Selon une étude chinoise, les personnes du groupe sanguin O sont mieux immunisées que les autres contre le Covid-19. Une inégalité que des chercheurs français expliquent par l’action des anti-corps au moment de l’infection.
Une étude menée par des chercheurs de l’Université de Shenzhen, en Chine, fait beaucoup parler d’elle. Publiée dans la revue médicale MedRxiv, elle conclut que les personnes du groupe O ont 33% de risque en moins d’être touchées par le Covid-19. Un résultat obtenu d’après les statistiques collectées sur un échantillon de 2100 personnes infectées par le virus, issues de trois hôpitaux de Wuhan et Shenzhen. Parmi ces personnes, 10% étaient décédées. Les chercheurs chinois ont ensuite comparés avec 3700 habitants de Wuhan non infectés.
Les personnes du groupe sanguin A ont un risque significativement plus élevé d’être atteints par le Covid-19 alors que les personnes du groupe sanguin O ont un risque moins élevé, ont constaté ces chercheurs. En revanche, le sexe ou l’âge d’une personne n’ont aucune incidence. L’étude ne dit rien des personnes du groupe sanguin B, probablement à cause de la taille trop petite de l’échantillon.
Ces résultats n’étonnent guère Jacques Le Pendu, directeur de recherche à l’INSERM au laboratoire de recherche en cancérologie et immunologie Nantes-Angers (INSERM-Université de Nantes). « Ce n’est pas étonnant. Nous avions trouvé la même chose en 2003 pour le SARS sur une épidémie à Hong-Kong », commente-t-il.
Une personne de groupe O aura des anticorps Anti A et Anti B et pourra détruire le virus plus rapidement
L’équipe de l’INSERM avait déjà mis en évidence le lien entre le groupe sanguin et le SARS-CoV, virus à l’origine de l’épidémie de 2003. Les chercheurs s’étaient penchés sur les mécanismes qui pouvaient l’expliquer.
Leur étude, publiée dans Glycobiology, observe le rôle des anticorps au moment de l’infection. Elle montre que les personnes du groupe sanguin O bénéficient d’une sorte de double protection : elles produisent des anti-corps Anti A et Anti B, alors que les personnes du groupe A ne produisent que des anticorps Anti B et les personnes du groupe B, seulement des anti-corps Anti A. « Lorsqu’un virus est produit par une personne de groupe A, il va avoir la marque de ce groupe sanguin sur lui, la A et de la même manière pour une personne du groupe B. Une personne de groupe O, elle, aura des anticorps Anti A et Anti B et pourra détruire le virus plus rapidement », précise Jacques Le Pendu.
Le SARS-CoV, responsable de l’épidémie de 2003, étant un type de coronavirus proche du virus actuel, le Covid-19, il est vraisemblable que les mêmes mécanismes soient à l’oeuvre. Néanmoins, l’étude chinoise est une pré-publication dont la fiabilité nécessiterait des travaux supplémentaires pour être consolidée. Il n’y a pas encore de consensus scientifique permettant d’affirmer que les personnes du groupe sanguin O sont moins susceptibles d’être contaminées que les autres.
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