Le mouvement citoyen Lucha a mis en garde jeudi contre le risque d’une « crise majeure » en République démocratique du Congo (RDC), après la promulgation d’une loi qui « consacre la politisation », selon elle, de la stratégique commission électorale. Selon une annonce faite en début de semaine par la télévision d’État, la loi sur la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a été promulguée par le président Félix Tshisekedi. M. Tshisekedi a déjà exprimé son intention de se représenter à la prochaine présidentielle, prévue fin 2023.
« Aujourd’hui l’avenir paraît incertain, les risques d’une crise majeure ne sont pas écartés » après « la promulgation d’une loi sur la Céni qui consacre la politisation de cette institution d’appui à la démocratie », a déclaré Bienvenu Matumo, leader du mouvement Lucha (Lutte pour le changement) dans une conférence de presse.
En vertu de la nouvelle loi, le nombre de membres de la Céni est passé de treize à « quinze dont cinq désignés par la société civile, six par la majorité et quatre par l’opposition ».
En RDC, les huit confessions religieuses (officiellement reconnues) désignent le président de la Céni. Ce choix doit ensuite être entériné par l’Assemblée nationale, avant la nomination officielle par le chef de l’État.
Le choix d’un successeur au président sortant de la Céni, Corneille Nangaa, avait provoqué en 2020 de graves tensions, émaillées de violences qui ont fait au moins six morts.
La Conférence épiscopale (Cenco) et l’Église du Christ au Congo (ECC, principale fédération protestante) avaient mis leur veto après la désignation par les représentants des autres religions de Ronsard Malonda, cadre de la Céni sortante, accusée d’avoir « fabriqué » les résultats des scrutins présidentiel et législatif de 2018 qui ont porté M. Tshisekedi au pouvoir.
En avril, les confessions religieuses avaient estimé que l’enjeu majeur de la nouvelle réforme était « la minimisation de l’influence politique sur la centrale électorale ». Pour les religieux, « il convient d’éviter à tout prix un bureau contrôlé par une famille politique ». Relancé depuis mars, avec l’appel à candidatures, le processus de nomination du nouveau président de la Céni et de son équipe n’a pas encore abouti.
Le mouvement Lucha a appelé à l’organisation « dans les délais d’élections libres, inclusives, crédibles et transparentes avec une Céni fortement dépolitisée ».
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