Nord-Kivu : retour au calme ce jeudi au nord de Goma au lendemain d’une journée trouble suite à un triple meurtre à Turunga (territoire de Nyiragongo)

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La majeure partie nord de la ville de Goma ainsi que le village Turunga, dans le territoire de Nyiragongo (Nord-Kivu) ont été secoués, pendant une bonne partie de la journée de mercredi 17 juillet, par des manifestations de colère des habitants qui protestaient contre le meurtre par balle, dans la nuit de mardi à mercredi, d’au moins trois personnes, membres d’une même famille à Turunga, un village du groupement Munigi, situé à la limite entre la ville de Goma et le territoire de Nyiragongo.  Lors de cet incident, deux autres personnes ont été blessées par des porteurs d’armes à feu. Dans la soirée de mercredi, quelques activités socio-économiques dont le petit commerce  et le transport en commun avaient repris. Un calme apparent s’observe, cependant, depuis le matin de ce jeudi 18 août dans la partie Nord de la ville, notamment à Katoyi, Majengo et Kilijiwe ainsi qu’à Turunga où des manifestations de colère ont été enregistrées. Boutiques, magasins, marchés et autres commerces ont ouvert normalement. La circulation est également au rendez-vous sur différents axes routiers, barricadés la veille par des manifestants en colère. 

Pendant ce temps, les membres de la famille des victimes pleurent les leurs. Sur le lieu de deuil, c’est un climat de désolation qui s’observe. La famille éplorée à Turunga déplore l’inefficacité des autorités de l’état de siège. 

« Nous en avons marre avec des cas d’insécurité ici chez nous où se trouve plusieurs porteurs d’armes. Finalement, on ne sait plus qui est qui parmi ces gens qui se promènent avec des armes. Voilà aujourd’hui un couple a été tué. La tante des enfants également. Un enfant et une voisine blessés par balle. Ces orphelins, pas moins de six, seront gardés par qui ? Si les autorités ont échoué à nous sécuriser, qu’elles nous disent, comme ça on se prend en charge », lance un membre de la famille, les larmes aux yeux.

« Nous souffrons beaucoup ici. C’est chaque jour qu’il y a crépitement des balles. On ne dort plus paisiblement. Mon voisin qui a été tué ainsi que son épouse constituaient une famille pacifique. Mais voilà que des bandits viennent de leur ôter la vie et blesser d’autres personnes. Nous avons besoin de la paix. On nous dit qu’il y a plus de sécurité dans des zones sous contrôle du M23 qu’ici. Nos autorités doivent nous sécuriser. Il ne faudrait pas nous pousser à apprécier ce que fait l’ennemi du M23 là où il contrôle. Nous avons besoin, j’insiste, de la paix et la sécurité » a lâché une vieille maman. 

Plusieurs sources confirment, par ailleurs, la mort par balle d’un manifestant, lors de la répression, par la police, de la manifestation de mercredi. 

Le député provincial, élu de Nyiragongo, Julio Makeusa qui l’affirme lorsqu’il  s’est rendu sur le lieu de deuil pour s’enquérir de la situation invite également les autorités de l’état de siège à s’assumer. 

« Nous sommes tellement consternés par ce qui s’est passé à Turunga. Nous n’avons pas deux choses à demander. Aux autorités de l’état de siège de démissionner, parce qu’elles ont vraiment failli à leur mission. Si ce n’est pas le cas, que le pouvoir de Kinshasa lève cette mesure exceptionnelle. Il faut que les civils retournent au pouvoir pour l’administration et que les militaires se chargent des opérations militaires et surtout de la sécurité des personnes et de leurs biens. Comment comprendre que trois personnes d’une même famille peuvent être tuées sans qu’il y ait une quelconque intervention ? Comment comprendre aussi qu’un jeune manifestant, qui réclame la sécurité, soit tué par un élément censé le sécuriser ? », s’est interrogé cet élu de Nyiragongo. 

Et à cet autre élu de Nyiragongo, Olivier Kakoti, également rapporteur de l’assemblée provinciale du Nord-Kivu de relativiser :

« Il est vrai que c’est chaque jour qu’on tue à Nyiragongo. Il suffit de se croiser avec un homme en armes, c’est l’argent qui est extorqué, c’est le téléphone qui est ravi, c’est même le meurtre par balle qui s’en suit. Ça tire presque chaque jour et chaque nuit à Nyiragongo. Tout ce que nous demandons, c’est aux autorités de l’état de siège de voir comment recadrer les tirs. La population en a marre et elle a beaucoup plus besoin de la sécurité. À Nyiragongo, nous avons des milliers de déplacés. Ces gens doivent rentrer chez eux. Nous encourageons donc le Président de la République, la Première ministre et tout son gouvernement, les autorités provinciales et territoriales de l’état de siège à rétablir la paix et la sécurité dans l’Est du pays. C’est possible et il faut que toutes les batteries soient mises en marche », a dit à ACTUALITE.CD, le rapporteur de l’organe délibérant du Nord-Kivu. 

Signalons que des cas d’insécurité ne cessent d’être rapportés, ces derniers jours, dans le territoire de Nyiragongo ainsi que dans la ville de Goma. Selon plusieurs analystes, la recrudescence de l’insécurité à Goma et dans la partie Sud du territoire de Nyiragongo est due, notamment, à l’arrivée massive, dans ces entités, des déplacés de la guerre du M23.

Des cadres de base, des acteurs de la société civile ainsi que des chefs des sites des déplacés de guerre de la coalition M23/RDF, ont toujours dénoncé la circulation incontrôlée des armes à feu dans et autour des camps des déplacés, ce qui serait à  la base de cette recrudescence de l’insécurité. 

/actualité.cd

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