme choix électoral.
Encore Tshisekedi ?
Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo passe devant tous les autres candidats désireux d’intégrer la course pour la magistrature suprême au regard de la maillage autour de lui. Vu comme futur président à sa propre succession, Tshisekedi laisse pleuvoir cette question : « Pourquoi encore Félix Tshisekedi ?»
La gestion du pays a beau être claire, les analyses de l’opposition indiquent «un pouvoir dictatorial enveloppé dans une démagogie de démocratie». La guerre à l’Est, la montée de l’insécurité dans l’espace Grand Katanga, le kidnapping d’enfants dans l’espace Grand Kasaï, la détérioration de l’économie congolaise, la perte de valeur du franc congolais, plusieurs promesses non tenues pour plusieurs chantiers non achevés, tout cela ne laisse aucune assurance au peuple.
D’après les analystes politiques congolais, les élections de 2023 seront un moyen d’infliger des sanctions à Félix Tshisekedi et son régime, chaque acteur politique selon son ordre et son travail abattu.
Gaël Hombo