Le duel Président élu vs Président réel bat son plein en République démocratique du Congo. Martin Fayulu, qui se considère toujours être l’élu des dernières élections à la place de Félix Tshisekedi, ne décolère pas. Dans une conférence de presse lundi à Kinshasa, l’opposant congolais s’est encore attaqué à son rival, mais avec des propos qui sont loin d’être véridiques.
« Je n’ai pas commencé la politique aujourd’hui. Quand, j’ai commencé la politique, Félix Tshisekedi était encore à l’école secondaire. Je n’ai jamais vu Étienne Tshisekedi faire des négociations secrètes avec des politiciens. Je connais E. Tshisekedi depuis 1990. Il nous a appris à aimer ce pays », a-t-il déclaré devant la presse.
Problème: Martin Fayulu a effectivement “commencé” en politique dans les années 1990. Il fut donc président du Forum pour la démocratie et le développement (FDD), membre de “l’Union sacrée de l’opposition”, une coalition centrée autour d’Etienne Tshisekedi, père de Félix Tshisekedi, face au dictateur Mobutu. Mais Fayulu ne tiendra que trois ans avant de rentrer dans les affaires, ne prenant sa retraite qu’en 2003 au poste de Directeur général d’ExxonMobil Éthiopie. Il réapparaît en 2006 aux élections.
Par ailleurs, en 1990, Félix Tshisekedi n’était pas à “l’école secondaire” comme l’affirme Fayulu. L’actuel président avait 27 ans. En outre, il était déjà engagé aux côtés de son père, à la création même de l’UDPS.
En effet, Félix Tshisekedi se fait particulièrement remarqué le 16 février 1991. Ce jour-là, son père, Etienne Tshisekedi arrive à l’aéroport de Zaventem à Bruxelles où il doit prendre un avion de ligne portugaise pour le Zaïre. Le leader de l’opposition est attendu à Kinshasa, où ses partisans bravent l’immense dictateur Mobutu. Mais l’ancienne puissance coloniale l’empêche finalement d’embarquer, prétextant un problème administratif : Tshisekedi vivrait à Bruxelles en situation irrégulière.
Soudain, une bagarre exclame. Un jeune-homme est au premier plan, il a du sang sur sa chemise. Il s’agit de Félix, le fils du Sphinx. Il aurait, tantôt tenté d’apaiser la tension entre des policiers belge et ses camarades partisans de son père; tantôt lui-même essayant de se défaire des matraques de la police bruxelloise. Derrière cette scène ubuesque, le symbole d’une lutte, de père en fils, souvent victimes de multiples voltes-faces des autorités belges.
Trésor Trecha/acturdc.com