Mutation de l’Union sacrée en plateforme électorale : le dilemme de Félix Tshisekedi

Depuis quelques jours, les trois chefs de corps, Mboso, Bahati et Sama s’activent pour finaliser la mutation de l’Union sacrée en plateforme électorale. Le chef de l’État congolais qui avait gagé à Goma qu’il aurait son deuxième mandat et que personne ne pouvait le lui interdire, était le premier à annoncer sa candidature. Mais candidat sous les couleurs d’un parti ou d’un grand regroupement politique, voilà la question qui divise l’Udps et ses alliés.

Tshisekedi est tiraillé entre son parti – Udps et ses alliés. Tout le monde veut le voir compétir à la magistrature suprême sous sa bannière. Là, les complications se corsent et l’unité du bloc Tshisekedi risque de se fragmenter. De l’avis du trio Mboso-Bahati-Sama, il est mieux que le président concourt sous la tunique Union sacrée pour avoir la chance de gagner que d’être le candidat d’un seul parti politique. “Plusieurs forces politiques et sociales vont se reconnaître en lui et il y aura plusieurs relais dans le Congo profond”, soutiennent quelques têtes pensantes de la majorité au pouvoir. Les anciens kabilistes tirent la leçon en référence à leur ancien boss. Eux-mêmes avaient battu campagne pour Joseph Kabila en 2006 et 2011. Sur la question, ils s’étaient opposés à l’ancien parti présidentiel – PPRD. Au finish, les Bahati et Mboso avaient entraîné Kabila d’aller en indépendant. Douze ans après, les mêmes assoiffés du pouvoir sortent de tiroir leur fameux schéma et pressent Tshisekedi d’y adhérer. Même si le président n’a encore pipé mot, mais son parti dit niet sans crier.

Le veto de l’Udps à l’Union sacrée, plateforme électorale

Au quartier général de l’Udps à Limete, la volonté du trio à dicter la marche à suivre au parti présidentiel ne passe pas. Deux raisons sont évoquées pour battre en brèche cet argumentaire. Premièrement, l’Udps se prépare à fond à avoir la majorité parlementaire. L’ancienne feuille de route de la commission électorale du parti a été actualisée. Des délégués envoyés par la direction du parti sont descendus en province pour installer les équipes de campagne. Elles sont chargées de suivre l’évolution de la situation sur le terrain et remonter toutes les informations à la centrale à Kinshasa. En plus, les mobilisateurs abattent un travail de fourmi. Ils font le porte-à-porte. Avec une telle détermination, le parti présidentiel ne se voit pas cédé au folklore de Mboso et Bahati. Deuxièmement, l’Udps considère que l’Union sacrée, plateforme électorale, devra mourir après les élections. Et puis si elle doit être muée, il faudra régulariser sa mutation au ministère de l’Intérieur. Un exercice que Kabuya ne souhaiterait pas, explique un membre de l’exécutif du parti. Bref, le SG du parti au pouvoir se met dans la logique où sa formation politique a déjà proclamé Tshisekedi, comme son candidat à la présidentielle, les alliés ne peuvent que se joindre au mouvement.

Outre la stratégie, l’Udps évoque les inconvénients de la plateforme électorale. Il faudra envisager une coalition aux législatives nationales et provinciales. Une thèse d’avance rejetée à Limete. Dans ce scénario, les candidats de différents partis membres de la plateforme devront s’effacer au profit de ceux présumés solidement implantés dans un coin donné. Ce qui n’arrangerait pas la direction du parti qui souhaite aligner ses 500 candidats. De l’avis des cadres de premier rang du parti présidentiel, l’Union sacrée, plateforme politique, existera même après les élections. Elle sera un regroupement de gestion de la chose publique comme le FCC. En ce moment-là, chaque parti ou regroupement politique amènera ce qu’il aura obtenu aux élections. Le partage de responsabilité se fera ainsi sur base du poids politique.

Le forcing des petits partis politiques

Les partis ou regroupements politiques à faible encrage ou en déficit de moyens seront butés à deux problèmes, à savoir obtenir le seuil de recevabilité avant les scrutins et surtout le seuil de représentativité après le vote. L’article 23 al 2 de la loi électorale oblige aux partis et regroupements politiques d’aligner 300 candidats, soit 60 % du nombre total d’élus composant la Chambre basse du Parlement (500 députés nationaux). Conséquence, il faudra payer s’il faut prendre 1.000.000 de franc congolais par candidat, 260 millions de Francs de caution pour les 300 candidats aux législatives nationales, soit 130 mille dollars au taux du jour actuellement avec la dépréciation du franc congolais, soit 500 dollars par député.

Après le vote, interviendra le seuil de représentativité. Chaque parti ou regroupement politique doit avoir un 1 % de l’ensemble des suffrages valablement exprimés à la députation nationale et 3 % à la députation provinciale pour voir ses listes déclarées éligibles. Selon Augustin Ntaitunda, expert en matière électorale au sein l’ONG américaine Freedom House, pour bénéficier de l’attribution des sièges, il faudra atteindre ou dépasser ce seuil. Pour comprendre le seuil de représentativité de 1 %, il faut considérer ces partis qui sont appelés à recueillir au moins 1 % de suffrage au niveau national pour être autorisés à siéger. Partant de ce paramètre, l’Udps pense que d’autres alliés veulent s’accrocher à l’idée de l’Union sacrée, plateforme électorale, pour ne pas être coincé par la loi électorale. Schéma qui a du mal à être approuvé aujourd’hui à Limete.

Le dilemme de Tshisekedi

Ballotté par les deux tendances, le chef de l’État devra trancher. En attendant sa décision, le camp du trio Mboso-Bahati-Sama semble trop pousser pour avoir gain de cause. Le chef, lui, se mure dans un silence absolu. Au moment opportun, il se prononcera, explique un de ses plus proches collaborateurs interrogé par Ouragan. Il est prématuré qu’il prenne position présentement. Il laisse les choses se clarifier, mais un consensus entre les deux camps n’est pas à exclure de lors que Kabuya et le trio siège dans l’organe décisionnel de la plateforme. La charte est presque finalisée. Reste à savoir si l’Union sacrée sera une plateforme électorale ou une plateforme politique. Autre son de cloche parvenu à Ouragan, le président de la République pourrait se présenter en indépendant pour fédérer toutes les forces politiques et sociales, même celles n’appartenant pas aussi à l’Union sacrée. Une hypothèse encouragée par la société civile acquise à sa cause, mais qui ne dérangerait pas non plus le camp Mboso-Bahati-Sama./mediascongo.net

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